Ayame leva les yeux vers l'homme, l'air grave.

- Ce jour-là, si on est amené à avoir un combat directe, n'hésite pas. Suis mes enseignements et tue-moi si t'en es capable.

- Fais-en de même, répliqua sèchement la noireaude.

Ensuite, ils terminèrent leurs verres dans le calme.

- Parles-moi de celui qu'on surnomme le plus fort de l'humanité, ordonna le maître.

Ayame arqua un sourcil.

- Je n'ai rien à dire sur lui, répondit-elle sèchement. Je le déteste, sache-le. S'il n'était pas aussi doué, je l'aurai tué depuis longtemps. Et s'il se révèle être mon ennemi... Je le tuerai même si j'y perd un membre.

Le maître esquissa un sourire amusé.

Le bar ne contenait que peu de personnes. Alors, l'homme qui avait attaché ses cheveux se leva pour parler au patron.

Celui-ci était une connaissance. Et quand il y vit de plus près, il reconnu les yeux de tigres du maître, et comprit tout de suite que celle qui était à sa table était la gouvernante.

Il accéda à la demande du tueur des bas-fonds et le mena à la pièce d'à côté. Il déposa ensuite deux armes à feu à disposition de ses deux invités.

Ayame venait d'arriver. Elle retira sa capuche, sachant qu'ils étaient seules. Le patron du bar lui fit un bref signe de tête pour la saluer. Cette femme n'avait pas changé, avec ses cheveux noirs et ses yeux émeraudes.

Le maître et la gouvernante prirent chacun une arme. À plusieurs mètres, des cibles étaient placés.

- Tu dois pas utiliser souvent ces jouets-là, au bataillon ! rigola le maître.

- Père, faisons un concours, sourit Ayame, amusé. Tirons vingt balles, et voyons qui a eu le plus de précisions.

- Tu sais déjà que je vais gagner, ma petite Ayame.

La noireaude haussa les épaules. Leurs petits jeu débuta. Il ne fallut pas plus de dix minutes pour connaître le vainqueur.

Sans surprise, celui que l'on appelait Kenny l'égorgeur avait gagné. Il les avait toutes tirées avec une précision impressionnante. Ayame, en avait fait de même pour dix-huit balles et en avait manquée deux.

- J'ai le droit à un cadeau ? fit Kenny.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Que tu me rejoigne dans mon boulot.

Ayame arqua un sourcil.

- Désolé. Si ta besoin d'aide, maître, tu peux m'appeler en tant que gouvernante. Mais je peux pas quitter le bataillon.

Kenny ne releva pas. Et Ayame fut soulagé, car elle serait obligé de lui obéir s'il le souhaitait vraiment.

C'était sûrement une demande peu importante pour lui.

- Bon, je vais partir maintenant, j'ai à faire, annonça Kenny.

- D'accord. Je m'en vais aussi.

Et ils quittèrent le bar sur ses mots, sans un regard de plus. Les deux n'avaient jamais été très émotifs, leur discussion se résumaient, autrefois, à des plans et des ordres.

Toujours dans l'efficacité. Sans ambiguïté.

[...]

Il était rare de voir des soldats traîner au bataillon la veille d'une expédition. Tout le monde était convoqué à dix-huit heure, et jusque-là c'était quartier libre.

La Vie Est Belle, Mais Si CruelleWhere stories live. Discover now