Chapitre 27 : Entre pleurs et joie

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Il fallut une bonne vingtaine de minutes pour que Sara se remette de ses émotions. Ses yeux étaient bouffis et rougeâtres, et un hoquet de pleur lui échappait par moment. Assise contre un lit à édredon, je contemplai sa chambre remplit d'accessoires en métal et en aluminium qui me faisait penser à une usine. Des tas de férails s'amassaient dans un box en bois, et des outils pendaient aux murs. Marteau, pinces, scie, tourne-vis, mèches ... Sara pouvait construire un avion dans sa chambre.

Je n'aurais jamais pensé que ... que ce connard soit de retour, hoquetait-elle sans que des larmes coulent sur ses joues.

Mais, je sentais que son insulte n'était pas sincère. Connor avait raison, Sara était toujours éprise et elle se détestait pour ça.

Connor et toi partagiez plus que des pouvoirs en commun, pas vrai ?

— Nous étions amis d'enfance, m'expliqua-t-elle. Mes parents ne voulaient pas que je sorte quand j'étais petite, alors je m'échappais par la fenêtre avec des cordes pour fuir dans ma cabane secrète. C'est là-bas que j'ai créé mes premières créations, des statuettes en métal poli. Je les adorais, si tu savais. Elles semblaient si vivantes, si réelles ... mais, mes parents les trouvaient ridicules. « En quoi est-ce que des statuettes pourraient être utiles à Zeus ? » me répèteraient-ils constamment. À force, j'ai fini par les abandonner. Je continuai de créer bien sûr, mais seulement pour moi. Jusqu'à ce qu'un garçon aux cheveux en pétard découvre ma cabane et mes œuvres.

Un sourire étira ses lèvres, comme si elle se souvenait dans les moindres détails cette rencontre.

Il s'était planté devant une statuette noire charbon, un homme qui hurlait de rage avec un marteau en main. C'était ma vision d'Hephaistos, la façon dont je me voyais. Une pauvre folle, génie incompris, qui criait sa haine contre le monde entier. Et lorsque le garçon a sorti brusquement « c'est moi », tu n'imagines pas ce que j'ai ressenti.

Sara se leva brusquement de la chaise sur laquelle elle était assise, ou affalée plutôt, pour s'arrêter devant une armoire en fer cadenassée et attachée par de nombreuses chaînes. Elle toucha du bout des doigts le cadenas qui s'écrasa au sol dans un bruit assourdissant. Puis, après un lourd silence, elle en sortit un marteau immense qui semblait peser presque une tonne. Des reliefs or et sang formaient des inscriptions indéchiffrables sur le manche. La tête, trapue et faites d'acier massif, était d'un noir profond qui brillait tant qu'on pouvait presque s'y voir comme dans un miroir. Une puissance magique colossale en émanait, exactement comme la lance de Connor.

C'est une arme divine, affirmai-je en étudiant l'objet plus attentivement.

Le marteau d'Hephaistos capable de créer les plus puissantes armes au monde, mais pas seulement. Je pourrais faire trembler la terre d'un violent coup sur le sol si je le voulais. Pourtant, je ne m'en suis jamais servi comme moyen de défense.

Comment se fait-il qu'elle ne soit pas sur l'Olympe, là où toutes les autres sont en sécurité ?

— Il me tuerait pour ce que je m'apprête à te dire, murmura-t-elle en proie à la peur. Mais, j'en ai assez de suivre les ordres, d'être prisonnière. Je veux être libre, Ambre et je suis certaine que tu es la clé de tout ça.

Son carré noir embellissait sa peau laiteuse et ses yeux noirs. Je n'avais jamais trouvé Sara jolie comparé à Céleste ou Livia qui captait toute l'attention, mais aujourd'hui c'était différent. La femme qui se trouvait devant moi était forte, resplendissante, et je voulais être comme elle.

Les armes divines ne sont plus sur l'Olympe. Vlad les a récupérées avant que les Protecteurs ne tentent de mettre la main sur la clé. Il savait ce qu'il se tramait.

GOD'S RETURN 2Where stories live. Discover now