Le lieutenant Madden Eastley a tué exactement 147 personnes dans sa vie, a couché avec la femme de son meilleur ami, l'a quitté lorsque celui-ci s'est suicidé... en bref : il mérite d'aller en enfer.
Quelque chose qu'il finira très vite par faire, c...
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Je ne sais pas ce qui m'attends. Je n'arrête pas de zieuter dans la direction de Briar qui gambade à mes côtés, son enveloppe vide à la main.
Je baisse mon regard préoccupé vers la mienne et mes dents se serrent lorsque je fais à nouveau face à cette heure fatidique, inscrite avec délicatesse.
— Nerveux, humain ?
La voix tonitruante de l'archange Raphaël renforce le frisson qui m'a fait hérisser. Je ne sais pas où je vais, mais je sais que ça ne va pas être bon. Rien de tout ceci ne peut possiblement être bon. C'est donc d'un petit hochement de la tête que je lui réponds. Il cache son sourire amusé dans le renflement de son épaule et agacé, je lui emboîte le pas dans le couloir. Au fur et à mesure de mes pas, les lumières s'éteignent depuis les vitraux. Les chandeliers font de même et je peux presque discerner des toiles d'araignées scintiller au-dessus de nos têtes.
— Lucifer est là, non ?
Minaude Briar à mes côtés, soudainement plus curieuse. Raphaël secoue amèrement la tête et je capte à peine son froncement dédaigneux du nez dans toute cette pénombre.
— Non. Seulement toi et Madden.
— Une épreuve rien qu'à deux ?
— Exactement ?
— Mais nos passés n'ont rien à voir l'un avec l'autre.
Protesté-je en m'arrêtant soudainement. L'archange soupire et se tourne vers moi dans un petit jeu de pas élégant. Il exécute un geste de la main, non moins harmonieux et fait apparaître un immense couloir ténébreux, au bout de laquelle se trouve une salle obscure, dépourvue de portes, illuminée par une seule et unique lumière.
— C'est quoi ça ?
— Vous déposerez vos enveloppes dans l'urne à l'entrée de la chapelle. Là et seulement là, vous pourrez rentrer. Pas avant.
Se contente-t-il de répondre avant de tout de suite disparaître dans un battement d'ailes. Briar rattrape l'une de ses plumes en sautillant et se la cale dans l'une de ses nattes. Mais elle l'a à peine touchée que ses reflets disparaissent et qu'ils tombent en cendre, entre ses doigts fluets. Vexée, la petite se tourne vers la salle, ses poings serrés et se met à marcher lourdement dans sa direction.
— Finissons-en. J'en ai marre, de cette journée, je vois trop ta tronche.
— Hey. Je peux en dire tout autant, hein...
Lorsqu'on arrive à l'entrée de la salle obscure, Briar se dresse sur la pointe des pieds afin de jeter son enveloppe dans une urne ovale en marbre noir. Mais même lorsque c'est fait, elle ne parvient pas à rentrer. Elle rebondit plusieurs fois contre une membrane invisible jusqu'à crier son désarroi. Sa voix crispée ricoche contre les immenses murs en pierre froide et je laisse l'écho résonner quelque temps avant de me tourner à mon tour vers l'urne. Je laisse échapper mon enveloppe des mains et me rapproche de la salle, m'attendant à ce que comme Briar, je me fais arrêter.
