Keep It Quiet

37. Mariam

Je n'en crois pas mes yeux. Antonin ! Il doit y avoir une erreur. Je l'aurais vu s'il était venu chez Leo ou au moins, Antonin me l'aurait dit. Pourquoi est-ce qu'il me l'aurait caché ? Ça n'a pas de sens !

Je traverse les couloirs pour rejoindre la salle où Antonin a son cours. Quand j'arrive, les élèves sont justement en train de sortir. Antonin est de dos, il marche quelques mètres plus loin. J'allonge le pas pour le rattraper. J'arrive à sa hauteur juste avant qu'il n'atteigne l'escalier. Je me plante devant lui pour lui barrer le chemin. Surpris, il s'immobilise et relève la tête. En me découvrant devant lui, il sourit. Moi, je reste de marbre.

— Faut qu'on parle.

Il me jette un regard interrogateur, le sourcil arqué.

— Tout va bien ?

— Je ne sais pas, tu vas me le dire.

Il froisse le visage.

— Je ne comprends pas.

Je l'observe avec attention.

— Tu t'es pointé à la soirée de Leo ?

Sa surprise est manifeste. Mais est-il surpris que je pose cette question ou que je sois au courant ?

— Quoi ? bredouille-t-il.

— Ma demande est claire, non ? T'es-tu rendu chez Leo vendredi soir ?

Je garde le regard rivé sur Antonin, tandis que lui m'évite.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

Je sens la patience me manquer. Je serre les dents pour ne pas exploser.

— Réponds à ma putain de question.

Il baisse la tête, penaud.

— Oui, je suis passé chez lui.

Je me retiens de lui sauter à la gorge. Je ne veux pas faire de scène en plein milieu du couloir.

— Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ?! Et pourquoi tu y es allé ?!

— C'était sur un coup de tête. C'était rien.

Tout mon corps se tend. Est-ce qu'il plaisante ?

— Rien ?! Alors que notre pote y a disparu ?? Tu te fous de ma gueule ??

— C'est compliqué dans ma tête. Je regrette de ne pas t'avoir dit que j'y étais allé.

Il avance une main vers mon épaule, je le repousse et fais un pas en arrière.

— Ne me touche pas, je lui intime, la mâchoire serrée.

— Je suis désolé. Je vais tout t'expliquer. Ensuite, je raconterai tout aux flics.

— Tu aurais dû le faire dès que les parents de Juliette et moi, on a déclaré sa disparition ! C'est notre meilleure amie et tu ne cherches pas à tout faire pour la retrouver ? Tu préfères cacher des informations ?! Je ne te comprends pas.

Je lui décoche un regard chargé d'amertume.

— Je suis trop déçue.

— Je suis désolé, dit-il une nouvelle fois.

— Moi, encore plus.

Je le dévisage froidement.

— Est-ce que c'est de ta faute si elle a disparu ?

Une expression de choc se dessine sur son visage.

— Non ! Je te jure que non !

Mon ton monte d'un cran.

— Pourquoi je te croirais ?! Hein ? Dis-moi !

Des lycéens se retournent dans notre direction, mais à cet instant, je m'en contrefous.

— Dis-moi, putain, pourquoi je te croirais ? Pourquoi ? je répète frénétiquement.

Des larmes plein les yeux et des sanglots dans la gorge, Antonin balbutie :

— Parce que je l'aimais !

Il y a un blanc. Antonin, amoureux de Juliette ?! Celle-là, je ne l'avais pas vu venir.

— Alors, c'est pire ! Tu n'as pas d'excuses. Si tu l'aimais, tu voudrais qu'on la retrouve. Tu ferais tout pour !

Antonin se balance d'un pied sur l'autre, gêné, stressé, triste. Profondément triste, ça se voit. Mais moi, je suis profondément en colère contre lui.

— Je vais tout te dire, je te jure.

Je n'ai pas envie de discuter plus. Je coupe court à la conversation.

— Plus tard. Là, je ne veux pas continuer à parler avec toi. Raconte tout aux flics. Peut-être qu'eux seront plus disposés que moi à t'écouter.

Alors que je pivote sur mes talons, je sens Antonin m'attraper le bras pour me retenir.

— S'il te plaît, Mariam !

Son ton est suppliant. Je me dégage violemment.

— J'ai besoin d'être seule.

Sur quoi, je m'en vais, sans un seul regard en arrière.

Antonin est mon ami et il m'a menti. Juliette est ma meilleure amie et par le passé, elle m'avait aussi déjà menti. L'a-t-elle fait à nouveau ? Mon cerveau bouillonne de questions.

Je suis complètement perdue.