Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 13

Point de vue Eliana

Quand mon réveil sonne, mon esprit est encore dans les profondeurs du sommeil. Je suis encore en train de me faire pilonner par Keir et je ne veux pas quitter ce songe. Pourtant, je finis par ouvrir les yeux et poser mon regard sur le mur face à moi. Il faut plusieurs secondes pour que les souvenirs me reviennent et je réalise que j'ai réellement couché avec lui hier soir.

Merde.

Ça, ce n'était clairement pas prévu. Je suis censée le trouver insupportable et voilà qu'il suffit d'un regard pour que je m'enflamme.

Je sais pertinemment qu'il me plaît depuis son arrivée, de toute façon, ça ne peut pas en être autrement, mais je pensais que j'arriverais à mettre de la distance.

Mais je n'ai pas réussi. Et aujourd'hui, ce qui est le plus douloureux, c'est que j'espère que ça ne sera pas la dernière fois.

Je dois le détester, mais son corps m'appelle si vivement que j'ai envie de pleurer et le supplier. Ce que je ne ferais pas, bien sûr. Mais je suis légèrement fragile de ce côté.

Ma vie sexuelle est morte depuis plusieurs semaines, ce qui me rend vraiment chaude. Et maintenant que j'ai goûté à Keir, je ne sais pas comment je pourrais m'en passer. Son corps semble fait pour le mien.

Je me rappelle distraitement que Cassie voulait savoir son goût, le soir de son arrivée. Et maintenant que j'y ai goûté, je ne peux que lui assurer que ça devient une drogue.

Mais je ne veux pas. Je dois être plus forte. C'était un instant de faiblesse, je suis plus forte que ça, ce n'est qu'un crétin. Un biker, en plus de ça. Je ne dois pas succomber à la tentation !

Je me répète ceci durant de longues minutes, jusqu'au moment où je sors de chez moi, prête à me rendre au boulot et me retrouve devant un bouquet de fleurs posé devant la porte d'entrée. Mon corps s'immobilise.

Ce n'est pas vraiment le principe du bouquet de fleurs qui me rend perplexe, mais le fait que les roses soient noirs. Et surtout, que les initiales du club soient inscrites sur le vase.

Mon sang ne fait qu'un tour et je me sens si humiliée que je ne réfléchis pas avant de les attraper et de les jeter à la poubelle.

J'ai déjà vu des fleurs similaires, surtout quand Alex était un jeune biker qui couchait avec tout ce qui bouge. Il les offrait à ses brebis les lendemains de baise pour les remercier ou je-ne-sais-quoi.

Et là, elles me sont adressées. Comme si j'étais une brebis. Non, pire : la brebis de Keir. Aussitôt, toute la passion et le désir que j'éprouve pour lui disparaissent et la rage la remplace.

Quand je monte sur ma moto, je suis si tendue que même le trajet jusqu'à la librairie n'arrive pas à me détendre. J'ai envie de le tuer de mes propres mains.

J'espère surtout qu'aucun voisin n'a vu ce foutu bouquet de fleurs posé devant chez moi, parce que même le plus jeune civil sait ce que ce bouquet veut dire. Mais ça, je ne suis pas encore prête à l'assumer.

Je n'ai jamais voulu faire ça, ni même coucher avec un de ces bikers. Justement parce que je n'ai jamais voulu être assimilé à l'un d'eux, mais j'ai eu l'idée stupide de le faire avec le plus crétin.

Je ne devrais pas avoir honte d'avoir couché avec un homme, parce que j'en avais envie et même besoin. Pourtant, Keir arrive à me dégoûter de mon propre désir en agissant comme le pire des connards.

Quand Noémie me voit arriver, elle fait la grimace en voyant mon regard noir, mais ne dit rien.

Je commence à préparer la librairie en ignorant bien ses regards et ses tentatives. Elle semble vouloir m'apaiser, ou me faire penser à autre chose, mais je rumine toujours. Je finis même par me trouver tellement désagréable que je roule mes épaules et laisse un soupir échapper mes lèvres.