Chapitre 5-1

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Faal

Les cris des arènes résonnaient dans la salle commune, rappel forcé de la danse macabre qui se jouait au-dessus de leurs têtes. On entendait le public scander son plaisir, hurlant et tapant du pied jusqu'à faire résonner leurs appels aux tréfonds du Colysée. De temps à autres, des volutes de poussières se décrochaient du plafond de pierre, pour tomber en pluie sur les gladiateurs qui attendaient leur heure.

La salle était creusée à même la roche. Immense et ronde, elle constituait le centre des cachots. Le sol descendait en gradins, taillés grossièrement sur trois niveaux, avant de s'aplanir. L'espace central hébergeait des tables et des chaises rudimentaires qui accueillaient ceux qui réussissaient à se les approprier. Les autres restaient par terre, ou envahissaient les marches hautes s'ils étaient chanceux. Un large écran situé au-dessus du magasin diffusait les images de l'intérieur du Colysée.

Adossé à un mur, Ayra semblait contempler le combat en cours, mais son attention était focalisée sur un groupe d'hommes et de femmes qui attendaient, les yeux rivés sur l'écran. Pas de son, ils devaient se contenter des cris qui parvenaient à percer la roche. Deux hommes se battaient, hache contre lance. Le gladiateur à la lance semblait mal en point. Il parvenait à peine à tenir sur ses jambes. Son adversaire prenait son temps, faisant durer le supplice, s'amusant à titiller le blessé sans toutefois l'achever. Puis, lassé de son jeu, il fonça subitement. Sa vitesse était surprenante pour un homme aussi massif. Ayra leva la tête pour mieux regarder le combat. D'un geste expert, le gladiateur décapita son adversaire d'un seul coup.

Le bruit des vivats de la foule leur parvint, étouffé par la roche. Le vainqueur se tenait debout, au-dessus du corps étendu de son adversaire. Hir, le favori de l'arène. Il levait une hache ensanglantée tandis que le public l'acclamait.

Ayra reporta son regard sur le groupe qu'il surveillait. Certains affichaient une mine réjouie – ceux-là avaient parié sur la victoire de Hir - mais plus nombreux étaient ceux qui semblaient inquiets, ou résignés. Une Fui attira son attention. Impossible de savoir ce que pensait la guerrière sous ses écailles.

Au bas des gradins, deux gardiens arrivèrent et firent signe aux combattants suivants de les suivre. Ils disparurent dans le couloir sombre qui menait à l'armurerie. Bientôt, ce serait au tour d'Ayra d'y pénétrer.

Quelques instants plus tard, Hir en émergea soudainement. Couvert de sang et de sueur, il poussa un cri de victoire, repris par ses acolytes qui l'entouraient à présent, puis il leva le regard vers les larges panneaux lumineux qui ornaient le haut des murs de la salle. La première ligne clignota, et indiqua : « 275 – Hir - 40 345 ». En face du nom de son adversaire s'afficha brièvement un vide, puis la ligne entière disparut. D'autres chiffres changèrent tandis que les gains et pertes des paris étaient redistribués, et des exclamations résonnèrent dans la salle commune.

Ayra contempla discrètement le vainqueur qui s'attablait avec un groupe d'hommes et de femmes. Hir était le champion actuel de l'arène. Plus de quatre-vingts combats, tous gagnés. Le guerrier semblait imbattable.

Le fils de l'empereur caressa discrètement le métal froid qui lui ceignait les poignets. Son père avait veillé à ce qu'il ne puisse utiliser son Don durant sa « rédemption ». Six pointes, deux fois plus que ce que sa boucle d'oreille distillait habituellement dans son corps. Ayra caressa distraitement le lobe où trois petits trous étaient tout ce qu'il lui restait du bijou. Le portait-elle à présent ? Il repoussa la pensée fugace tandis qu'un des gardiens avançait vers lui. L'homme s'arrêta à quelques pas, hésitant. Il n'avait sans doute jamais approché un prince impérial de sa vie. Malgré les entraves, le rang d'Ayra impressionnait toujours. Notant l'information, il lui fit signe de venir plus près.

— Prince... Il n'y a toujours pas de volontaire. Nous allons donc tirer votre prochain adversaire au sort.

Il n'avait aucune obligation de venir l'en informer. Ayra le remercia, affichant un air détaché.

La considération que les gardiens semblaient avoir pour lui était importante, malheureusement il manquait de moyens de l'entretenir.

Il regarda l'homme repartir vers son poste, puis chercha à nouveau Hir. Il le trouva toujours attablé, et l'observa encore quelques instants, se demandant si ce serait son nom qui sortirait. Son estomac se contracta. L'homme avait déjà combattu aujourd'hui et pourrait décliner, mais Ayra ne pensait pas que le guerrier était du genre à refuser un combat.

Pas vraiment grand mais charpenté, Hir donnait l'impression d'être taillé dans le roc. Ses muscles roulèrent tandis qu'il levait son verre pour boire encore, avant de s'esclaffer. Vêtu d'un seul pantalon, on pouvait admirer les innombrables cicatrices qui barraient son torse et son dos. Plutôt que de l'inquiéter, celles-ci rassuraient Ayra : elles prouvaient que l'homme n'était pas invincible. Pourtant, il se dégageait de lui une force presque animale, qui le faisait s'interroger. Pourrait-il abattre un tel adversaire sans son Don ?

Il promena un œil attentif sur la salle, évaluant le reste des hommes et femmes qui s'y trouvaient. Gladiateurs cherchant la gloire, esclaves rêvant de gagner leur liberté, citoyens libres ayant besoin d'argent, ... leurs histoires se lisaient sur leurs visages et dans leur manière de se comporter. Certains pourraient le mettre en difficulté, mais aucun ne dégageait l'aura de danger qui enveloppait Hir.


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Hir, je ne le sens pas ce gars-là....

Et sinon, tu as passé de bonnes fête ?

Ici c'était en petit comité à la maison pour une fois. J'aime les grandes réunions familiales, mais de temps en temps, être tranquille, ça fait du bien 😊

Et toi ?


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[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'OracleWhere stories live. Discover now