Chapitre 32

219 9 5
                                    

Je cours dans tous les sens. Dès que je termine une mission, je suis appelée à l'autre bout du bâtiment. Normalement on ne court pas dans l'hôpital comme autour d'une piscine, à cet instant je sprinte. C'est une course contre la montre qui nous attend ici, nous analysons, on donne des ordres, on pense aux patients suivants. Un accident est arrivé, un bus rempli de vacanciers a fait une embardée pour éviter une voiture se stoppant net. Les voitures derrière ont freiné pour éviter la collision. Résultat des courses : plusieurs tonneaux pour le bus, un carambolage et de nombreux blessés. Les pompiers ont dû intervenir et nous ont amené tous les survivants qu'ils trouvaient.

J'ai de la chance, je ne suis pas encore assez expérimentée pour être en première ligne et devoir faire le tri. Un tri, oui vous avez bien entendu... Entre ceux qui ont des blessures qui sont facilement soignables, des traitements plus poussés ou auxquels un traitement ne servirait à rien. Même si je ne suis pas en charge, je croise dans les couloirs des personnes qui ont des blessures qui feraient pâlir n'importe qui. On m'appelle à l'aide, je dois examiner un maximum de patients et demander aux infirmières de fournir les soins nécessaires. Le bruit de la foule me prend aux oreilles, le stress monte et je me mets en mode pilote automatique. Je dois être efficace pour aider au maximum mais celle-ci ne doit pas nuire à la qualité de mes examens.

Les brancards affluent de partout, les bippeurs vibrent, les téléphones sonnent. Des vagues de patients arrivent alors que nous n'avons pas terminé de soigner les autres. Tout le monde est réquisitionné, il n'est plus question de planning ou d'organisation. Nous n'avons même pas le temps de stresser ou de succomber à la pression, la fatigue de la journée est oubliée, un pic d'adrénaline nous atteint tous. Je suis dans la grande salle avec tous les lits séparés par un simple rideau. La plupart des patients que j'ausculte ont des simples égratignures et des hématomes dû à l'impact et aux déclenchements des airbags. Je fais tout de même attention et teste toutes les réponses aux stimulations douloureuses. Tout y passe, que ce soit le réflexe photomoteur, la tension artérielle ou même le pouls.

Lorsque je termine avec une consultation, je me glisse entre mes collègues et les pousse gentiment de la main pour leur signifier de se décaler. La plupart du temps, on se retourne et lorsqu'on me reconnaît on me fait un sourire et on me laisse passer. Une fois que j'ai réussi à atteindre le hall, je vois une nouvelle salve et je me retrouve en charge d'un cas urgent.

Elle vient du bus accidenté. La passagère âgée d'une soixantaine d'années n'a pas vu l'utilité de sa ceinture de sécurité, elle a donc fait avec le bus les tonneaux et s'est retrouvée balancée dans tous les côtés. Son collier cervical permet de lui immobiliser la tête, le cou et la colonne vertébrale de la patiente. Elle a eut énormément de chance d'être arrivée jusqu'ici. Au premier abord, je vois toutes ses blessures et sa pâleur. Sa jambe est ouverte, l'os ressort tout en ayant une hémorragie. Je la prends en charge tout de suite en comprimant directement sa plaie avec des compresses, il est cependant certain que je ne pourrais pas la gérer toute seule. J'appelle un maximum d'infirmières pour qu'on vienne m'aider.

- Bonjour Madame lui dis-je.

N'ayant pas de réponse, je lui prends la main. Il est possible qu'elle ne soit pas apte à ouvrir les paupières ou tout simplement qu'elle soit malentendante. La pression de la main que j'effectue me permet de vérifier cela. Si elle ne réagit toujours pas, il s'agira d'une perte de connaissance. Il faudra s'inquiéter encore plus. Une fois que son hémorragie est stabilisée et qu'elle ouvre les yeux, je lance des ordres :

- Bonjour Madame pouvez-vous me dire votre nom ?

Elle me répond avec une voix rocailleuse, montrant qu'elle vient de se réveiller.

- Comment ?

- Pouvez-vous me dire votre nom ?

Elle tente de bouger pour se toucher le front.

Haunting MatWhere stories live. Discover now