Chapitre 1-1

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Pira

La navette impériale s'éleva alors que le soleil pointait déjà à l'horizon. Le soulagement envahit Elio. Le jeune roi commençait à croire qu'ils survivraient à cette journée. Soudain, des cris résonnèrent dans le silence de la plaine désolée. Son sang se glaça. Astre leva son bras pour lui indiquer une direction, mais il n'avait pas besoin de son aide pour en trouver l'origine : des bois émergeait une véritable marée de créatures noires, armées de griffes et de crocs.

Un cauchemar.

Les bêtes hurlèrent à l'unisson et trois femelles jaillirent à leur suite. Une sueur glacée perla sur la peau du jeune roi. Le cœur battant, il bénit les Dieux qu'ils soient en sécurité en haut de la falaise. Jamais ces monstres ne pourraient les atteindre ici. Eux, par contre, pourraient s'en donner à cœur joie. Il ordonna aux gardes ocre de charger les lasers. Les guerriers obéirent, jetant des regards anxieux en contrebas. Que faisaient tant d'Errants réunis ici ?

Repoussant les questions à plus tard, Elio organisa les troupes. Les Syyrs du mouvement pourraient se battre de loin, même si leurs coups seraient amoindris par la distance. Les autres devraient se contenter d'attendre, et de soutenir les combattants. Si des Errants parvenaient tant bien que mal au sommet de la falaise, ils pourraient les tuer.

Il regarda la plaine, noircie par les formes mouvantes des bêtes. Après l'empereur et ses fils, maintenant ça ! Combien y en avait-il massés ici ? Cent ? Deux-cents ? Et trois femelles... Celles-là, ils n'arriveraient pas à les abattre de loin avec les armes qu'ils avaient emmenées.

La meute se mit en branle à l'unisson. Les pattes monstrueuses arrachèrent la terre, propulsant les bêtes à toute vitesse. Contre toute attente, elles ne se dirigèrent pas vers eux. À ses côtés, Astre jura. Elio maudit ces monstres, maudit les Dieux. Qu'avait-il fait pour que le sort s'acharne ainsi sur lui ? D'un même élan, les bêtes se dirigeaient vers l'Est. En direction d'Eruvia.

La course reprenait.

Il fallait prendre les bêtes de vitesse. Elio réfléchit à toute allure. Les hommes étaient épuisés. La course jusqu'à la falaise, l'angoisse de combattre l'empereur et ses fils, la nervosité rémanente avaient grandement entamé leurs réserves. Pourtant, il ne pouvait les laisser se reposer.

— Astre, ordonna-t-il. Prends les hommes les plus rapides. Courez. Fais sonner l'alarme, que les Piriens se replient ou se cachent. Abandonne l'académie, nous ne la tiendrons pas. Il faut les arrêter dans le centre-ville. Les habitations nous aideront à les ralentir. File ! Nous vous rattraperons le plus vite possible.

Sans même saluer, le chef de la garde courut vers les gardes, en appelant plusieurs par leurs noms. En quelques secondes, trente Syyrs s'élançaient en direction de la dernière ville de Pira. Elio ne perdit pas de temps à les regarder partir, il organisa directement les hommes restants en équipes, chargées de faire avancer les canons le plus vite possible. Le travail serait facilité par les traces laissées à l'aller, mais il faudrait redoubler d'efforts pour arriver avant les Errants.

Le roi se tourna vers Lianne. Elle était accroupie, immobile au bord de la falaise, les bras serrés autour de l'altera. Les doigts d'Elio s'égarèrent sur sa poitrine, tâtant au travers de son uniforme la clé des entraves de la jeune femme. Sa puissance leur serait utile, mais pouvait-il la libérer ? Devait-il laisser tant de Syyrs être témoins de ce qu'elle savait faire ? Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, puis soupira. Pour Arutha, il avait accepté de la garder loin des combats, en sécurité. Le moins qu'il put faire était de tout mettre en œuvre pour tenir sa promesse.

Derrière Lianne, Achéon et Palie restaient en retrait, observant la jeune femme d'un air grave. Elio s'éloigna, laissant la jeune femme en compagnie des deux soldats. Achéon s'approcha, leva une main vers l'épaule de Lianne, puis la laissa retomber sans oser toucher l'apprentie. La disparition d'Arutha l'avait laissée perdue, hébétée. Elle était échouée sur un rivage abandonné, sans boussole aucune pour la guider. Le cœur serré, elle revoyait son maître enlevé, sanglant et inconscient. Peur et culpabilité l'étreignaient, la glaçant jusqu'au plus profond de son être.

Soudain, une douleur aiguë la sortit de ses sombres pensées.

— Aïe !

Elle regarda au sol, choquée. Hairi l'avait mordue au mollet. Le féron la fixait de son regard perçant. Il inclina la tête, comme s'il voulait lui parler. Elle se pencha vers lui et plongea ses mains dans la douce fourrure de son cou.

— Tu as raison, Hairi, répondit-elle à sa prière muette. Comment pourrais-je abandonner ?

Si Arutha était vivant, il se battrait. Elle fixa le féron dans les yeux, partageant la même angoisse, et eut un pauvre sourire.

— Imagine sa tête s'il apprenait qu'on avait baissé les bras dès qu'il avait le dos tourné.




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.... Nooooooon ! Il est parti, mon Aruthachounet chéri 😭😭😭😭😭

Psssst : j'en profite pour rappeler que tu lis ici le manuscrit brut, encore non corrigé par un professionnel. Merci pour ta compréhension s'il reste des erreurs. N'hésite pas à me les signaler, que je puisse les corriger ! 😉

✨✨✨✨✨

[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'OracleWhere stories live. Discover now