Chapitre 4

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C'est officiel, je suis dans la merde. Je n'ai pas eu le temps lors de ma pause de préparer convenablement mon entrevue avec Alex. C'est une chance qui ne risque pas de se représenter et pourtant tout le monde dans la promotion sait à quel point je l'espère.

Contrairement à toute la gent féminine présente dans cette fac, je veux avoir des entretiens avec lui pour en connaître plus et comprendre toutes les notions que l'on voit en cours. Je suis admirative de son intelligence, c'est le meilleur en tout et je dois avouer qu'il a une certaine classe. Dès qu'il intervient pour répondre aux questions on sent une aisance, comme s'il savait pertinemment qu'il était le meilleur et qu'il allait avoir sans aucun doute la bonne réponse et le bon raisonnement. A l'inverse, les autres filles sont admiratives de sa beauté et ne sont que déçues quant à son absence de réaction, il semble s'en ficher et ne vouloir qu'atteindre son objectif.

Tout doit donc être parfait, je vais gagner un temps dingue avec ses explications ! Mon énergie a été reboostée, j'ai l'impression d'avoir bu une quantité astronomique de café. Mon power point est loin d'être parfait, rien que faire défiler les diapositives me fait mal au cœur, les polices ne sont pas les mêmes, ni même les couleurs... Sur la première page, on est clairement sur du #FEFEFE alors que sur la slide 3, je suis passée au #120D16. Oui, je suis perfectionniste...Je l'avoue, personne ne va voir cette différence sauf Alex. Et je ne peux pas prendre le risque de ne pas lui paraître aussi parfaite que possible.

J'ai passé 2h à terminer mon PowerPoint, il est parfait, tout est aligné, rien ne bouge, tout est calculé. J'ai certes perdu 2h dans mon programme bien calibré mais avec les explications et les méthodes d'Alex ce sera plusieurs jours voir plusieurs semaines d'économisés ! Je n'ai jamais été aussi pressé d'aller à une soirée étudiante, je dois retrouver Chri-Chri pour lui demander plus d'informations.

J'ai besoin de m'organiser, comme par exemple, savoir si j'ai le temps de rentrer chez moi. Un aller-retour à la maison me permettrait de me changer (je ne vais clairement pas mettre mon pantalon de costume couleur crème pour une soirée). Ce soir, ce sera mon jean noir spécial vomi et mon basket qui colle à force d'avoir marché dans l'alcool. J'aimerais aussi déposer mes fiches pour les mettre en sécurité, dans le pire des cas si je souhaite réviser, j'en ai la moitié en photo sur mon téléphone.

Pour trouver Chri-Chri c'est assez simple, il faut juste imaginer le lieu qui paraît le plus impossible où elle pourrait être. Une fois que la logique est mise de côté, c'est comme si un GPS me guidait. Où elle ne pourrait pas être un vendredi après-midi frais pour ne pas dire froid, grisâtre qui annonce de la pluie : le toit de l'école.

C'est bien entendu un endroit qui n'est pas accessible par les étudiants, elle m'a cependant montré comment y accéder lorsque je me plaignais de ne pas avoir d'endroit tranquille pour réviser, la bibliothèque est souvent pleine à craquer et les bavardages m'insupportaient. Je me rends au dernier étage, les couloirs sont remplis, c'est l'heure de l'interclasse, les étudiants ont cinq minutes pour se rendre dans leur nouvelle salle. Pour ma part, il me reste trente minutes avant le début de mon prochain cours, il n'est pas disposé en amphithéâtre, je peux donc me permettre d'arriver avec seulement cinq minutes d'avance.

Après avoir fait des saluts polis, je suis à l'accès secret, il est juste à côté des bureaux de l'administration, je jette un coup d'oeil de chaque côté avant de passer par la fenêtre qui est grande ouverte. Je fais attention de ne pas décrocher le petit noeud rouge sur la poignée. C'est grâce à ce signal que les autres étudiants connaissant ce passage ne ferment pas la fenêtre et font attention de la rouvrir en cas de passage d'enseignants.

Je passe par la fenêtre et me retrouve sur le toit de l'étage du dessous. Je marche en direction de l'échelle, je regarde la vue et prends une grande inspiration, cela me fait un bien immense de prendre une grande bouffée d'air frais. Avec mon sac sur l'épaule, je monte à l'échelle, je ne fais même plus attention où je mets mes pieds. J'ai maintenant l'habitude de venir ici, c'est mon endroit préféré pour réviser en paix. Quand j'atteins le rebord, j'ai la confirmation que mon GPS fonctionne toujours.

Haunting MatWhere stories live. Discover now