[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'Oracle

Chapitre 6

La mère ne bougeait pas. La mère ne pouvait pas bouger, coincée sur cette planète. Mais elle pouvait sentir ses enfants aux quatre coins de l'Univers. Femelles et mâles, elle voyait par leurs yeux. Ses enfants adorés, ses enfants obéissants.

Elle dormait, comme souvent, perdue dans les milliers d'esprits de sa progéniture. Même assoupie, sa conscience veillait. Soudain, l'un de ses enfants attira son attention. Pauvre enfant, isolé depuis longtemps, si tourmenté par la faim, par la rage, qu'il en était devenu presque fou. Elle ne pouvait rien pour lui, aussi elle ne le visitait plus souvent. Mais aujourd'hui, quelque chose avait retenu son intérêt. Une envie intense, incontrôlable, face à une proie si tentante.

Son enfant à lui.

Fureur et jalousie jaillirent en elle, et sa haine fit bondir le mâle. Elle hurla, et le mâle lui répondit en retour. Dépit, jalousie. La mère ne se contrôlait plus. Elle voulait la mort de ce rejeton maudit.

Combien en avait-elle déjà tué ? Mais il en revenait encore. Il en revenait toujours. Le mâle le pourchassait, et elle exultait, attendant avec impatience le moment où ses crocs s'enfonceraient dans sa chair, absorbant l'espace d'un maigre instant la délicieuse substance qu'elle adorait. Elle continuait d'en vouloir, d'essayer. Encore, et encore, mais le Don la désertait immanquablement.

Si seulement elle pouvait en conserver un peu, juste assez, elle pourrait quitter cette planète maudite et se venger de ses mains. Oui, c'était ce qu'elle ferait si elle le pouvait. Oui, elle tâchait de s'en persuader, elle le tuerait.

La douleur poignarda la mère par surprise, tandis que s'éteignait son mâle solitaire. Elle hurla, seule sur sa planète lointaine, lavant sa tristesse de ses larmes. Dans l'œil mourant de l'albinos, elle le vit, là-haut. Si proche. Si loin. Imperturbable. Elle se griffa, folle de douleur. Son cœur, déjà malmené par les siècles, s'éteignit encore un peu plus. Comment osait-il !

La souffrance du mâle persistait, la brûlant comme un fer porté au rouge. Elle était leur mère, ils étaient ses enfants. Elle était la tête, ils étaient le bras armé. Sa volonté avait force de loi, et cela était juste. Elle avait tout sacrifié pour eux.

Sa vision se brouilla et elle eut soudain la tête en feu. Elle hurla sans que personne ne l'entende. Son corps fatigué se recroquevilla dans le trou qui l'abritait. Épuisée, elle fuit cette chair meurtrie, réfugiant sa conscience dans celle de ses enfants.

Ils étaient tout ce qui lui restait, aussi précieux que des trésors. Aussi précieux que sa vie elle-même. Grâce à elle, ses filles et fils avaient grandi et prospéré. Ils s'étaient arrachés à cette terre de misère et parcouraient aisément l'Univers, plus puissants, plus libres que quiconque. Plus libres que jamais.

Elle contempla son antre, ses murs de terre, son sol inégal et blanchi. Un tremblement la parcourut. Elle étouffait. Elle se traîna jusqu'à la sortie. La nuit était tombée, et elle leva ses yeux vers le ciel.

Depuis combien de temps était-elle prisonnière ici ? Elle n'en avait plus aucune idée. Le temps passait différemment pour ses enfants. Ils vivaient pour la chasse, pour l'instant présent. Mais elle, depuis combien de temps attendait-elle qu'on vienne la chercher ?

✨✨✨✨✨

Aaaaah, la Mère.

Je la déteste autant que je la plains.

J'avoue, j'ai adoré créer ce ... personnage ? monstre ? entité ? ... ? (Tu verras bien, non mais je ne vais pas tout te raconter ! 😜)

Il te reste approximativement... 500 pages de livre avant de savoir 😁😈

Mouhahaha, même si tu me corromps à coup de cookies au chocolat, je ne parlerai pas 😝🤣

✨✨✨✨✨