Le lieutenant Madden Eastley a tué exactement 147 personnes dans sa vie, a couché avec la femme de son meilleur ami, l'a quitté lorsque celui-ci s'est suicidé... en bref : il mérite d'aller en enfer.
Quelque chose qu'il finira très vite par faire, c...
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La solitude siffle presque autour de nous. On entend nos pas résonner sur le marbre du sol alors que nous passons dans le couloirs dénués de portes, scandant notre manque de Jugement Dernier comme une fierté.
Madden et moi, main dans la main, des limbes au Purgatoire.
N'est-ce pas macabrement romantique ?
Une fois qu'on arrive à l'acropole de lumière, Madden me lâche brièvement la main pour se débarrasser de sa veste et de sa cravate. Et tandis qu'il s'occupe de redresser les manches de sa chemise sur les plis veineux de ses coudes, je m'écroule dans le canapé et rejette mes talons sur le tapis. Je pose mon menton sur mon poing serré et fait papillonner mes yeux sur mon amant mortel, debout devant moi. Le front froncé sous sa concentration, il a l'air figé dans l'instant. Les rayons de la lumière céleste l'illuminent en brefs faisceaux et font apparaître en semi-clarté les mèches qui dépassent de son chignon. Les muscles roulent sous son vêtement sous ses gestes minutieux et lorsqu'il se retourne vers moi...
Et bien...
Pendant un instant, rien qu'un instant, je ne comprends pas bien ce qu'il fait là.
Il m'a presque l'air angélique.
En dix jours, j'ai appris à fermement y croire, du moins.
Son sourire s'élargit lorsqu'il se met à genoux devant moi et qu'il me saisit le visage entre ses mains généreuses.
— Hey.
— Hey.
Toutes nos conversations ont commencé comme ça, depuis notre rencontre. Et un sourire s'ensuit, en général.
Mais pas cette fois-ci.
Je vois l'appréhension et la crainte l'envelopper comme les auréoles autour des têtes des anges et archanges lorsqu'ils passent le pas des portes des damnés.
Les secondes, les minutes, voire les heures nous sont comptés. Je peux littéralement percevoir l'horloge se dessiner sur son visage. Les aiguilles de notre destinée se suivant, affolées, affamées par la fin du terme.
Je ne veux pas d'un terme.
Je ne veux pas d'une onzième journée au supplice.
— Madden...
— Rhym...
— Je n'ai pas envie que tu me dises quoi que ce soit. Car je sais que tu vas me poser des questions que je ne peux possiblement répondre.
— Ah ? Comme laquelle, par exemple ?
Je décolle ses mains de mes joues et les garde entre les miennes, embrassant ses doigts avec autant de douceur que possible.
— Comme... Pourquoi je suis encore là ? Alors que la gamine, qui s'était fait la même chose pour mériter sa venue ici est déjà partie ?
