Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [EDITE sélection neovel]

Nouvelle voie - partie 2 (VERSION 2)

Plus que la vie d'Erich, la mienne se trouvait menacée.

Je ne me réincarnerai pas si je meurs...

Le cœur battant plus fort que l'orage qui grondait au-dessus de la surface, je compris que je n'avais plus le choix. Je devais reprendre mes traits draconiques. Si cela était encore possible... Mais si mon âme fragmentée le permettait, mon enveloppe humanoïde risquait de ne pas supporter la charge magique et d'éclater vers un trépas abrupt.

Je mourrai aussi, noyé, si je ne tente rien. Si seulement j'avais récupéré ce fragment plutôt que de jouer les sentimentaux... nous n'en serions pas là. Erich, comme moi.

Il ne me restait plus qu'à prier pour que ce corps ait assez mûri et tienne le coup.

Dans une puissante vague magique, je l'abandonnai.

Je sentis mon âme frémir.

Le chairs s'arrachèrent.

Et mon corps mua !

Sauvé !

Des échardes aux écailles vermillon surgirent et reconstituèrent mon être aussi puissant qu'ancien qui définissait mon identité.

Bien trop proche de la surface pour ma carcasse de dragon, ma dorsale hérissée d'épines noires heurta la coque du navire. Elle la transperça sans que je ne m'en soucie guère. La caraque était perdue avant cela.

De mes puissantes pattes reptiliennes, je me propulsai vers l'avant. Ma longue queue me servait de gouvernail, quand elle ne chassait pas les débris et autres matériaux gênants que l'océan remuait. Et il y en avait masse. Mes pupilles, recouvertes d'une mince paupière translucide, me permettaient de les voir clairement malgré l'obscurité ambiante. Je discernai Erich sans mal, à quelques mètres de ma large gueule écailleuse.

Son cœur battait encore !

Mes sens draconiques ne pouvaient se tromper.

Je coinçai son corps au creux d'une de mes pattes et remontai sans attendre vers la surface.

L'eau explosa tel un geyser alors que je surgissais à l'air libre. Je déployai mes ailes au milieu des éclairs qui grondaient furieusement. Il ne faisait pas bon de voler trop longtemps ! D'autant plus que je ne tenais pas à ce qu'Erich me découvre ainsi. Je devais me poser en lieux sûrs avant qu'il reprenne connaissance. Ma magie dégageait ses poumons de l'eau salée de l'océan, tandis que je survolais en rase-motte les eaux agitées.

Sous ma forme draconique, je perçus une puissante aura magique dans le cœur de la tempête. Nous devions ce sale temps à un oiseau-tonnerre, majestueux rapace à l'envergure intimidante dont le plumage noir de nuit voyait ses pointes teintées d'un bleu électrique. Je lui aurais volontiers flambé les plumes pour leur ajouter une teinte plus chaude, mais ce n'était guère le moment. Et il n'était pas judicieux d'interférer dans les lois de la nature. Aussi contraignantes étaient-elles envers moi, si je ne souhaitais pas avoir ma famille draconique sur le dos avec leurs satanés sermons...

Et de leurs railleries s'ils découvrent que je reste mortel par égard de la survit d'un humain.

En quelques coups d'ailes, je survolais les premiers récifs. Alignés en une courbe traîtresse d'îlots rocheux, je reconnus les contours de la pointe nord-ouest d'Askaz. Les peuples d'ici la nommaient la chevelure du phénix. Elle était comme la queue enflammée de cet oiseau légendaire, aussi insaisissable que dangereuse. De nombreux navires avaient coulé contre les falaises imprévisibles de ces îlots trop étroits pour y établir un camp, mais trop larges pour être ignorés.