Nouveaux horizons - partie 2 (VERSION 2)

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Dehors, à plusieurs kilomètres sous notre cabine, défilaient les plaines sauvages d'Aranir. Leur nom venait du vieux dragon que les premiers hommes d'Askaz rencontrèrent avant de s'établir le long de la chaîne montagneuse. Il était l'origine même des croyances askaziennes. À ce jour, Aranir, mon père et créateur, vivait encore. Bien que cela fît des années que je ne l'avais pas vu...

Et je m'en portais mieux !

Loin de lui, l'unique détenteur de la chose qui pouvait mettre fin au cycle infinie de nos renaissances si nous le dérangions trop.

Même si j'ai réussi l'exploit d'entacher mon immortalité tout seul, pensai-je, amer.

— Tu es bien silencieux, fit remarquer Erich. La nostalgie ?

— Pas vraiment. Je m'inquiète de la réaction des soldats d'Aimeric, mentis-je.

— Personnellement, je m'étonne davantage de celle des Askaziens. Pour des ennemis, nous sommes toujours reçus avec courtoisie. Nous le sommes même mieux que lorsque nous avons croisé les hommes du seigneur de Roux. C'est le monde à l'envers !

— Les peuples d'Askaz traitent toujours avec respect les messagers. Ils pensent qu'aller à l'encontre de cette coutume apportera le malheur sur leur cité.

— Alors nous ne risquons rien. Arrête de t'inquiéter outre mesure pour des broutilles.

— Des broutilles ? répétai-je, furieux. Les soldats qui nous accompagnaient nous ont abandonnés dès que l'occasion s'est présentée ! Jamais ils ne rallieront Amira et n'en reviendront avant que nous n'ayons fini de négocier avec Ahédan.

— Et nous n'avons pas besoin d'eux pour revenir à Amira, trancha Erich avec calme.

Comme toujours, il était borné. Mais je n'insistai pas. Mes craintes étaient fondées sur un simple pressentiment. Rien d'assez solide pour forcer Erich à s'inquiéter lui aussi au sujet des soldats d'Aimeric. Lire la missive éclairerait mes craintes, mais je n'arrivais pas à me résigner à la demander au jeune homme.

Les heures s'écoulèrent et le soleil dissimula ses rayons derrière la chaîne montagneuse. Il offrait un ciel aux tons chauds des plus envoûtants. Je me laissai à admirer les nuages colorés qui couvraient les plaines, quand Erich se jeta contre le hublot de la cabine. Je sursautai alors que le jeune homme fixait avec émerveillement le paysage.

— C'est Rodürz ? s'enquit-il d'un souffle.

Je me glissai contre la cloison et jetai un œil vers l'avant. En effet, nous apercevions enfin la capitale d'Askaz. Elle était un complexe enchevêtrement de cabanes en bois, de ponts suspendus et de fins sentiers rocheux qui zigzaguaient le long des falaises. De nombreux flambeaux éclairaient les chemins, donnant à la ville des allures féeriques.

Mais le plus impressionnant restait le colossal aéronef qui surplombait la cité. À l'image d'un navire de guerre, deux étages de ponts remplaçaient ses voiles. La proue et la poupe étaient renforcées de longues lances acérées, prêtes à empaler les idiots qui espéreraient l'approcher. Ses bâbords et tribords restaient en revanche de matière plus sobre, mais munie d'innombrables ponts d'envol pour les créatures volantes des Askaziens. Erich en connaissait surtout les vouivres et griffons, mais ils en comptaient bien d'autres toutes aussi redoutables.

— Comment ce truc peut-il voler ? souffla le jeune homme ahuri. Il est trois fois plus gros que le château de mon père !

— Tu as en face de toi le Darakan. Le bijou alliant avec sagesse la technologie des Askaziens et la magie des créatures qu'ils domptent. Je serais en revanche bien incapable de te dire comment il stagne dans les airs. Il paraîtrait qu'il a été assemblé autour d'une créature volante, mais j'ignore si les rumeurs sont véridiques. Cette pauvre bête serait d'ailleurs âgée de bien trop de siècles pour être encore en vie.

Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [EDITE sélection neovel]Where stories live. Discover now