Chute d'étoile {Dabi x OC}

XXVI. Lieutenant

Kazuko

Je m'éveille de mon excursion dans les tréfonds de mon esprit en sursaut. Recroquevillée contre Dabi calé dans un canapé confortable, je sens ses mains brûlantes me maintenir contre lui. Il a posé son long manteau sur mes épaules pour me garder au chaud en cette mi-février et m'a conduite ailleurs pendant ma conversation avec mon alter.

- Allez, laisse-moi toucher ses cornes ! se frustre Toga.

- Oui, laisse-la ! soutient Twice.

- Ne l'approchez pas. Ne la touchez pas. Ne la regardez pas. Sauf si vous voulez finir incinérés, menace Dabi.

- Rah, t'es pas drôle ! râle Toga. Viens, Twice, allons bouder !

- Tout à fait d'accord !

Je saisis me trouver à l'alliance des vilains et ouvre précautionneusement les yeux. Je vois le sang séché sur mes mains posées devant moi et me souviens des hommes que j'ai massacrés. Étrangement, savoir que j'ai tué ne me fait ni chaud ni froid. Je ne pense pas avoir fait quelque chose de mal. J'ai rétabli la justice. Ma justice.

- Elle est réveillée, constate Spinner.

- Bien le bonjour, mademoiselle !

Installé dans un fauteuil pourpre, c'est Mr. Compress qui vient de parler. Il m'adresse un grand sourire et lève son chapeau à mon intention. Dabi resserre sa prise autour de moi comme pour me protéger de ses camarades. Je reconnais les visages les plus recherchés du Japon autour de moi. La télévision grésille dans un coin, je lui prête une vague attention.
Mon visage s'affiche à l'écran. La voix d'un journaliste s'élève dans la pièce.

- L'héroïne Morphin, Tamashi Kazuko de son nom de naissance, est recherchée pour le meurtre de quinze hommes, informe-t-il. C'est une petite femme aux longs cheveux blancs et corpulence moyenne.

Quelques images défilent.

- Au vu du champ de ruines laissé sur son passage, les autorités déconseillent fortement de l'aborder seul. Si vous disposez d'informations pouvant contribuer à sa capture, contactez le zéro neuf...

Ça y est, c'est terminé. Je savais bien que ça arriverait un jour, mais je ne pensais pas que ma relation avec Dabi me mènerait aussi vite à devenir une vilaine.
Toga lève soudain les volets de la fenêtre installée face à nous, souriant de toutes ses dents.

- Tu as tellement changé, je veux te voir à la lumière du jour ! s'exclame-t-elle, enjouée.

Je lève une main pour cacher mes yeux sensibles, mais trop tard. Les rayons de l'astre solaire atteignent mes prunelles. Résignée, j'attends la douleur. Mais cette dernière ne vient pas. Je regarde par la fenêtre, confuse. Le ciel d'hiver est d'un superbe bleu fumé, des traînées blanches s'étirent dans ce tableau que je contemple pour la première fois de ma vie. Dabi m'observe, un peu crispé. Je ne détourne plus le regard de ce spectacle naturel, absorbée dans sa contemplation. Le voile opaque de la nuit a disparu, laissant place à la beauté du jour.

- Je vois le soleil. Dabi, je vois les couleurs correctement.

- Je sais.

De grosses larmes dévalent mes joues, je ne me détourne pas de la fenêtre. La réalisation des deniers événements me rattrape, et avec elle le déchirant chagrin y étant lié.

- Mai est morte, murmurai-je. Lilith aussi. J'ai tué des tas de gens.

- Je sais, répète-t-il, stoïque.

Je me tourne vers lui. Ses prunelles aigue-marine me paraissent encore plus clair, à la lumière du jour. Je prends son visage dans mes mains, subjuguée. Il me laisse faire, calme.