[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'Oracle

Chapitre 1-5

Un grondement naquit soudain dans le lointain. Lianne n'osa pas tourner la tête pour trouver l'origine du bruit. L'inquiétude l'envahit. Qu'allait-il encore leur tomber dessus ? Le vrombissement s'amplifia jusqu'à emplir l'atmosphère. Enfin, elle eut une vision qui lui arracha un cri de joie : dans le ciel bleu de Pira, une silhouette métallique scintillait de mille feux sous le soleil. Dans un mugissement tonitruant, « La Cale » passa au-dessus de leurs têtes.

Le petit vaisseau fonçait à toute vitesse. Ses moteurs, faits pour le vide de l'espace, peinaient à suivre le rythme imposé par Vughi, et le bruit était assourdissant. Dans l'habitacle surchauffé, la température augmentait à chaque minute, devenant petit à petit insupportable. Pourtant, les deux gardes n'envisagèrent pas une seconde d'abandonner la mission qui leur avait été confiée. La scène qui se déroulait sous leurs yeux était difficile à croire. Ils n'avaient jamais vu tant d'Errants réunis, encore moins s'acharner ainsi au mépris de leurs pertes. Ils détaillèrent le champ de bataille avec inquiétude. Les équipes qui bloquaient l'avancée des Errants semblaient à bout de souffle. Les barricades ne tenaient que par miracle, et si une seule venait à céder, elle ouvrirait un boulevard à la marée de corps noirs qui s'amoncelait derrière.

Nuée essuya la sueur qui coulait de son front, puis raffermit sa prise sur les commandes de l'énorme laser qui avait été laissé au vaisseau. Elle chercha du regard leur objectif. Lorsqu'elle trouva enfin les trois femelles, elle cria. Le vaisseau geignit un peu plus fort, ses moteurs malmenés hors du vide de l'espace.

— Bon sang, ça surchauffe !

Une odeur de brûlé envahit l'habitacle. Nuée ne perdit plus de temps et visa la femelle la plus proche. Le coup illumina le ciel, puis frappa le mastodonte à l'arrière-train. La bête hurla et s'affala. Elle tentait encore de se relever lorsque le second coup l'atteignit en plein crâne. Le gigantesque corps s'effondra pour ne plus bouger.

La femme eut un cri de victoire. Les armes du vaisseau, bien plus puissantes que leurs homologues terrestres, réussissaient bien à percer la peau épaisse. Sans plus tarder, elle se mit à pilonner la monstrueuse marée noire. Une seconde femelle tomba sous ses coups. Elle avait blessé la troisième lorsque Vughi hurla.

— Yak ! Cramponne-toi !

Dans un bruit de tôle malmenée et de craquement, le moteur lâcha. Le petit cargo s'écrasa en catastrophe au milieu de la place. Le cœur de Lianne s'arrêta en voyant le vaisseau tomber, créant une hécatombe parmi les Errants.

— Achéon !

Palie et lui s'élancèrent vers le vaisseau. Un panache de fumée s'éleva d'une trappe. Nuée et Vughi s'en extirpèrent avec difficulté, leurs visages noircis par la suie et luisants de sueur. Ils étaient meurtris, mais en vie. Palie leur tendit sa main valide et les aida à sortir. Nuée dégaina son sabre et courut soutenir Achéon. Vughi contempla avec déception l'épave du vaisseau, devenu inutilisable, puis sortit son épée. Autour d'eux, la marée furieuse menaçait de les submerger.

La dernière femelle hurla. Loin des regards, Lianne avait plongé dans la masse grouillante et noire. Chaque seconde passée à se défendre l'épuisait un peu plus. Enfin, elle parvint à atteindre son but. L'immense forme de la femelle se dressait devant elle. Blessée par le laser, elle hurlait alors que des flots de sang se déversaient de son flanc. Lianne attaqua sans attendre. Caliera fonça, attirant l'attention de la bête. Tandis que l'énorme bête détournait le regard, l'apprentie chargea, visant l'œil. Son sabre frappa et pénétra jusqu'à la garde. Le monstre hurla de douleur et secoua la tête, arrachant son arme à l'apprentie.

Lianne tomba brutalement au sol et roula, évitant des griffes gigantesques. Elle perdit le contrôle de Caliera un bref instant, mais cela suffit à la femelle. Ses mâchoires se refermèrent sur la forme bleutée, qu'elle arracha d'un coup brutal avant de pousser un cri victorieux. Lianne tomba à genoux. Le souffle court et à bout de force, elle rappela à la hâte tout le Don qu'il lui restait pour le concentrer en elle. Son cœur s'affola, tandis qu'elle luttait pour ne pas perdre conscience. Elle se releva difficilement et brandit son sabre, arme dérisoire face à un tel adversaire.

La femelle hurla, mais son cri manquait de puissance. Ses larges pattes tremblèrent. Brusquement, elle s'écroula. Son immense tête s'abattit sur le sol, soulevant un nuage de poussière. Lianne porta une manche à son nez et recula d'un pas. Un Errant bondit. Ses dents ripèrent sur son uniforme. Elle trancha la gorge du mâle, tournant un instant le dos à la femelle. Son cœur rata un battement, et elle se retourna vivement, mais la bête ne bougeait plus, morte. Le soulagement l'envahit, mais le sentiment ne dura pas. Des hurlements de rage s'élevèrent partout autour d'elle. Les femelles étaient mortes. Les Errants devinrent fous.

Ils attaquèrent avec une férocité redoublée, et les barricades gémirent sous leurs assauts. Près des lasers, Ester et Espérion bataillaient au coude à coude, taillant dans les chairs ennemies à grand gestes. Protéger les canons encore un peu, rien qu'un peu plus. L'odeur de chair brûlée empestait l'atmosphère, suffocante, les cris des hommes et des bêtes se mêlaient dans un vacarme assourdissant, leurs muscles brûlants criaient le martyre, mais ils redoublèrent d'efforts, guidés par un fragile espoir. Les cris des femelles s'étaient tus. Si elles étaient mortes, alors ils survivraient peut-être.

Espérion fit un pas de côté, évitant de justesse un cadavre tombé du ciel. Au-dessus d'eux, les Errants tentaient de passer par les toits, mais l'équipe de Syla les y arrêtait, les renvoyant à terre, sur la trajectoire des lasers. Des chocs, des appels. Soudain Lianne se joignit à eux. Les monstres bondissaient, piétinant les cadavres de leurs congénères. L'air était chargé d'un parfum de sang et de mort. Une cacophonie de bruits, de cris, entrecoupés par le sifflement intense des armes qui se vidaient. Puis, subitement, le silence s'abattit sur la scène.

Hébétés, Ester et Espérion se rapprochèrent jusqu'à se toucher. Tremblants de peur et d'épuisement, ils regardèrent la scène invraisemblable qui se tenait devant leurs yeux. Sur toute la longueur de l'allée s'étendaient à perte de vue gravats et cadavres entassés, témoins de la violence des combats. Le calme qui avait envahi la rue semblait irréel. Même le cargo avait arrêté de tirer. Plus rien ne bougeait. Une larme coula lentement sur la joue d'Ester, et elle se jeta dans les bras d'Espérion. Ils étaient encore en vie.

***

À quelques mètres de là, occupé à aider les blessés, Ubio leva soudain les yeux au ciel. La quiétude s'était abattue sur la ville en ruine, mais son cœur battait à tout rompre et sa tête tournait. Dans son esprit, ses visions se brouillaient en un flou changeant. Trop de choix, trop de changements. Il s'assit à même le sol glacé et serra de ses mains son front douloureux, cherchant à ordonner les routes qui l'assaillaient.

Quel chemin emprunterait l'Univers ?

✨✨✨✨✨

C'est fini pour cette semaine !

Non, ne me tape pas, on se retrouve vendredi prochain pour le chapitre suivant 😉

Et toi, quel chemin imagines-tu pour la suite de l'histoire ?

Raconte-moi tout ! 😄😍

J'espère que tu as aimé cette nouvelle plongée dans l'univers des Syyrs.

Laisse-moi un petit mot pour me dire ce qui t'a le plus marqué , j'adore réellement connaître tes impressions et tu me feras ultra plaisir 💖

J'ai hâte de te lire 😍

A très vite !

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