Chapitre 4 : Léna

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C'est après un trajet silencieux de mon côté, que nous arrivons à Huntington Beach. J'ai ravalé mes larmes pendant plusieurs kilomètres, jusqu'à ce qu'elles cessent. C'est le coeur lourd, que je tire le frein à main de la voiture et que je coupe le contact.

Julien pose une main sur mon épaule et émet une légère pression tout en me regardant avec douceur. Il ne dira rien pour accompagner ce geste, car il est comme ça. Il me montre qu'il est là et que si j'ai besoin, que je peux me tourner vers lui. Je fais un faible hochement de tête pour lui dire que j'ai compris et souris timidement, avant de sortir de la voiture.

J'ouvre le coffre pour en sortir mes affaires, mais je n'ai pas le temps, que Julien attrape les sacs de tout le monde. Je lève les yeux au ciel et soupire en fermant le coffre, puis verrouille la voiture.

— Tu sais, je pouvais porter mon sac toute seule !

— Je n'ai pas été élevé de cette façon, donc tu feras avec, sourit-il.

— Bougez-vous là, j'ai envie de goûter aux plages de Californie, je n'y ai jamais mit les pieds !

— Avec un peu de chance, elle ne sait pas nager, elle va peut-être se noyer, déclare Julien.

— Hé, hurle-t-elle. Je t'ai entendu.

Bien que le coeur n'y soit pas, je ne parviens pas à me retenir de rire. Nous nous avançons sur la plage et prenons place en nous éloignant des familles. 

J'observe l'océan qui se perd dans l'horizon et me perds dans le mouvement de l'eau. Alors que ce moment devrait être apaisant, mon coeur se tord, me privant presque d'oxygène. Le souvenir de cette nuit où nous avons filé tous ensemble sur des kilomètres, juste pour rejoindre la mer. Installé autour d'un feu de camp, faisant le souhait que rien ne change, avant de finir à l'eau en riant comme des imbéciles. C'était il y a un peu plus d'un an et j'ai le sentiment que ce souvenir à des années, car il n'y a personne à mes côtés de cette soirée là. 

Tous les événements se bousculent en permanence dans mon crâne et je les étudie les uns après les autres. Je cherche à comprendre comment j'ai pu en arriver là. Cette fille solitaire et discrète, effrayée par les hommes. Seulement deux amies au compteur, vivant uniquement pour la danse, ses études et l'amour de sa mère. Pourquoi ne suis-je pas resté cette fille ? Cette fille qui protégeait son coeur contre toute les attaques furtives de la vie.

Si seulement je n'avais pas laissé mes barrières s'effondrer pour lui permettre de rentrer dans ma vie, je n'en serais pas là aujourd'hui. Mon coeur ne souffrirait pas ainsi et ma vie ne serait pas aussi difficile. C'est dingue d'avoir dix neuf ans et de se lever chaque matin avec une boule dans le fond de la gorge. 

Le plus dramatique dans toute cette histoire, si on oublie le fait que ma vie sociale est encore plus catastrophique qu'avant, c'est que je n'ai plus goût à rien. La danse qui était avant tout ça, une raison d'avancer, une bouffée d'oxygène, un moyen de me vider la tête, n'a plus la moindre importance. Chaque fois que je m'enferme dans une salle pour remuer sur un son, les images de mes moments avec lui viennent gâcher ce moment qui devrait être appréciable.

— Léna !

Je relève doucement la tête vers Julien qui est débout devant moi. Il hausse les sourcils et affiche une mine qui me demande ce que je fabrique. Je reste assise, les genoux repliés et entourés de mes bras ne trouvant rien à lui dire et effectue un simple mouvement d'épaule. 

Il penche sa tête vers l'arrière avant de lâcher un soupire. Autant me dire immédiatement que je l'emmerde, il y gagnerait du temps ! Il regarde derrière lui en tortillant sa bouche, puis s'installe à côté de moi en fourrant ses pieds dans le sable.

Apprends-moi à t'aimer #2. (annulé)Where stories live. Discover now