Chapitre 17 : Léna

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Eden m'aide à me redresser et je ne parviens pas à détacher mon regard de nos amis, qui semblent ravis de nous découvrir aussi proches l'un de l'autre. Mes émotions se mélangent et je ne sais plus comment je dois réagir. Est-ce que je dois sourire ou est-ce que je dois m'énerver ? Car même si c'est grâce à eux que nous parvenons à communiquer, à rire, à être ensemble comme avant, sans eux est-ce que tout cela aurait été possible ? Je n'en sais rien. Si nous n'avions pas été forcé de nous retrouver de cette façon, est-ce qu'il serait venu vers moi ? Est-ce qu'il aurait voulu me parler autant qu'il l'a fait ? Une part de moi me hurle que oui, mais une autre me souffle de faire attention et de me protéger.

Je chasse tous les doutes de mon esprit, quand je sens sa main enlacer la mienne. Mon cœur se réchauffe instantanément et celui-ci s'affole quand je croise son sourire. Je sais qu'une fois que je serais séparé de lui, mon corps se retrouve submergé par un tas de questions, mais je ne dois pas laisser tout ça prendre le contrôle.

Je sais que nous sommes jeunes et que la vie nous attend. Que je peux faire un tas de rencontres, mais je suis persuadée que personne ne pourra prendre sa place dans mon cœur. Il est le seul à avoir réussi à briser cette carapace que je ne faisais que renforcer au fur et à mesure. J'ai découvert ce qu'est l'amour à ses côtés et c'est avec lui que j'ai envie d'avancer. J'aimerais pouvoir lui ouvrir mon coeur autant qu'il le fait avec moi, mais j'ai besoin de soigner mes blessures avant de me mettre à nue.

     — Oh que ces sourires m'avaient manqué ! lance Raphaël, me ramenant à la réalité.

     — Profite du tien, il ne va pas durer ! répliqué-je.

     — Mais pourquoi tant de haine, tu n'es pas heureuse ?

     — Bien sûr que je le suis !

Je pourrais très bien choisir ce moment pour évoquer que je le serais encore plus si les choses venaient d'Eden ou même de moi, sans que nos amis aient besoin d'y mettre leur grain de sel, mais je préfère me taire. Je n'ai pas envie de braquer Eden et faire plusieurs pas en arrière. Je lui en ferais part une fois que nous aurons un moment ensemble, un moment que nous aurons choisi d'avoir et non un qui aura été prévu par tout le monde.

Je rêve qu'il agisse avec spontanéité comme il le faisait dans le passé. Qu'il débarque à n'importe quelle heure de la nuit en frappant à mon carreau de chambre. Qu'il s'invite dans mon lit ou qu'on reste sur le toit pour observer la nuit, juste lui et moi. Des moments simples, mais qui n'appartiennent qu'à nous.

     — Qu'est-ce que vous faites tous ici ? questionne Eden.

     — Nous sommes là, car ta collègue est un boulet, réplique Julien.

     — Hé, je vous emmerde ! grogne l'intéressée.

     — Elle a oublié de préciser à Manolo qu'on avait pas besoin que d'une soirée, mais d'une semaine. Du coup, vous travaillez ce soir... annonce Raph...

     — Oh...

La réaction d'Eden, aussi simple soit elle, me fait sourire. On voit clairement sur son visage qu'il est déçu que les choses s'arrêtent aussi rapidement, ce qui me fait énormément plaisir. Je n'ai pas besoin qu'il me dise de vive voix qu'il veut passer du temps avec moi, mais ce genre de réaction est essentiel. On peut mentir avec les mots, mais pas avec les expressions que nous avons sur le moment.

Je les laisse discuter entre eux, sans réellement prendre la peine d'écouter. Je laisse mon regard se perdre dans la beauté de ses yeux et détaille trait par trait son visage. Je le trouve incroyablement dessiné, au point que je peux le contempler durant des heures. Sa bouche est ni trop grosse, ni trop fine, sa barbe constamment rasée de près. Des yeux fins dont la ligne de ses sourcils lui donne parfois un regard plus profond.

Apprends-moi à t'aimer #2. (annulé)Where stories live. Discover now