Chapitre 39

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Nous voilà tous les trois dans mon appartement, il est tard et nous devons tirer cette affaire au clair. Max nous a rejoints vers 20h, il est seul.

Une bouteille de vin est ouverte sur la table. Les deux hommes se servent pendant que je range les derniers strips que j'ai utilisés pour « recoudre » l'arcade de mon fiancé.

Fiancé... houlala, je ne m'en remets toujours pas.

- Un verre ? Max ?

- Oui avec joie.

Je ne tiens plus en place et j'entame les hostilités d'un coup sec.

- C'est qui ?

Max est songeur en buvant sa gorgée de vin.

- Mia...

Arnaud ne semble pas aussi surpris que moi, mais ne dit pourtant rien.

- Pardon ?

- Oui, après notre discussion au château, j'ai cherché de mon côté. J'avoue avoir eu du mal à faire le rapprochement, mais oui c'est bien elle. Delatre ? Vous ne paraissez pas étonné.

- Non, en effet. L'avantage de mon job, c'est qu'on se rend compte rapidement à qui l'on a affaire. Et votre femme n'est pas très difficile à cerner...

- Vous parlez de vos avances et de la manière dont elle y a répondu, n'est-ce pas ?

- En effet, et j'en suis sincèrement désolé. Au moins, vous avez les idées claires avec elle.

Max soupire et se cale au fond du canapé.

- Je me suis fait berner comme un crétin. Comme quoi, il doit y avoir une justice finalement.

- Je vous trouve bien dur avec vous-même. Ce genre de fille passe maitre dans l'art de la traitrise et de la manipulation.

- Mouais, si vous le dites. En attendant, je n'ai rien vu venir depuis des années. Elle a bien œuvré pour me séduire, pour détourner l'argent, mais le pire c'est que tout converge dans ma direction. Toutes les preuves sont contre moi, je ne peux rien justifier.

- Elle avait accès à vos mails privés ?

- Oui, c'est ma femme, mais aussi ma secrétaire, elle disait que c'était important pour gérer les dossiers. De plus, j'ai signé des trucs que je n'aurais pas dus. J'ai été plus que con dans cette affaire.

J'écoute le dialogue en me rongeant nerveusement un ongle, quelle petite saleté, je vous jure.

- Elle se doute de quelque chose ?

- Non, je ne crois pas, Mia pêche souvent par vanité. J'ai dit que ce soir je devais faire des heures sup. De son côté, elle est sortie avec ses amies.

- Vous avez un plan pour la confondre ?

- Non. C'est bien le drame.

Le silence s'installe entre nous, puis d'un coup, je prends la parole.

- Tu as fait un contrat de mariage ?

- Oui, et j'ai mis une clause qui stipule que s'il m'arrivait quelque chose, elle récupèrerait mes parts de la société.

- Ha, ben merde.

- Comme tu dis.

- Et ces comptes où elle a viré l'argent, on ne peut pas savoir où ils sont.

- Ce sont des comptes prépayés jetables à mon nom sans doute. Elle fait transiter le fric par là et l'envoie sur un autre compte. Tous les ordres de virements ont été donnés par moi et avec ta ou ma signature, donc si l'on en parle ou si elle en parle, c'est moi qui vais prendre. Elle aura tout le loisir de nier et on la croira puisqu'elle n'est pas censée prendre ce genre de décision. Du coup, si je pars en prison ou que je quitte Mode&Gliani, elle prendra tacitement ma place dans la boite. Sans compter qu'elle peut aussi se retourner contre toi, Éva.

- Fait chier !

- Franchement, je pense qu'on ne retrouvera jamais l'argent, mais il va falloir trouver un moyen de la faire tomber dans un piège pour qu'elle se dévoile et qu'on ait des preuves pour nous blanchir.

Arnaud intervient.

- Donc ce que nous savons c'est qu'elle a l'habitude de détourner des sommes d'argent régulièrement. Mes recherches m'ont menée à un constat, elle le fait tous les quinze jours et en moyenne pour des montants n'excédant pas 10.000 euros. Il est facile d'anticiper.

- Oui, mais si l'on stoppe les virements elle va se douter de quelque chose, non ?

- Je n'ai pas dit qu'il fallait stopper, j'ai simplement dit qu'il fallait la coincer au bon moment...

Mon bel amant étire un malicieux sourire qui interpelle Max.

- Delatre, je sens que vous avez une idée.

- Peut-être... La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était quand elle a affirmé que j'étais un escroc qui en voulait à l'argent d'Éva. Le père d'Éva quant à lui m'a jeté comme un malpropre. Donc, je suis censé me retrouver sans un sou et aux abois, non ?

- Arnaud vous êtes génial...

De quoi ? Quoi ? Il est génial de quoi ? Là ? Je n'ai rien capté !

J'attends la suite avec impatience, mais c'est Max qui me donne le coup de grâce.

- Éva, Arnaud va recontacter Mia et va tenter de la draguer pour la forcer à montrer une preuve. Elle va dévoiler son petit business parallèle et hop, on va la piéger.

- C'est une blague ? Tu ne vas pas recommencer ?

Je m'affole, je suis contre, c'est n'importe quoi... Une belle idée à la con ! J'vous jure !

- Non, je suis contre !

- Éva ne t'inquiète pas, je ne coucherai pas avec elle. Enfin, je ferai tout pour l'éviter...

- Éviter ? Non, mais merde là ! Tu t'entends ? C'est une blague ?

Je ricane nerveusement.

- De toute manière, ce plan est absurde, elle ne va pas mordre à l'hameçon. Je te rappelle qu'elle voulait coucher avec le secrétaire de direction et pas l'escort ! Elle va se méfier, c'est certain !

- Pas si tu tiens le plus beau rôle de toute ta vie, mon cœur.

Il vient de s'avancer au-dessus de moi et tente de m'embrasser sur le front, mais je recule d'un coup pour l'éviter et surtout pour montrer ma désapprobation.

- Je ne suis pas d'accord. Et puis qui te dit qu'elle acceptera de tromper Max ?

- D'abord, je suis un pro, je sais comment faire avec ce genre de nana. Elle a une revanche à prendre contre toi, et crois-moi, elle ne va pas se gêner pour la prendre.

- Admettons, et ensuite ?

- Ensuite, je vais m'arranger pour qu'elle montre ses réserves illicites d'argent devant moi, ou qu'elle en parle. J'aurais un mouchard pour que vous soyez au courant du moindre de nos actions. Et l'on agira en conséquence.

- Ça ne fonctionnera jamais, je te le dis !

Max prend la parole.

- On n'a pas trente-six options, celle-ci me parait parfaite. En plus, je serai là pour prendre des photos compromettantes avec Arnaud, j'aurai un moyen de pression supplémentaire pour qu'elle disparaisse de la circulation sans faire de vague.

- À vous entendre, tout va bien se passer ? C'est un plan d'enfer !

- Oui, il faut en revanche que demain matin tu fasses le show. Tu dois faire croire que je suis le plus gros des salops et que Mia avait raison. Débrouille-toi comme tu veux, mais soit hyper convaincante... Elle doit penser réellement que je me suis bien foutu de ta gueule et que je suis de nouveau escort.

Je souffle en voyant les deux hommes se pencher vers moi, puis finis par dire à contrecœur.

- OK, très bien. Mais j'espère que vous savez ce que vous faites...

MB MORGANE - Mon escort est un pauvre #%@$ ! [Terminé]حيث تعيش القصص. اكتشف الآن