[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'Oracle

Chapitre 1-2

Le féron jappa, et la jeune femme le serra un instant dans ses bras avant de se relever. Elle chassa l'image d'Arutha, blessé et inconscient, la repoussant au fond d'elle-même. Elle rejeta la peur, et cette tristesse brûlante qui l'avait envahie. Elle savait ce qu'il adviendrait de la ville si les Errants l'atteignaient. Et elle avait beau ne plus demeurer au refuge, elle ne pouvait pas oublier ce que cela faisait de vivre là-bas. La peur face à ces monstres lorsqu'ils apparaissaient sans crier gare, ce sentiment de faiblesse, d'impuissance.

Son regard se durcit. Elle pleurerait plus tard. Son cœur battait toujours, son sang courait dans ses veines, charriant le Don qu'Arutha lui avait appris à exploiter. Rien ne l'empêchait de se battre, sauf la peur de l'échec. Ce qui avait retenu son maître des siècles durant. Elle avait juré de ne pas faire comme lui, de ne pas attendre sans agir. Elle se leva, et vérifia ses armes. Elle n'était pas celle qui ferait basculer l'issue de la Longue Guerre, mais elle pouvait peut-être sauver ses amis.

Pour l'instant, il lui fallait trouver Elio. Elle se redressa et commença à courir, pour s'arrêter net lorsqu'Hairi se mit à la suivre. Elle l'attrapa par le cou et posa son front contre le sien avant de redresser la tête.

— Je ne peux pas t'emmener. C'est trop dangereux.

Comme s'il comprenait ses paroles, les contours d'Hairi devinrent flous. L'animal fondait sous ses yeux. En quelques instants, une créature qui évoquait une sorte de long ruban noir se tortillait sur le sol. Était-ce là sa véritable apparence ? Fascinée, Lianne tendit la main. Avant qu'elle ait pu le toucher, l'étrange serpent grimpa sur sa jambe, puis se faufila sous sa veste pour s'enrouler prestement autour de son ventre. Elle resta interdite. Elle pouvait sentir son corps, chaud et velouté, l'enserrer délicatement. La jeune femme devina à son aisance que ce n'était pas la première fois qu'il voyageait ainsi.

— Tu as peur qu'on t'abandonne, murmura-t-elle.

Elle porta la main à son estomac, sentant l'animal qui se cachait, invisible sous le haut de son uniforme. Il ne la gênait pas vraiment pour bouger, et elle se voyait mal le forcer à la lâcher. Quelque part, sa chaude présence la réconfortait autant qu'elle-même semblait rassurer l'altera.

Elle releva la tête et vit Achéon et Palie qui l'attendaient à quelques mètres de distance. Si la transformation du féron les avait surpris, ils ne le montraient pas. La reconnaissance qu'elle ressentait à les voir là, malgré les épreuves et la disparition de leur général, lui emplit le cœur d'une douce chaleur. Elle porta une main à ses yeux pour essuyer une larme qu'elle se refusait à faire couler, et se retourna.

Sur la crête, la troupe s'était déjà mise en marche. Silencieux mais efficaces, les gardes étaient concentrés sur la tâche à accomplir, conscients des enjeux. Où était Elio ?

Elle courut jusqu'à l'avant de la colonne qui s'était formée. Achéon et Palie la suivaient sans poser de question. Chacun leur tour, ils la soutenaient d'une main sur son épaule pour palier le Don qui lui faisait pour l'instant défaut.

Ils rejoignirent rapidement le roi qui organisait le départ hâtif. Vingt Syyrs, une trentaine de gardes ocre et six apprentis s'étaient séparés en trois équipes, qui se relayaient pour dégager le chemin devant les canons. Afin d'alléger au maximum les machines, les gardes ocre avaient dû descendre pour se mettre à courir avec eux. Sans le Don, leur endurance était mise à rude épreuve. Les apprentis cavalaient à leurs côtés, apportant le soutien qu'ils pouvaient à ceux qui faiblissaient. Tous, ils fonçaient vers Eruvia, espérant arriver à temps. Lianne se porta devant Elio et lui barra le passage.

— Laissez-moi me battre, implora-t-elle.

Le roi s'arrêta, stupéfait du changement chez la jeune femme. Il était soulagé qu'elle soit sortie de son apathie, cependant ce qu'elle réclamait était imprudent.

— J'ai promis à ton maître de te garder loin des combats.

Lianne serra les poings.

— Quelle importance, si nous ne survivons pas à la journée ?

Elio grinça des dents. Il savait que la jeune femme avait raison. Si elle venait à mourir, sa promesse n'aurait plus de sens. Le roi passa une main dans ses cheveux. Il laissa l'idée tourner en boucle dans sa tête, analysant les risques. La force de Lianne pouvait servir, mais il ne fallait pas qu'elle utilise sa projection : si par miracle ils survivaient, il ne pourrait jamais empêcher ses hommes de répandre la nouvelle, informant peut-être l'empereur de comment former plus de guerriers d'élites tels que ses fils.

Dans le même temps, sans Arutha, il semblait impossible qu'un autre garde réussisse l'éclosion. Elio ne pouvait pas risquer de laisser un tel avantage à leur ennemi. Ils avaient trop à perdre et trop peu à gagner. Mieux valait disparaître ici. Au moins, et même si cette pensée lui était amère, cela laisserait-il une chance à son cousin de sauver le Royaume.

Il observa un moment les grands yeux qui le fixaient.

— Promets-moi de ne pas te laisser « emporter », déclara-t-il enfin. Pas en public.

— Si je n'ai pas le choix, je le ferai.

Elio secoua la tête.

— Non, asséna-t-il, catégorique. Promets-le-moi.

Lentement, la jeune femme acquiesça.

— Dis-le, commanda le roi.

Lianne regarda longuement le monarque. Que lui importait la survie du Royaume si elle devait y perdre tous ceux qu'elle aimait ? Pourtant, au fond d'elle-même, elle savait qu'elle n'avait pas le choix.

— Je vous le jure.

La promesse lui arrachait la gorge, mais elle la respecterait.

— Très bien.

D'un geste rapide, Elio sortit la clef de sa veste et la glissa dans les entraves de la jeune femme. Les deux cercles dorés tombèrent à terre dans un bruit mat. Lianne frotta ses poignets. Sans un mot, elle partit en courant dans la direction d'Eruvia. Elio la regarda partir, espérant ne pas avoir fait la plus grosse erreur de son court règne. Serait-elle capable de se retenir ?

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J'adore Hairi 😍

Je crois que c'est mon personnage préféré 😋

Et toi, c'est qui ?

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