Chapitre 27

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Aujourd'hui est une journée plus qu'exténuante mais assez classique. C'est le lot quotidien de tout médecin interne. L'habitude que j'avais prise lors de mes études de ne dormir que 4h est partie et je le sens bien. Mes cernes peuvent en témoigner. Je me dirige vers les vestiaires, prête à enfiler ma tunique de médecine. Dès que je serai changée, je prévois de faire un détour pour me remplir une carafe de café pour tenir le coup, mes heures de repos ne sont pas suffisantes par rapport à mes dépenses énergétiques.

J'échange des sourires, des petits coucous avec la main en saluant mes collègues. Je me dirige vers les vestiaires, en me faisant la remarque qu'il n'y a pas beaucoup de monde, c'est assez calme aujourd'hui. A voir si cela perdure dans la journée, surtout durant l'après-midi et le soir, c'est durant ces périodes que l'on commence à avoir énormément de visites et de patients.

La première chose que je vois lorsque je pousse la porte des vestiaires est Alex. Il porte sa blouse d'hôpital, ses cheveux sont bien coiffés, il a l'air frais, parfait... Pardon... Soigné et complètement reposé, l'inverse de ce que je suis. Ça me donne envie de l'asperger de café, que je ne vais pas tarder à me procurer, rien que sa tête de premier de la classe m'énerve. Il me donne des envies de meurtre, surtout lorsque je baisse la tête pour regarder mon accoutrement ridicule. Je glisse rapidement une de mes mèches pour cacher mes cheveux gras et tirer sur mon sweatshirt. Comme toujours, il est souriant et parle joyeusement avec une de nos collègues. Son sourire s'efface aussitôt qu'il m'aperçoit, remplissant la pièce de gêne, Katrina s'excuse et me devance pour sortir de la pièce.

Dès que nous nous retrouvons seuls, Alex prend la parole.

- Tu as émis combien de diagnostics hier ?

Je regarde autour de moi, m'assurant qu'il m'adresse bien la parole alors que nous sommes seuls. La surprise est totale, je m'efforce de m'éclaircir la gorge avant de répondre.

- Je ne sais plus, je ne fais pas le compte. Pourquoi ?

Un sourire victorieux se plante sur son visage.

- J'ai battu mon record hier et je suis sûr que j'en ai fait plus que toi. Je suis le meilleur médecin interne, c'est certain que l'on va me recommander lors des prochains cas rares. Une efficacité exemplaire, des diagnostics jamais erronés, je suis le médecin parfait.

- Je suis contente pour toi, félicitations lui dis-je avec un sourire que j'espère franc.

- Pas à moi, tu as la haine avoue.

Je décide d'être mâture et de ne pas répondre à sa provocation. Je continue d'avancer en mettant un maximum de distance entre nous, même si l'envie de lui foncer dans l'épaule me démange. Il ne répond que par un grand soupir et me laisse enfin seule. Les casiers remplis jusqu'à débordé pour ma part m'accueillent. Je dois jouer des coudes pour faire entrer le reste de mes affaires dont mon sac bourré à ras bord de matériel en tout genre pour détecter les fantômes et les entités. Je n'en ai pas besoin pour les voir mais mes viewers oui.

Je me dirige vers l'accueil d'un pas décidé, Stéphanie n'est pas là. Elle a pris un jour de congé pour aller voir ses enfants en Bretagne, je l'avais oublié. Céline, toute aussi gentille, en tout cas je le crois, me tend une liste de patients plus longue que mon avenir. Nous n'avons pas toujours des cas rares ni même intéressants, c'est loin d'être souvent que l'on débatte à plusieurs dessus. La plupart du temps, nous sommes juste dans une petite salle et nous faisons des diagnostics rapidement avec seulement les réponses aux questions que l'on pose aux patients. Je suis navrée de réduire vos rêves à néant mais cela ne se déroule pas du tout comme les films où toutes les 5 minutes un cas inexplicable et complètement tiré par les cheveux arrive. Aujourd'hui cela ne déroge pas à la règle, alors que le calme était présent lors de mon arrivée il y a déjà des dizaines de patients qui attendent pour avoir un diagnostic.

Haunting MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant