Ombres féroces - partie 1 (VERSION 2)

181 44 63
                                    

IXEN


Comme promis, le lendemain matin, je le secouai sans retenue dès les premiers rayons de soleil. J'y mis tant d'ardeur que Nessa ouvrit elle aussi un œil. Mais elle roula des yeux et se rallongea en découvrant que tout ce tintamarre ne venait que de nous deux.

— Enfile ça, déclarai-je en jetant des vêtements sur les genoux d'Erich.

Il les réceptionna maladroitement et les examina. La tunique ne lui était pas inconnue avec sa coupe asymétrique, bien que d'un tissu moins précieux que celles du temps où il était prince. Il jeta au sol son haut sale qu'il traînait depuis Amira et s'empressa de l'enfiler. Il vérifia d'un coup d'œil que sa sœur dormait à nouveau et retira son bas. Il sauta sans attendre dans le nouveau qui lui tira une mimique perplexe alors qu'il le montait à sa taille.

— Il est un peu court, siffla-t-il en jetant un coup d'œil à ses mollets nus.

— Détrompe-toi. Les journées sont chaudes en cette saison. Tu te sentiras mieux avec les jambes ventilées.

Erich acquiesça, bien que mal à l'aise avec ce concept de pantalon aux jambes raccourcies.

— Ne t'inquiète pas, ajoutai-je alors qu'il fermait le haut d'une boucle en cuir. C'est une tenue typique que portent les Askaziens. Tu en croiseras bon nombre vêtu à l'identique.

— Je te fais confiance, m'assura-t-il en ajustant le col de sa tunique.

Il lissa les courtes manches qui tombaient sur ses épaules et se rassit sur le canapé pour enfiler ses chaussures.

— Je les aurais pensées plus légères vu le bas, avoua-t-il alors que les bottes remontaient au-dessus de ses chevilles en de solides languettes de cuir.

— Pour des journées calmes oui. Mais tu auras besoin de bons appuis et de chevilles bien protégées. N'oublie pas que Rodürz est bâtie contre les flancs de la chaîne montagneuse.

Erich se leva et me coula un regard malin.

— Étrange alors que tu portes une coquette tenue de coton fin ?

— Je ne vais pas me salir contrairement à toi, grommelai-je. Je n'allais pas me fatiguer à invoquer des vêtements raffinés que tu vas mettre en lambeaux avant la fin de la matinée.

Mes mots le surprirent.

— Je pensais que le maître des lieux t'avait offert ces vêtements.

— Pas du tout, avouai-je en appuyant mes mots d'un balancement de tête. Mais trêve de bavardage. Suis-moi.

Le jeune homme glissa un baiser sur le front de sa sœur assoupie et nous sortîmes. Je pensais rejoindre rapidement notre destination, mais point que j'avais oublié, Erich était d'un naturel curieux. Nous ne parcourions pas vingt mètres qu'il me questionnait au sujet de ce qui nous entourait. Il s'étonna en premiers lieux de la quantité ahurissante de métal qui renforçait le Darakan. Il était vrai que pour un originaire de Dorsük qui comptait très peu de mines, ce matériau restait précieux et réservé en grande partie pour la forge d'armes. À Askaz, la chaîne de montagnes qui entourait la capitale était à l'inverse pourvue d'une quantité de minerais invraisemblable. Et il n'y avait pas que le fer. Cuivre, argent, pierres précieuses et or coulaient à flots en ces terres. Erich s'en rendit rapidement compte alors que de nombreux bibelots dorés ornaient les couloirs du Darakan. Ils se firent néanmoins un peu plus rares dans les rues de Rodürz.

— Cette ville est... prodigieuse ! siffla le jeune homme alors que nous descendions l'allée principale.

Creusée dans la roche même de la montagne, elle sinuait le long de ses reliefs, chevauchant par endroits ses monts, ou par d'autres les transperçant de tunnels renforcés. De nombreuses bâtisses l'encadraient, grimpant sans peur sur plusieurs étages.

Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [EDITE sélection neovel]Where stories live. Discover now