Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 40

Point de vue Eliana

— Mets-la en vente.

— Lia...

Je secoue la tête, frottant ma joue contre l'oreiller alors que je le sens se rapprocher de moi.

— Je ne veux plus y retourner, Alex. Mets-la en vente, fais ce que tu veux, mais je ne veux plus y vivre.

Rien que l'idée de retourner dans ma maison après ce qui est arrivé me donne mal au ventre et j'ai à nouveau envie de vomir. Depuis mon réveil de l'opération, je me sens vaseuse et défoncée à cause des médicaments, mais depuis que j'ai retrouvé mes esprits, je n'arrive plus à me sortir tout ce qui est arrivé.

Le fait que j'ai tué un homme. Que Tony soit de retour dans ma vie après la façon dont notre relation s'est terminée. Que j'ai failli me faire enlever et pire encore. Que j'ai été blessé. Que cette partie de moi, celle qui était encore intacte, tout au fond, soit maintenant souillée.

Je n'arrive pas encore à comprendre que j'ai pu réellement tuer un homme. Je le revois encore se vider de son sang, s'étouffer avec, la mort dans son regard, son corps tombant et devenant vide. Mort. Il est maintenant mort.

Et c'est moi qui l'ai tué.

Alex m'a appris qu'ils avaient caché son corps, que personne ne serait jamais au courant, mais il avait une famille et l'idée qu'ils attendent son retour me brise de l'intérieur. Ça aurait pu être Alex, ça aurait pu être moi, ça aurait pu être n'importe qui.

Et même si je sais au fond de moi que ce n'était que de la légitime défense, que c'était lui ou moi, ça n'excuse pas mon geste. Je lui ai tranché la gorge. Cet acte me hantera toute ma vie.

Je me suis fait opérer dans la nuit, depuis plus d'une demi-journée et je n'arrive pas à penser à autre chose. Alex m'a expliqué que tout le club était à la recherche de Tony, mais je ne sais pas s'ils arriveront à le retrouver. Peut-être qu'il viendra venger son cousin.

Je me suis rappelée où j'avais croisé Leo cette nuit. C'était le soir de l'enterrement de vie de garçon de Tony, il y a quatre ans. Il était présent : je m'en souviens, parce que c'est lui qui avait ouvert la porte et je m'étais surtout dit qu'il était trop jeune pour être à ce genre de fête avec des stripteaseuses. Puis, je l'avais oublié pour me venger de mon infidèle de copain et j'avais oublié son existence. Jusqu'à cette nuit.

Cette nuit où j'y ai mis fin. À son existence. À sa vie. À tout.

Et même si Cassie a passé la journée avec moi, pour me consoler, me parler, Alex aussi, avec Cléa, mais rien n'arrive à me faire penser à quoi que ce soit d'autre.

Il fait encore jour dehors, il est à peine la fin d'après-midi, mais j'ai envie qu'il fasse nuit, que tout le monde parte pour me retrouver seule et pouvoir craquer. Je veux me détester juste quelques heures, sans entendre personne trouver une solution ou une excuse à ce qui est arrivé.

Parce que je sais que je n'ai fait que me défendre. Mais le fait est là : c'est trop pour moi.

— Lia...

Je reste la tête sous la couverture, allongée dos à lui, mais je ne veux plus en parler. Ma maison n'est plus ma maison. Je ne veux plus jamais la voir ou y reposer le pied. Jamais.

— Je ne te demande pas ton avis. Mets-la en vente.

Avant qu'il ne puisse répondre, j'entends des coups contre la porte et je ferme les yeux. Je ne veux pas savoir qui est là. Et quand je l'entends s'ouvrir, j'entends des mouvements et des bruits de frottement de cuir. Beaucoup.