55. Procès-verbal n°6

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Procès-verbal n°6 

Stanislas Durant

Inspecteur de police : Vous confirmez donc être parti de la soirée en compagnie de Juliette ?

S. Durant : Absolument, je le confirme.

Inspecteur de police : Pourquoi ne vous êtes-vous pas manifesté avant que l'on vous contacte ?

S. Durant : Honnêtement ?

Inspecteur de police : Oui, de manière générale, nous préférons que les personnes que nous interrogeons nous disent la vérité.

S. Durant : Oui, évidemment, excusez-moi. C'est que je suis assez mal à l'aise d'être ici.

Inspecteur de police : Parce que vous avez quelque chose à vous reprocher ?

S. Durant : Non, mais...

Inspecteur de police : Mais, quoi ?

S. Durant : Pour tout vous dire, je n'ai pas le permis. Je n'aurais donc jamais dû prendre le volant ce soir-là.

Inspecteur de police : Effectivement, ce n'était pas une chose à faire. Mais est-ce que cela justifie le fait de ne pas venir nous parler de votre propre chef, alors que vous avez eu un contact privilégié avec la jeune fille disparue.

S. Durant : Privilégié ? Je l'ai juste ramenée chez elle.

Inspecteur de police : C'est ce que je sous-entendais. L'important ici, étant que vous avez délibérément omis de nous en parler.

S. Durant : Vous avez raison. Mais j'avais un peu bu aussi. Pas énormément, je n'étais pas bourré ! Seulement, je n'étais pas du tout dans de bonnes conditions pour conduire. On a eu de la chance de ne pas avoir d'accident.

Inspecteur de police : De la chance, hum ?

S. Durant : Excusez-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je suis navré que cette fille ait disparu.

Inspecteur de police : Juliette. Cette fille s'appelle Juliette.

S. Durant : Oui, Juliette. Si je l'ai raccompagnée en voiture, c'était bien pour qu'elle rentre en sécurité.

Inspecteur de police : Où l'avez-vous déposée ?

S. Durant : À quelques rues que chez elle, près de la bibliothèque. Elle ne voulait pas que je m'arrête directement devant. Elle avait peur que sa mère se fasse des films en la voyant en voiture avec un mec.

Inspecteur de police : Comment était-elle quand vous l'avez laissée ?

S. Durant : Elle était vraiment bourrée et énervée. Elle s'était pris la tête avec quelqu'un. En plus, elle tentait de joindre une personne qui ne lui répondait pas. Quand je l'ai déposée, elle essayait encore de l'appeler.

Inspecteur de police : Vous savez qui c'était ? Homme, femme ?

S. Durant : Je n'en ai pas la moindre idée. Elle ne me l'a pas dit. Elle se plaignait juste que « ça ne réponde pas ».

Inspecteur de police : Avez-vous d'autres informations à nous donner ? Sur où elle aurait pu se rendre une fois que vous l'avez déposée, par exemple ?

S. Durant : Je suis désolé mais non.

Inspecteur de police : Il est dommage qu'il ait fallu vous interroger et, surtout, vous mettre face au fait accompli pour savoir que vous avez été en contact avec cette jeune fille.

S. Durant : J'avais peur d'avoir des problèmes. J'ai honte de n'avoir rien dit. Je suis vraiment désolé. Je m'en veux énormément. 

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