Chapitre 4

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Je rentre à l'intérieur rapidement sans faire attention à la neige que j'étale dans l'entrée de ma maison. Je me stoppe instantanément devant la porte de mon salon. Un homme est assis dans mon canapé, dos a moi, la tête baissée sur... mon chat endormi sur ses genoux. Derek. Il me faut plusieurs minutes pour reprendre mon souffle ainsi qu'arrêter les tremblements dans mon corps ou encore les battements de mon cœur effréné qui s'attendait a tout sauf à cette intrusion.

— Derek ? Comment est-ce que tu es entrée, la porte était fermée.

Je retire mes bottes ainsi que mon manteau avant de les déposer à l'entrée sur les escaliers décidant que j'allais m'en occuper bien plus tard. Je m'approche lentement du canapé avant d'en faire le tour en passant une main dans mes cheveux le teint livide et l'impression que je vais m'évanouir. Après quelques secondes il fini par pointer la porte de la cuisine qui mène vers l'arrière de mon jardin puis la forêt.

— Écoute Derek, tu ne peux pas rentrer chez moi comme ça sans me demander l'autorisation, et encore moins quand je ne suis pas là.

Je ne sais pas quel genre de réaction je suis supposée avoir avec lui, si ça avait été n'importe qui d'autre j'aurais été énerver et sûrement au bord de la crise de larme. Mais si je me mets à pleurer devant lui je ne crois pas que ça m'aiderait dans cette situation plus qu'improbable. Il continue de caresser mon chat sans prêter attention à ma présence dans la pièce comme si cela ne compte pas pour lui. Il ne parle pas, et c'est difficile pour moi qui ne suis jamais confrontée à ce genre de situation de parler sans le brusquer ou dire quelque chose qui pourrait l'énerver.

Je soupire faiblement en allant fermer à clef la porte de la cuisine avant de ranger les clefs dans un pot de biscuit posé près de l'évier. J'allume la bouilloire dans l'optique de me préparer un autre thé ce qui me fera le plus grands des biens. Je tourne la tête vers Derek qui n'a toujours pas bougé de mon canapé fasciné par l'animal de compagnie qui se trouve sur ses genoux. Je me concentre de nouveau sur mon thé que je m'applique à préparer correctement comme toujours.

— Est-ce que tu veux manger quelque chose ? Tu veux boire un thé ? J'ai des gâteaux si tu veux ?

Je me retourne une seconde fois pour attendre sa réponse, mais cette fois-ci je manque de faire tomber ma tasse brûlante. L'eau coule sur mes mains me faisant grimacer de douleur alors que je m'empresse de poser celle-ci dans l'évier de la cuisine avant de passer de l'eau froide sur mes mains. Il est silencieux ! Il bouge dans un silence des plus complets, il y a dix secondes encore il se trouvait assis sur mon canapé. Et maintenant il est assis en tailleur sur mon îlot central.

Les yeux fermés il me faut quelques secondes pour reprendre mon souffle et supprimer les picotements de brûlure sur ma peau rouge. Ce n'est pas possible, chacun de ses mouvements provoque chez moi un mini-arrêt cardiaque. Il est grand, musclée, il prend de la place, beaucoup plus de place que moi, comment est-ce qu'il peut être aussi silencieux quand il marche ?

— Je vais te préparer à manger ensuite tu vas retourner chez toi, tes frères doivent s'inquiéter de ne pas te voir à la maison. Je garde une voix calme en me rassurant sur le fait que ça soit la première fois que je négocie avec quelqu'un qui n'a pas toute sa tête selon les dires de ses frères.

J'ouvre mon frigo et commence à préparer le déjeuner optant pour quelque chose de simple mais de bon. Des hamburgers, ça fait longtemps que je n'en ai pas mangés et autant le partager avec quelqu'un. Durant tout le long ou je prépare le repas Derek me regarde faire, il finit par descendre de l'îlot pour tourner autour de moi sa tête par-dessus mon épaule et les mains dans les poches. Il agit de cette manière de longues minutes jusqu'à ce que je dépose les frites dans son assiette à côté de son hamburger. Je lui propose des sauces qu'il décline en secouant de la tête avant de récupérer son assiette et aller s'installer dans mon canapé une nouvelle fois.

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