Chapitre 26 : Eden

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Je me fais tirer du sommeil par des coups contre la porte d'entrée. J'ouvre difficilement les yeux et je dois dire que je donnerais n'importe quoi pour me voir d'un point de vue externe. Chemise grande ouverte, pantalon ouvert également, une main dans le boxer, mais ça c'est une question d'habitude. Une jambe sur tout le long du canapé pendant que l'autre repose sur la table basse et la lumière est encore allumée.

Les coups contre la porte recommencent une fois de plus, ce qui commence sérieusement à m'agacer.

— Deux minutes, gueulé-je.

Je ne supporte pas de me faire réveiller le matin, alors autant dire qu'en pleine nuit, j'apprécie encore moins. Je manque cruellement de sommeil et la soirée à la pizzéria a été plus que compliquée, ce qui ne m'aide pas à être de bonne humeur. Je bâille tout en passant une main sur mon visage et me redresse en grimaçant. Mon dos me brûle à la limite du supportable et le moindre mouvement est une torture, j'ai presque le sentiment qu'on m'arrache la peau et c'est pour cette raison que je n'ai pas retiré la chemise. Je n'ai pas le courage de me tortiller dans tous les sens pour l'enlever, car je sais que je vais avoir mal.

Les coups contre la porte recommencent et je prends sur moi pour ne pas péter un câble. Je me demande bien qui peut venir déranger les gens à plus d'une heure du matin, surtout quand il travaille en restauration. Pour une fois que je terminais mon service un peu plus tôt, j'espérais pouvoir me reposer, mais il faut croire que ce n'est pas possible. J'espère sincèrement que ce n'est pas Raph qui se trouve derrière la porte, car je crois que je vais le rouer de coups.

Je traine des pieds en quittant le salon et passe devant la cuisine avant d'atteindre la porte. Je pose ma main sur la poignée de porte et prends une bonne inspiration pour réussir à garder mon calme puis ouvre la porte rapidement.

Je reste comme un con en voyant que Léna se tient juste devant moi, une petite tête fatiguée et son corps enroulé dans ma veste en jean. Je vois ses yeux s'illuminer dès qu'ils se posent sur moi et je chasse immédiatement tout signe d'énervement qui pourrait se trouver sur mon visage. Je souris faiblement et sans dire le moindre mot, je me décale pour l'inviter à entrer.

Elle fait à peine quelques pas avant de s'arrêter. Elle regarde partout autour d'elle les yeux ronds, comme si elle était surprise ou encore qu'elle découvrait l'endroit pour la première fois. Il est vrai que la maison à bien changé durant son absence, mais elle reste des plus basiques, sans compter qu'il n'y a presque plus de meubles.

— Ça a énormément changé, dit-elle.

— J'ai fait un grand nettoyage et j'ai jeté tout ce qui était pourri, c'est-à-dire pas mal de choses, ris-je tout en bâillant.

— Je suis désolée, je ne pensais pas que tu dormais... Je peux rentrer si tu veux.

— Non ! Maintenant que tu es là, tu vas rester avec moi.

Je m'approche d'elle pour la prendre rapidement dans mes bras, bien que le fait de devoir bouger mes bras est en train de me détruire le dos. Je sens ses lèvres se poser délicatement dans mon cou, me provoquant une vague de frisson intense. Elle s'éloigne doucement de moi en laissant ses mains glisser sur mon flanc.

Elle laisse glisser ma veste le long de ses bras et vient la déposer sur le dossier d'une chaise. Elle revient immédiatement dans ma direction, un tube de crème entre les mains quand son regard bloque sur quelque chose.

— C'est une photo de nous...

Elle fonce en direction de l'étagère et attrape le seul cadre qui s'y trouve. Effectivement, il s'agit bien d'une photo d'elle et moi que nous avons prise dans le lac du chalet Baker l'été dernier. Même si je lui en voulais et même si je souffrais en voyant cette photo chaque jour, je n'ai jamais voulu la retirer. Je l'ai placé bien après qu'elle soit partie, comme si au fond de moi je cherchais désespérément à ne jamais l'oublier.

Apprends-moi à t'aimer #2. (annulé)Where stories live. Discover now