• CHAPITRE 27 •

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« Justin avait changé de parfum entre temps. »

Je m'avançais dans la cellule, caressant du bout ses doigts le lit vide, les affaires éparpillées, les draps encore chauds de sa présence. Il avait dormi ici pendant tout ce temps, il pensait sûrement que j'étais morte.

« Alya... C'est toi ? »

Je me retournai vers cette voix masculine et le vis derrière les barreaux, il avait l'air plus vieux et plus fatigué :

« Bonjour Andrew. Oui, c'est bien moi. »

« Purée, mais je pensais que... Je croyais que... Bordel, viens dans mes bras, petite. »

Je couru presque vers lui et encercla son corps, qui avait connu des jours meilleurs, entre mes bras, amaigris par la faim, du plus fort que je pus. Il fondit en larme.

« Depuis quand... où étais tu... personne n'avait aucune nouvelle, je... Oh mon dieu, Alya il s'est passé tellement de choses depuis que tu as disparu mais... que s'est il passé ? Je croyais vraiment que... »

« C'est bon je suis la maintenant... chut... tout va bien... »

J'avais l'impression que nos rôles s'étaient inversés. Je devrais être celle en train de pleurer et pourtant aucune larme ne voulait franchir la barrière des pleurs. Je me sentais si seule, à cet instant précis et une migraine s'était emparée de mon crâne, comme un étau brûlant autour de mon front. J'avais mal.

Je ne me souviens plus très bien de ce qu'il s'est passé par la suite, je me rappelle d'Andrew qui me demandait si je voulais bien raconter ce qu'il s'était passé pendant ces horribles quatre mois mais je répondis simplement que je ne voulais pas en parler, du moins pas maintenant. Ma migraine s'était intensifiée et je me suis sûrement à moitié évanoui dans ses bras.

Deux jours s'écoulèrent. Mes cheveux étaient devenus un peu moins ternes et emmêlés, mes cernes étaient toujours présentes et la fatigue également. Au bout du deuxième, la porte s'ouvrît et le nouveau parfum de Justin embauma la pièce. Un frisson d'angoisse me parcouru. Non, c'était trop tôt, je ne pouvais pas le voir, pas maintenant pas et surtout pas après ce qu'il m'avait dit au téléphone lorsque j'étais au Mexique, pas après m'avoir abandonné à la torture pendant plus de quatre mois.

« Je te demande pardon. »

Sa voix n'avait pas changé. Elle était toujours aussi grave et réconfortante. J'avais envie de le gifler.

« Si tu ne veux pas parler c'est pas grave. Moi je vais parler parce que j'ai un milliard de choses à dire. »

« ... »

« J'ai cru que je t'avais perdue. J'avais perdu tout espoir et maintenant tu es la. »

« ... »

« Bordel tu m'as tellement manqué. »

Il marqua une pose puis repris :

« Tu m'as entendu quand je t'avais dit que j'ai perdu le pari ? »

Cette fois si s'en était trop. Je me jetai sur lui à une vitesse éclair et le plaqua rageusement contre le mur.

« ILS M'ONT TORTURÉS, FAIT SOUFFRIR AVEC DES MÉTHODES QUE TU N'OSERAIS JAMAIS IMAGINER ! ILS M'ONT KIDNAPPÉ ET M'ONT JETÉ DANS LA FOSSE AUX RATS AU FIN FOND DU MEXIQUE ET ONT ABUSÉ DE MOI ! J'AI VU DES CHOSES ABOMINABLES BIEBER ET LORSQUE JE REVIENS APRÈS 4 MOIS D'ABANDON TOUT CE QUE TU TROUVES À DIRE C'EST QUE TU AS PERDU CE MINABLE PARI ?! »

« ... »

« RÉPONDS MOI ! »

Je lui renversais le mug de chocolat chaud -maintenant froid - sur sa chemise et bourra son torse de coups en criant des mots insensés. Quatre mois de douleur. Quatre putains de mois de douleur pendant lesquels il m'a abandonné, pendant lesquels ils m'ont tous abandonnés et maintenant ils revenaient comme des fleurs en me demandant pardon. Je lâchai un dernier hurlement et m'effondrais. Il s'agenouilla et essaya de capter son regard, en vain. Il me prit dans ses bras et je fondis en larme contre son épaule, mon corps secoué de frissons. Il tira la couverture sur moi alors que nous étions assis par terre et me laissa pleurer de tout mon soûl. C'était la première fois que je pleurais devant lui.

• ROUGE COMME LE SOUVENIR •Where stories live. Discover now