Chapitre 5

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Il fut un temps ou je ne jurais que par les médecins, par les médicaments et le besoin d'assistance au quotidien. Quand on vient au monde en tant qu'humain lambda, on est doté d'une capacité à faire fonctionner ses poumons et donc à respirer de manière simple et qui devient au fil des secondes une habitude parmi tant d'autres. Aucune personne sans problème respiratoire ne doit se demander toutes les dix minutes, est-ce que mes poumons fonctionnent ? Est-ce que je respire correctement ? Je respire trop vite ou trop lentement la maintenant ? Pendant un moment je n'ai pas arrêté de me poser cette question.

J'avais besoin qu'on soit là pour me rassurer, j'avais besoin de sentir l'air traverser ma gorge pour me sentir bien. Ce sentiment de respirer de l'air frais alors que finalement ce n'était que les machines qui vous maintenait en vie à longueur de journée et de nuit qui vous offrait cette sensation. Pendant de longues années mes parents on dut dépenser des milliers et des milliers de dollars face à l'incapacité de leur fille à respirer correctement.

On finit par penser que c'est normal, on finit même par s'en sortir, à pouvoir courir comme tous les enfants à l'école ou encore à faire de la natation et mettre sa tête sous l'eau sans avoir peur de ne plus pouvoir reprendre son souffle. Tout va bien dans le meilleur des mondes et tout le monde pense que cette satanée histoire est désormais derrière nous, que je suis redevenue un enfant dit normal. Et puis... vient l'adolescence. Ses années où on va apprendre ce que veut dire le mot détesté, dégoût, stress, angoisse, tristesse, colère, manque de temps, ennuyant voudront dire. Ce moment de notre vie ou tout va mal pour le pire des cas, et tout va ne serait-ce que un petit peu mieux dans le meilleur. Ce moment où tu as l'impression de donner 100% de toi à tout le monde et d'être à la fois incapable de recharger les batteries. Ce moment où tu te sens obligé de prendre un médicament pour t'endormir le soir, celui ou douze heures de sommeil ne te suffise pas.

Juste ce seul et unique moment ou les crises d'angoisses deviennent tout, absolument tout, sauf une chose rare et unique. La douleur est là, et on en deviens dépendant. Une douleur émotionnelle mais non physique, mais qui avec le temps commence à s'attaquer à ton cœur, à ta façon de respirer, ou encore à ta tête que tu sens de plus en plus lourde.

Ce moment ou tout le monde s'en fiche d'avoir eu un A en mathématique, mais tout le monde angoisse à l'idée de rentrer à l'école sans la dernière paire de basket, ou bien le dernier sac à main ou encore la dernière coiffure à la mode. Tout le monde devient obsessionnel et honteux de la moindre chose, et alors les crises d'angoisse font leurs apparitions. Tu as vite l'impression d'être différente et de n'être de nouveau considéré comme quelqu'un de pas normal. Tes amis sont là mais ce n'est pas suffisant, tu cherches beaucoup plus d'attention, tu cherches à plaire à tout le monde et n'importe qui en même temps.

Et finalement vient le moment ou tu donnerais n'importe quoi pour redevenir la petite fille de six ans qui n'avait que pour préoccupation sa respiration. Tu donnerais absolument tout ton argent, tout ton bonheur pour vivre ne serait-ce que quelques secondes d'innocence et de non-contrôle sur soi-même. Et puis tu finis par attirer l'attention de quelqu'un. Tu attires tellement son attention que le bonheur refait son apparition, les petits sourires de bon matin ou encore les rires du soir que tu croyais ne jamais pouvoir récupérer. Le temps passe et tu réapprends à être heureuse grâce à cette personne, le temps passe et les avis de tout le monde commencent à prendre beaucoup trop de place dans ta tête. Alors tu reviens au point de départ, celui qui te fait redevenir quelqu'un de seule, seule mais avec cette personne à tes côtés. Non, juste seule.

Le lendemain matin je me fais réveiller par les rayons de soleil qui s'introduise dans ma chambre, durant ce genre de journée j'essaye de profiter un maximum pour prendre l'air et juste profité un peu du beau temps. Je saute de mon lit en faisant attention à décaler mon petit chaton sur le côté le laissant au chaud dans les draps. J'ouvre les rideaux ainsi que ma fenêtre avant de passer ma tête à l'extérieur et respirer quelques secondes le grand air.

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