Chapitre 5-2

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Il soupira et étira discrètement son dos. Cinq nuits sur les bancs de pierres, à ne fermer qu'un œil, avaient suffi à l'épuiser. Pourtant, il n'avait pu se résoudre à dormir sur la paillasse qui lui avait été attribuée, côte à côte avec deux étrangers. Le bras de son frère était long, et beaucoup ici manquaient d'argent. Ayra se gratta l'épaule. Sans son Don, et sans Hairi pour le protéger, il se sentait plus vulnérable que jamais.

Les gladiateurs évitaient sciemment de s'approcher de lui, mais tous l'observaient, attendant un signe de faiblesse pour demander un duel. Tuer un des fils de l'empereur : la gloire suprême. La consécration pour un guerrier. Tant qu'il paraîtrait fort, Hir et ses semblables n'oseraient pas le provoquer.

Son ventre grogna, lui arrachant une grimace agacée. Il ne s'était pas encore réhabitué à devoir manger en permanence. Deux repas par jour - trois les jours de combat - un gâchis de temps et de crédits. Un gâchis nécessaire, cependant. Il ne pouvait pas se permettre d'être affaibli par le manque de nourriture.

Résigné, il se dirigea vers le magasin, qui servait également de cantine. Imbriqué dans le mur, le petit baraquement de bois jouxtait le poste de garde. Ayra jeta un œil à la large grille qui le séparait des curieux venus observer les gladiateurs. C'était par ici qu'entraient chaque jour les nouveaux combattants venus remplacer les morts. Rarement, l'un d'entre eux repartait, après avoir assez gagné dans l'arène pour pouvoir s'offrir la vie dont il rêvait. Le prince regarda amèrement l'immense grille scellée dans la roche. Lui ne pourrait la franchir que lorsque son père l'aurait décidé.

Arrivé devant le magasin, il commanda le repas le moins cher – une soupe claire et du pain – et tendit son poignet pour payer. Le fin bracelet argenté qu'il portait clignota. Sept crédits de moins. Tandis qu'il retournait s'asseoir, les grands panneaux lumineux attirèrent à nouveau son regard. La cote la plus élevée, celle d'Hir, atteignait 275 contre 1 - encore un record – et l'homme avait amassé une véritable fortune.

Ayra contempla son propre compte, passé du bas au milieu du tableau après son premier combat. De deux-mille-cinq-cents à son arrivée, il était passé à deux-mille-cent-trente. Trois-cent-soixante-dix crédits en cinq jours.

Même en réduisant ses dépenses au minimum, son solde diminuait trop vite pour qu'il se sente à l'aise. Les crédits de Royegar ne lui avaient pas été attribués, puisque l'homme n'était pas mort. Il cacha son inquiétude en buvant une gorgée du bouillon qui lui avait été servi. Son plan avait des failles. La première était déjà béante devant lui. Il avait besoin de plus de crédits.

Il s'installa sur un des gradins de pierre, émietta son pain dans sa soupe et but son repas à petites gorgées, tâchant de le faire durer. Son regard s'attarda à nouveau sur le tableau, mais la solution lui échappait toujours.

Dans la première colonne du tableau, sa cote apparaissait : 98. Un chiffre très élevé après seulement un combat. Il l'aurait sans doute été encore plus, s'il avait tué son adversaire. Il contempla les autres noms un moment, essayant de graver dans sa mémoire le rang de chacun. L'exercice était plus dur que d'ordinaire, et il dût s'y reprendre à plusieurs fois, répétant inlassablement les informations dans sa tête pour les y entrer.

Entravé, tout était plus difficile. Il avait l'impression de se mouvoir dans un air plus dense. Son corps lui-même lui semblait plus lourd, mais constitué de coton, ou de verre : sans force, pourtant tellement fragile. Manger, dormir. Sa conscience se hérissa à l'idée de s'endormir à nouveau ici. Mal à l'aise, il passa une main dans ses cheveux emmêlés et râla silencieusement. Eux aussi allaient pousser, et son menton le démangeait furieusement.

Ayra caressa sa joue rugueuse. Le souvenir le happa sans prévenir. Une voix douce, des mains qui caressaient tendrement son visage. Je peux te poser une question ? Pourquoi n'as-tu pas de barbe ? Elle souriait.

Oh, Dieux qu'elle lui manquait ! Son cœur se serra. Il s'extirpa de l'image douloureuse, appartenant à un passé qui n'avait pas sa place en ce lieu. Elle était en sécurité. Il lui fallait à présent survivre s'il voulait un jour la retrouver. Sa mâchoire se contracta. Ici, Arutha ne pouvait pas exister. Seul Ayra pourrait survivre. Ayra... L'enfant maudit, enchaîné à cette maudite prophétie. Celle qui avait régit toute sa vie. Sa bouche se tordit en un sourire amer. Cette fois, il ne se laisserait pas faire.

Un gong léger lui fit lever la tête. Il provenait du petit tableau automatique qui ornait la façade du poste de garde. Son adversaire du jour avait été tiré au sort. Ayra ferma les yeux et souffla discrètement, avant de se recomposer un visage impassible. Ce n'était pas Hir.

L'armurerie regorgeait d'équipements en tout genre. Ses armes ayant été confisquées à son arrivée, il choisit deux épées courtes, dont il testa le tranchant. Satisfait, il les rangea dans un ceinturon qui lui convenait. Il ajouta quelques dagues aux chevilles et aux poignets. Les entraves lui serviraient de bracelets de force. Il hésita à se munir de plaques et de jambières, mais cela risquait de l'alourdir. De plus, puisque son père lui avait laissé l'uniforme des soldats impériaux, il comptait bien profiter de l'image qu'il renvoyait.

Un coup d'œil à sa droite suffit à lui faire définitivement abandonner l'armure. Son adversaire était mort de trouille. Sa peur se lisait sur ses traits, même si ses mains ne tremblèrent pas lorsqu'il saisit son arme. Très bien. De ce second combat découlerait une grande part de son plan. Ayra était prêt. Les choses se mettaient en place.


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Un combat facile en prévision !

Ou pas.... Mouahahahaha !  😈😜

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[Sous contrat d'édition] Les Syyrs - Tome 3 - La révélation de l'OracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant