Les Retrouvailles

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Ce matin je me sens courbaturée mais je ne suis pas étonnée vu la tournure de la nuit d'hier. Armaàn me tient fermement contre lui, les yeux clos. Je profite de ce moment de calme pour le regarder d'en bas, blottie contre son torse. Je touche du bout des doigts ses tatouages, je trace les contours essayant de trouver le sens de certains, je touche sa lèvre du bas de mon index.

C'est dingue de croire qu'encore hier on ne s'était pas adressé la parole depuis des semaines. Il m'a tellement manqué. Je me sentais seule. Ça m'a ramené un an auparavant lorsque je restais enfermée chez moi. Fuyant le moindre contact, ça a été horrible de replonger dans le même état d'esprit.

Mais malgré la joie d'avoir retrouvé Armaàn, je n'oublie pas que c'est à cause d'un certain événement qui m'aurait chamboulé si je l'avais su. Alors Armaàn a voulut m'en protéger mais je ne peux m'empêcher de me demander de quoi il s'agit. Qu'est ce qui a pu susciter une pareille inquiétude chez Armaàn. Ça doit vraiment être quelque chose d'important. Mais je sais bien qu'il n'y a aucun moyen pour que j'obtienne la vérité et de toute manière, Armaàn a l'air de penser que ça vaut mieux comme ça. Je ne sais pas s'il a raison mais pour l'instant, après tout ce qui s'est passé, tout ce que je souhaite c'est un peu de répit, quitte à vivre dans le mensonge.

Je laisse également mes pensées s'égarer à hier soir. Moi, le violon et Carlos. Hier j'ai joué comme s'il était encore devant moi. Mais c'était magique aussi, de de nouveau tenir cet instrument qui a tellement compté pour moi. Petite, je le traînait partout dans la maison. Combien de fois j'ai cassé les oreilles à Carlos en jouant des fausses notes mais il ne sait jamais plaint. Il me disait que le plus important c'était que je persévère. Et c'est ce que j'ai fait jusqu'à atteindre l'excellence. J'avais un professeur de violon de mes sept ans jusqu'à mes quinze ans. Mais un sévère cancer du pancréas l'a emporté. Il avait une cinquantaine d'années, il était en forme, en bonne santé et en l'espace de trois mois il avait disparu. Il était très présent dans ma vie. Il m'a vue grandir, il venait quatre fois par semaine pendant parfois des heures bien plus que ce qui était prévu. On était tellement emporté par la musique qu'on se fichait bien de l'heure. Il me disait qu'il se faisait engueulée par sa femme en rigolant. J'avais aussi le droit à un cadeau de Noël et d'anniversaire chaque année. Toujours en rapport avec la musique. Puis quand j'ai moins même eu l'âge de lui en faire en retour. Je prenais un temps fou à chercher le meilleur des cadeaux. Quand il s'est éteint, je venais d'arriver dans le couloir de sa chambre d'hôpital. J'ai vu les médecins accourir à son chevet et essayer de le réanimer mais il était partit. Si vous saviez à quel point ça a été dur d'encaisser cette perte. Ma vie est devenu beaucoup plus monotone, moi qui déjà n'avait pas grand monde dans sa vie. Mais j'ai continuer à jouer, parce qu'il me l'avait fait promettre, pour le rendre fier. Alors j'ai jouer nuit et jour jusqu'à atteindre l'excellence dont on avait tellement rêver lui et moi. Puis ma vie a basculé une nouvelle fois et j'ai rangé mon violon. Cet objet me reliait trop aux personnes que j'avais perdue.

La voix rauque d'Armaán me sort de mes pensées :

- Tout va bien ? Je te sens bien pensive ce matin.

Je relève les yeux vers lui et croise son regard :

- Je pensais à hier, ça a été une journée riche en émotion.

- Tu ne regrettes rien ?

Je pose une de mes mains sur se joue et lui répond :

- Non tout va bien, à part que je me sens légèrement courbaturé.

- J'y suis peut-être aller un peu trop fort. Et j'aurais pas dû te serrer si fort.

- Non c'était parfait et si c'était à refaire je ne changerais rien. C'est normal que j'ai un petit peu mal. Tu n'y es pour rien.

El  Dragón ( En Correction ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant