VII. Je te déteste

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Kazuko

J'entre dans mon appartement et tire toutes les serrures pour empêcher quiconque d'entrer. Pour l'empêcher d'entrer, lui.
Je me recroqueville contre la porte, pleurant à chaudes larmes. Cette soirée a été un véritable fiasco. Benji vient s'asseoir face à moi, confus devant mon état désastreux. Je pose la tête dans mes genoux, tremblante.

- C'est un vilain. Un vilain ! Et je... je l'aime, hoquetai-je, dévastée.

Au bout d'un certain temps, je prends mon adorable petit chien contre mon coeur. Il lèche mes larmes, pressant sa truffe froide contre ma joue.

- C'est impossible, murmurai-je. On n'a pas le droit de sympathiser, encore moins de s'aimer. Je dois l'oublier.

Il hoche la tête, semblant approuver ma décision. J'enfouis mes doigts dans sa douce fourrure, mes pleurs se tarissent.

Je range soigneusement la robe noire et rouge au fond de mon placard. J'ai allumé mon enceinte pour diffuser les chansons les plus énergiques que j'ai pu trouver, chassant mon accès de désespoir par la musique entraînante.
Je vais ensuite prendre une douche, chantant en cœur avec Boys Like Girls sur Love Drunk, une de mes chansons favorites.

Après un long passage à la salle de bain, je m'assois sur le canapé faisant face à la télévision, hésitant à allumer le journal télévisé dans la crainte de trouver un massacre à la réception héroïque.
Benji vient se blottir sur mes jambes repliées en tailleur, je le caresse d'une main distraite. Et puis tant pis, je l'apprendrai bien d'une manière ou d'une autre, de toute façon. J'attrape la télécommande et appuie sur le bouton rouge. Le petit écran s'illumine, j'écoute une jolie reporter se tenant non loin du Palais des Arts. Une colonne de fumée noire s'élève dans les premières lueurs de l'aube, je déglutis difficilement. Comment s'en sont sortis Hawks et les autres ? Y a-t-il des blessés ?

- La LOV a infiltré le bal masqué donné par la fédération héroïque, dit-elle. Plusieurs bombes ont déjà explosé à l'intérieur du bâtiment, mais les fauteurs de trouble se sont volatilisés après avoir mis le feu à un tas de barils d'essence, explique-t-elle. La plupart de nos héros sont sains et saufs...

Elle continue de parler dans son micro, j'ai un soupir soulagé. Une main se plaque soudain sur ma bouche pour étouffer mon cri de surprise, un bras me maintient contre le canapé.

- Ce n'est que moi.

Je me fige en reconnaissant la voix de Dabi, il me relâche. Je saute sur mes pieds pour lui faire face. Les larmes affluent à mes yeux alors qu'il me rejoint en quelques pas. Mon coeur me lance, ma peine revient en force. Il me prend dans ses bras sans une once d'hésitation, ma douleur s'apaise à l'instant où je pose la tête contre lui. C'est mal. Terriblement mauvais. Mais je ne peux ignorer ce sentiment de paix m'enveloppant chaque fois qu'il se tient à mes côtés. Je n'arrive pas à réfléchir clairement.
Je frappe son torse de mon poing inoffensif, ma confusion se reflète a travers ma colère affligée.

- Je t'avais demandé de ne pas le faire ! sanglotai-je.

- Je sais.

Ses grandes mains chaudes flattent mon dos et mes cheveux. J'ai besoin d'extérioriser le tourbillon d'émotions faisant tourner mes sens comme des girouettes à sa vue.

- Je te déteste... Je déteste t'aimer, reformulai-je, abattue. Ce n'est pas juste. J'ai fait tout ce qu'il fallait, pourquoi je suis encore punie ?

Je me blottis contre lui sans cesser de pleurer, ma poitrine semble entourée d'un étau oppressant. Il m'offre un abri réconfortant et sécurisant, je m'apaise peu à peu. Il glisse ses doigts dans mes cheveux blancs. Je me rassois sur le canapé, il me suit en silence. Cet homme a soufflé mes résolutions comme un fétu de paille emporté par la brise.

Chute d'étoile {Dabi x OC}Where stories live. Discover now