54 : 5 ans plus tard

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C H A P I T R E
54

5 ANS PLUS TARD































T H A Ï S I

Ellipse de 5 ans

Me voilà, Thaïsi Lorena, cinq an plus tard. Vingt-sept ans que je vis et respire. Mère. Épouse. Mais une femme terriblement forte avant tout, et il m'aura fallu cinq ans pour m'en rendre compte. Pour réaliser la maturité que j'ai pu acquérir durant toutes ces années.

Ma vie a toujours été pleine de merde, mais je m'y suis faite. Tout à sûrement commencé par le décès de ma mère : celle qui était tout pour moi. Plus que mon monde. Bien plus que mon univers. Qui comptait plus que n'importe quoi, je l'aimais plus que j'aimais n'importe qui, plus que j'aimais mon père et moi même. Plus que j'aimais regarder les étoiles toute la nuit, plus que les câlins et les tendres baisers. Plus que de lire un livre sur une plage vide dans un vent doux. Plus que j'aimais les roses, leur signification, leur couleur et leur odeur. Plus que j'aimais la poésie et la voix mélodieuse de mes chanteurs préférés. Plus que j'aimais le bruit de la pluie et d'un violent orage qui pouvait résonner chez moi, un chocolat chaud en main, devant ma série préférée tout en pensant à tout et à rien en même temps.

Ma mère était trop pour moi. C'était plus qu'un simple amour. Je n'étais pas seulement amoureuse d'elle, j'étais obnubilée par elle. Je ne voulais pas me marier avec mon père comme toutes ces petites filles à un certain âge, je voulais me marier avec ma mère car elle était tellement trop pour moi. C'était plus que toxique, c'était un amour tuant et meurtrier qui m'a consumé. Sa perte m'a détruite. J'ai cru ne pas pouvoir vivre, revivre. Ne jamais pouvoir me relever. Et j'idéalise sûrement beaucoup trop notre relation maintenant, parce-que je n'ai que de vagues souvenirs d'elle. Et c'est ça que je n'assumerai jamais. C'est d'avoir oublié celle que j'ai tant aimé. C'est d'avoir oublié le son mélodieux de la voix de ma mère. Vous savez cette voix incroyablement douce, celle qui te berce dans la nuit, lorsque tu crois qu'un petit cauchemar va te tuer.

Ce dont j'ai honte, c'est d'avoir oublié son visage parfait. D'avoir oublié les courbes de ce visage qui me faisait voyager, et de la couleur de ses yeux dans lesquels je me perdais à longueur de journée.

Et après tout ça, il y a eu Kieran. Celui qui a fait de moi une adolescente brisée, et une femme qui a eu du mal à se soigner. Il a été le premier garçon que j'ai aimé, ou alors que j'ai cru aimé. Et surtout, il a été le premier garçon qui a dit m'aimer. Mais lorsque j'y repense, il ne m'a jamais aimé. Parce-qu'une personne que tu aimes, tu ne lui impose jamais ça. Une personne que tu aimes, tu ne lui vole pas tout ce qu'il lui reste. Et moi, tout ce qu'il me restait, c'était le pouvoir que j'avais sur mon corps. Il me l'a pris. Et ne me l'a jamais rendu. Il m'a pris ma première fois, et j'ai oublié tous mes premiers baisers après cela. Ce garçon qui disait m'aimer m'a violé. Et ce n'est que dix ans plus tard que j'ose utilisé ce mot. Parce-que je ne me sentais pas légitime. Parce-que je l'avais laissé faire. Je ne m'étais pas débattue et surtout, j'étais restée avec lui après ça en croyant qu'il m'aimait. Mais je crois que le déclic, c'était lorsqu'il a commencé à me frapper. Tous ses coups ont fait de moi la femme que je suis maintenant. Chacun de ses coups et des bleus qu'il m'a laissé ont fait de moi celle que je suis devenue. J'étais brisée. Je croyais ne plus jamais aimer. Je croyais que jamais je ne retomberai amoureuse. Que jamais aucun homme ne voudrait de moi. Et de toute façon, je me sentais trop souillée pour tout cela. Alors quand tout s'est terminé avec lui une bonne fois pour toute, je devais avoir dix huit-ans, presque dix-neuf, je me suis jurée de ne plus me laisser avoir. Et de ne plus donner mon corps pour si peu. Pour quelqu'un qui ne me respectait même pas un peu. Pour quelqu'un qui m'avait détruite et pour qui je prenais des douches si chaudes que je me sentais brûler.. et pourtant.. toute cette saleté restait sur ma peau. Elle ne me lâchait plus. J'étais remplie d'une couche de saleté, celle qu'il m'avait laissé. Sûrement comme cadeau, ou bien comme fardeau..

Charmant désir  Where stories live. Discover now