IV. Angoisses

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Kazuko

- Tamashi ! Tamashi !

La voix de Hawks est lointaine, très lointaine. Mais je parviens à tendre l'oreille. Il m'appelle, tout comme j'ai appelé ma mère autrefois. À la seule différence que - contrairement à elle - je suis en vie. Je papillonne des paupières.

- Tu es réveillée ! Ça va ? s'enquiert-il.

J'essaie de me redresser, mais je n'y arrive pas.

- Là, ne bouge pas. Je t'ai trouvée évanouie quand je suis arrivé. Ça faisait un moment que tu étais entrée et je ne te voyais pas à la fenêtre, alors je commençais à m'inquiéter, explique-t-il. Tu pourrais me décrire le vilain qui t'a attaquée ? 

La tête me tourne. Ses lèvres lancent trop de mots anxieux. Je voudrais dormir jusqu'à ce que tous mes souvenirs deviennent meilleurs. Mais ce n'est pas possible.

- C'était un simple squatteur, mens-je, affaiblie. Je l'ai blessé en essayant de l'attraper, mais il s'est enfui. 

Ma capacité à inventer des mensonges avec une telle fluidité me surprend, le petit diable sur mon épaule se félicite de son travail.

- Tu t'es cognée la tête ? suppose-t-il.

- Non, je suis hématophobe, rectifie-je. J'ai une phobie du sang, je m'évanouis quand j'en vois.

Ça, ce n'est pas un mensonge. C'est d'ailleurs pour cette raison en plus de ma sensibilité à la lumière du soleil que je porte un bandeau pendant mes opérations héroïques : pour ne pas voir le sang des blessés.

- Ah, je vois, lâche-t-il dans un soupir.

- Désolée de vous avoir causé du souci, m'excusai-je avec un triste sourire. Et pardon d'avoir échoué à mener la mission à terme. On dirait bien que vous avez gâché votre temps avec moi.

J'essaie de me redresser, mais il arrête la main que je m'apprêtais à porter à mon visage.

- Reste tranquille, ordonne-t-il, préoccupé. Et ferme les yeux.

Je comprends aussitôt. Il y a toujours du sang sur moi. Les mains de l'angoisse se resserrent autour de ma gorge à cette pensée, l'air gagne de moins en moins bien mes poumons. Je me remets à trembler, paniquée. L'image de ma mère effondrée dans une mare de sang tangue devant mes yeux écarquillés par la peur. Tout a disparu, je vois seulement son doux visage maculé de rouge.

- Ne me laisse pas... délirai-je, retombée en enfance. Maman...

- Respire, Tamashi, m'exhorte Hawks. Tu es avec moi, reste là.

Sa voix me retient à peine, je sens qu'il me transporte jusqu'à la douche dépourvue de vitres dans le coin de la pièce. Mes mains paniquées serrent son bras à en faire blanchir mes jointures, exactement comme j'ai serré la main de ma mère. Je revis la scène traumatique.

- Maman ! pleurai-je. Réveille-toi ! Ne pars pas !

De l'eau froide coule sur mes paumes, il essuie mes larmes sans cesser de me parler et frotte mes mains pour en nettoyer toute trace de sang.

Chute d'étoile {Dabi x OC}Where stories live. Discover now