La plainte

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- Sisley, Anderson, Avocett... Whinton ! lut Annabelle. Whinton, c'est là !

Elle ne pur s'empêcher de ressentir une certaine appréhension à l'idée de sonner chez une inconnue.
La petite troupe s'était arrêtée devant un petit portail de bois brun, qui délimitant un jardin à l'air entretenu : les fleurs colorées et les buis qui le composaient étaient parfaitement taillés. Un homme, agenouillé dans un buisson de rosiers, leva la tête lorsqu'il entendit des éclats de voix au portail.
Il se releva, épousseta son pantalon plein de branchages et alla à la rencontré des nouveaux venus.
- Salut, les enfants ! dit-il d'un ton jovial. Madame. (Il leva les yeux sur Mary Poppins) Vous désirez ?
- Bonjour monsieur, nous souhaitons parler à Mme. Whinton, s'il vous plaît.

Le visage de l'homme s'éclaira alors qu'il leur ouvrait le portail.
- De la visite ! s'exclama-t-il. Ah ça, Madame va être contente. C'est qu'elle en reçoit pas beaucoup, v'voyez... Y'a bien la femme de ménage tous les jours, mais à part ça, c'est le grand vide. Vous savez, je fais qu'entretenir le jardin, hein... À propos, moi, c'est Robertson.

Le discours franc et intarissable du jardinier tira un sourire aux enfants. Il fouilla dans sa poche, où tinta un trousseau de clefs.

- Et vous, alors ? Vous êtes de la famille de Madame ?
- Euh... hésita Annabelle.

Valait-il mieux mentir ou dire la vérité ? Elle eut un regard suppliant envers Mary Poppins, laquelle s'apprêtait à répondre, lorsqu'une voix sortit les enfants de l'embarras.
- C'est ouvert !

Robertson rangea ses clefs et poussa la porte.
- Vous avez d'la visite ! annonça-t-il gaiement. J'vous laisse, j'ai les rosiers qui attendent.

Intimidés par le départ du jardinier, les enfants avancèrent d'un pas hésitant dans la demeure. Ils penétrèrent dans un salon si immense qu'ils crurent que leur propre maison y tiendrait. La salle portait de nombreuses étagères et meubles en bois couverts de bibelots, figures et autres vases. Annabelle eut une pensée pour sa tante : nettoyer un tel endroit devait être incroyablement fastidieux.
Assise sur un fauteuil en tissu, une vieille femme tricotait ce qui ressemblait à une écharpe jaune et rouge, maille après maille. Complètement à son ouvrage, elle ne leva même pas la tête à la venue des enfants.
- Ma... Madame ? osa appeler John.

Elle posa enfin ses yeux d'argent sur les arrivants, et ses lèvres ridées s'étirèrent en un sourire.
- Bonjour, Mary Poppins. Quant à vous, mes enfants... (elle cligna des yeux) Ma mémoire doit me jouer un tour, mais je ne me souviens plus de vos noms !

Elle rit de sa propre honnêteté et posa son tricot sur l'accoudoir du fauteuil. Georgie fronça les sourcils. Tout le monde connaissait Mary Poppins, décidément !
- Nous sommes désolés de ce malentendu... commença Annabelle. En vérité, nous sommes les neveux et nièce de Jeanne Banks.
- Jeanne Banks ! La petite qui vient pour le ménage, c'est bien ça ?

Ils hochèrent la tête. Georgie retint un éclat de rire. Il ne voyait pas sa tante comme "petite" !

- Mais vous n'allez pas rester debout toute la journée ! reprit Mme. Whinton. Asseyez-vous donc devant une tasse de thé. Je reçois si rarement... Mary Poppins, vous savez où sont les services.

Une fois tout le monde attablé devant une tasse à fleurs, Mme. Whinton poursuivit :
- Où en étais-je déjà ? Ah oui. Jeanne Banks. Travailleuse. Charmante. Réfléchie. Allez, dites-moi : qu'est-ce qui vous amène ?

Les enfants Banks échangèrent un regard perplexe. Ce n'était pas l'attitude qu'ils attendaient de quelqu'un qui s'était plaint des services de leur tante !
- Jeanne Banks a malheureusement perdu son travail, informa Mary Poppins.

Mary Poppins en coup de vent [TERMINÉ]Where stories live. Discover now