Chapitre 2 : Eden.

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Installé à l'arrière de la pizzeria, je prends le temps de fumer ma cigarette, le cul posé sur un tas de palettes.

Gaby se tient devant moi et ne cesse de parler pour ne pas changer. Parfois, j'ai le sentiment de me retrouver avec une version féminine de Raphaël et ce n'est pas tous les jours un cadeau. Voyant que je commente son histoire que par quelques grognements, elle me questionne :

     — Qu'est-ce que tu vas faire de ton été ?

     — Travailler et toi ?

     — J'ai plus ou moins le même programme que toi, mais j'aimerais bien sortir un peu... Je m'ennuie, je ne pensais pas que Riverside était aussi chiant à mourir, soupire-t-elle.

     — Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? Riverside ne fait rêver personne.

     — Et toi ?

Je relève doucement les yeux vers elle et attends patiemment qu'elle poursuive :

     — Pourquoi est-ce que tu restes ici ? De ce que j'ai compris, plus rien ne te retient.

     — Les souvenirs me retiennent, puis je ne peux pas me permettre de m'éloigner... J'ai besoin de voir Jonas et ma sœur...

     — Et si tu pensais à toi Eden ?

     — Je suis désolé, mais je ne suis pas comme ça !

Je me lève d'un bond et balance ma clope dans une petite flaque d'eau qui se trouve un peu plus loin, avant de rentrer dans l'arrière-cuisine.

Quand j'ai rencontré Gaby, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Un pauvre gars qui ne vivait pas, mais qui cherchait désespérément à survivre.

J'ai connu des gens étrangement chiants, mais je ne pouvais pas le nier, elle mériterait une médaille. Elle est à la limite du supportable, mais à force d'insister, elle est parvenue à percer le mystère que je suis. J'ai commencé à me livrer petit à petit, durant nos pauses cigarette que nous laissait sympathiquement Manolo.

     — Est-ce que tu me diras un jour ce qui te rend si désagréable parfois ?

     — Je ne pense pas, en parler ne ferait qu'empirer les choses, avoué-je. Allons reprendre notre service avant que Manolo s'énerve !

Elle tape du pied en levant les yeux au ciel, me poussant à sourire.

J'attrape mon tablier que j'enroule autour de ma taille avant de le nouer et me dirige vers le bar.

En ce premier dimanche de vacances, le restaurant est assez calme. Tout le monde quitte la ville pour rejoindre les côtes. Quelques groupes de jeunes sont encore présents et sirotent leur boisson tranquillement en riant. J'ai toujours ce même pincement au cœur quand je découvre un groupe comme celui-ci.

Je me gifle intérieurement, afin de chasser mes souvenirs, et m'enfonce dans la salle pour débarrasser les tables. Je remplis mon plateau et essuie les tables, avant de rejoindre le bar pour nettoyer.

Je vide le lave-vaisselle et mets une nouvelle tournée, avant d'essuyer et ranger ceux que je viens de sortir. Les yeux rivés vers ce que je suis en train de faire, je ne prends pas la peine de relever les yeux, bien que la clochette de l'entrée vient de se faire entendre.

     — Et que ça brille ! s'exclame une voix.

Je relève immédiatement les yeux, les sourcils froncés, prêt à monter les crocs. Mon visage se détend immédiatement et un sourire se pointe quand je découvre la tête de Raphaël derrière le bar. Je n'hésite pas une seconde pour poser ce que j'ai dans les mains et faire le tour pour le prendre dans mes bras.

Apprends-moi à t'aimer #2. (annulé)Where stories live. Discover now