Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 25

Point de vue Eliana

Je ne sais pas pourquoi je passe deux jours supplémentaires à l'hôpital, sûrement qu'Alex a trouvé des excuses le temps que les choses se tassent et qu'ils aient tous pris le temps de déménager toute ma vie chez Keir.

J'ai demandé que personne ne vienne me voir, sauf Cassie, mais je n'ai voulu voir aucun Black Bikers. Même si je vois souvent Oliver ou Spencer se balader dans le coin, je fais comme si je ne les voyais pas et change de direction.

J'ai utilisé ces deux jours pour voir les autres patients, profitant de toute la journée pour parler notamment avec la tante de Yann qui m'a raconté des nouvelles anecdotes. Puis je suis allée lire des histoires aux enfants.

Ça m'a surtout permis de m'occuper l'esprit. Depuis mon réveil, je n'ai pas réussi à dormir plus de trois heures. Dès que je ferme les yeux, les images de mes agressions se mélangent et je me réveille en hurlant, en pleurant, en sursaut, puis je finis les yeux fixés sur le plafond jusqu'à ce que la journée commence et que je retourne à une vie active pour vider mon esprit.

J'ai soudainement envie de partir quelques jours, loin d'ici, loin des cuirs et des dangers. Malgré le fait d'avoir toujours vécu aux côtés du club, je n'en avais jamais ressenti autant de pression qu'aujourd'hui et je n'arrive plus à le supporter.

Surtout depuis que je sais que je vais vivre chez Keir à partir de ce soir. Alex m'a envoyé un message pour me dire qu'il venait me chercher à dix-huit heures, mais je ne veux pas vraiment partir d'ici.

Je n'ai pas envie de vivre sous la coupe des Black Bikers, ni de vivre chez Keir. Et même si je sais que c'est la seule solution qu'a trouvée Alex pour me protéger et que j'accepte pour le rassurer, je déteste l'idée de dépendre d'eux.

En plus de ça, vu que je ne dors plus, je deviens rapidement irritable et sensible. Hier, j'ai commencé à pleurer devant une publicité et aussi en lisant un album aux enfants, alors que l'histoire était joyeuse.

Je déteste la faiblesse de mon esprit actuellement et je ne sais pas si je pourrais supporter de vivre aux côtés de Keir, en cachant ma fragilité devant lui alors que je n'y arrive pas.

Je suis aussi très tendue, ce qui fait que je me suis disputée avec Trisha ce matin, parce que la voir à l'accueil et toujours focalisé sur son portable m'a agacé. Normalement, je l'ignore royalement, mais ce matin j'ai juste disjoncté et je lui ai hurlé dessus pendant dix minutes.

Je ne regrette pas tellement, mais je ne comprends pas pourquoi je l'ai fait. J'arrive toujours à contrôler mes sentiments, quoi qu'il arrive, mais depuis l'agression, j'ai l'impression que ma vie entière n'a plus aucun cadre et j'ai envie de briser le crâne de toutes les personnes qui me parlent.

Sauf certains patients, heureusement. Alors je passe mon temps avec eux, à flâner, lire des livres, regarder des films, parler de leur vie et de ce qu'ils vont faire en sortant de l'hôpital. Puis, quand la docteure Gray passe par ma chambre, je parle avec elle et il arrive qu'elle me propose de l'accompagner regarder ses opérations ou ses auscultations.

Alors quand j'entends des coups contre ma porte, je fixe mon sac fait et fermé qui est posé sur mon lit, et je regrette de devoir quitter cette réalité alternative. Je n'ai pas envie de plonger dans cette nouvelle vie et cette nouvelle routine.

Pourtant, je finis par attraper l'anse de mon sac et la pose sur mon épaule avant d'aller ouvrir la porte et me mets devant Alex qui tente un sourire.

Quand il me voit, son sourire disparaît et il fronce les sourcils.

— Ça va ?

Je ne sais pas pourquoi il paraît si inquiet, mais ça me donne envie de lui hurler dessus, alors je mords ma langue et hoche simplement la tête en refermant la porte derrière moi. Je lui fais rapidement comprendre que je n'ai pas envie de parler et je me dirige vers l'ascenseur.