• CHAPITRE 17 •

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« C'est moi qui ai tiré dans la jambe d'Alya Cooper. »

C'était Justin qui venait de parler, les yeux droits dans les miens. Un seul mot sorti de ma bouche :

« Pourquoi ? »

« Une balle arrivait tout droit à l'arrière de ta tête, te crier de te baisser aurait été trop tardif, il me fallait une solution pour te la faire éviter. La seule solution était de te tirer une balle inoffensive dans la jambe. »

« Inoffensive ?! Il va me falloir deux opérations, des mois et des mois de rééducation pour que je puisse reposer le pied au sol et tu me dis que c'était une balle inoffensive ?! »

Un silence de plomb enveloppa la salle. Les autres agents ainsi que Bayer et Clarks semblaient se demander depuis quand Justin se laissait appeler par son prénom et ce dernier continuait de me fixer, déconcerté :

« Je t'ai sauvé la vie. Je ne sais pas toi mais d'habitude les gens sont plus favorables à une balle dans la jambe qu'à une balle dans la tête. »

« D'accord je vois. Donc je devrais te remercier ? »

Il soupira, contourna la table de réunion et poussa mon fauteuil jusque dans le couloir. Bien sur, mes membres engourdis par les médicaments ne voulaient pas lui arracher les bras et mes jambes. Ma bouche était ma seule alliée :

« Justin, je te jure que dès que je suis rétablie je t'émiette et te donne à bouffer aux pigeons. T'as pas le droit de profiter de ma position de malade pour m'emmener où bon te semble ! Lâche ça ! »

Il arrêta mon fauteuil dans un coin reculé hors de la salle de réunion et s'accroupît à distance respectable de mon fauteuil. Ses yeux noisettes s'ancrèrent dans les miens une nouvelle fois.

« Je suis désolé, j'ai pas réfléchi aux conséquences sur le coup je voulais juste te sauver. »

Je ne repondis pas, analysant ses expressions. Fidèle à ses habitudes d'agents secret son visage était impassible mais ses yeux ne mentaient pas. Justin ne mentait pas. Il cachait la vérité.

« Merci. »

Il acquiesça et esquissa un mouvement pour se relever. Je l'arrêtais en posant une main sur son bras. Ce geste parut le surprendre plus que ce que je lui dis :

« Il n'y avait pas de terroriste, aucune balle n'arrivait à l'arrière de ma tête. »

« En effet. »

« Alors pourquoi ? »

La phrase qui sortit ensuite de sa bouche parue le déchirer de l'intérieur. Cet homme était déchiré, seul et ne trouvais personne pour le sortir de sa noyade. Cet homme était comme moi.

« J'ai raté ma cible parce que... parce que je me suis demandé qui était vraiment les méchants. »

C'était à mon tour de le fixer. Lui aussi ? Au même titre que Finn il doutait de nos actions pour sauver des innocents. Deux des meilleurs agents de l'IAPC remettaient en question les actions de notre organisation. Il continua :

« Je ne dis pas que ce qu'on fait est mal. On sauve des innocents. Mais à quel prix ? La plus part des terroristes ne sont pas là de leur plein gré on l'a vu avec les trois adolescents qui se sont suicidés et c'était sûrement le cas de Saïd Bin Houcin. Pourquoi leur vies importeraient moins que les autres ? »

« Le nombre. Tuer une minorité pour sauver la majorité est cruel. Mais c'est comme ça, il n'y a pas d'autres solutions, Justin. »

« Et si on s'y prenait mal ? Si justement il y avait une autre solution ? »

• ROUGE COMME LE SOUVENIR •Onde as histórias ganham vida. Descobre agora