Chapitre 27

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J'esquisse un sourire, me retenant autant que possible de rigoler alors que Niles tente tant bien que mal de remettre son masque sur le visage. J'ai dû batailler pendant vingt minutes pour qu'il accepte de rejoindre ma soirée « soin de soi ». Et c'est en parlant de masque spécial barbe qu'il a fini par accepter.

Il n'arrête pas de parler alors le masque glisse sur sa peau et il hurle parce qu'il lui rentre dans la bouche. On dirait un enfant.

Nous sommes allongés dans mon canapé, les jambes de l'un sur l'autre, en pyjama pilou et un film de Noël à la télévision. Je n'aurais jamais cru qu'un membre des Black Bikers pouvait passer ce genre de soirée, mais Niles est différent de ceux que je connais. Ou du moins, je le connais maintenant dans son intimité et je peux me permettre de lui proposer ce genre de soirée.

Ça fait maintenant un mois qu'il habite ici et je me suis habituée à sa présence. Si, au début, j'étais un peu perplexe de laisser un inconnu déambuler dans ma maison, il a fallu quelques jours pour qu'on apprenne à se connaître, à s'apprivoiser en quelque sorte. Et maintenant, notre relation est devenue fluide.

Il me colle toute la journée, mais une fois que nous sommes chez moi, il me laisse mon espace et ne me dérange jamais. Sauf quand je suis dans le salon et qu'il vient envahir mon champ de vision. Il aime se mettre devant la télé quand je la regarde et me concocter un millier de repas différent, puis se vanter dès qu'il voit mon regard s'allumer de plaisir.

En réalité, il agit comme un grand frère agaçant et j'ai envie de le gifler la presque totalité de la journée. De le secouer, le tordre en deux et le faire dormir à la belle étoile. Mais d'un autre côté, il est si drôle et si gentil que ça change de d'habitude.

Au fond, il me fait un peu penser à Cassie dans sa façon d'être : à toujours utiliser l'humour, en étant exubérant, à ne pas faire attention au monde qui l'entoure... C'est une façon particulière de vivre et je les verrais bien avoir une conversation. Ça pourrait être vraiment drôle.

Après encore un cri, je tourne la tête vers lui et roule des yeux en le voyant tirer sur le masque et en l'envoyant valser jusqu'à la table basse.

— J'en peux plus, c'est trop chiant. Plus jamais de masque en tissu.

— Tu es vraiment un putain de bébé, marmonné-je.

— Quelle idée de te foutre un truc collant et gluant sur le visage ?

— Pour hydrater, répliqué-je.

Je ferme les yeux et penche ma tête en arrière pour profiter de la fraîcheur du masque, tout en appréciant l'odeur de rose diffusée grâce à la bougie sur la table basse.

Après quelques secondes, j'entends Niles lâcher un petit rire qui me fait ouvrir un œil et je le pose sur lui pour le voir en train de pianoter sur son portable. Je me redresse et arque un sourcil : il n'est jamais sur son portable.

— Tu parles à qui ?

Il relève la tête et sourit comme un idiot.

— Keir.

J'écarquille les yeux et tente de calmer les battements affolés de mon cœur. Nous n'avons pas eu de discussion depuis qu'il est parti, parce que je n'ai jamais voulu l'appeler pour lui faire comprendre qu'il me manquait. Et j'imagine que c'est pareil de son côté. Ou alors, il a finalement compris qu'il se foutait de moi. Dans tous les cas, je préfère ne pas savoir et rester dans mon déni.

— Ah, ouais, cool. Tant mieux. Ça roule.

Je referme les yeux, évitant de regarder Niles qui me lance un coup d'œil plein de moquerie. Si j'essaie de montrer mon détachement, je suis maintenant sûre que ça ne marche pas du tout. Et j'avoue que j'ai honte d'avoir osé dire ça.

Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant