À jamais

CHAPITRE XX

Certains élèves de toutes écoles confondues placent leur papier dans la Coupe de Feu. Je découvre des visages qui m'étaient inconnus au préalable. Tyrone est venu et tous ses amis l'ont applaudit. Rien que sa présence m'insupporte. Je me suis plongée ensuite dans mon livre. Je suis à moitié concentrée par ma lecture. Ce qu'il s'est passé hier soir ne veut pas disparaître de ma mémoire. J'ai pleuré toute la nuit en silence. Nous ne nous sommes plus ensemble. Même pas amies. J'ai toujours mal au cœur. Je ne peux pas lui parler ou la serrer dans mes bras. J'essuie une énième larme sur ma joue. Je n'en ai pas discuté avec mes amis. Je n'ai pas envie qu'ils gâchent leur année à cause de moi.
Une fille se dirige au centre de la grande salle. Celle-ci est aménagée pour avoir plus de place. Elle passe la limite d'âge et tend son bras pour mettre son bout de parchemin dans les flammes bleues crépitant. Celui-ci devient écarlate un bref instant avant de projeter une gerbe d'étincelles. Elle tourne la tête vers moi. Nos regards s'accrochent quelques secondes avant qu'elle ne détournent les yeux. Elle prend dans ses bras ses amies. Elle n'est pas grande et a des cheveux décolorés. Ses yeux ont l'air clair et sa bouche est plutôt pulpeuse. Elle fait partie de Beaubâton. Je la trouve très jolie. J'en oublie Lauren pendant une minute mais elle reviendra me hanter sûrement pour le restant de la journée.
Je vois Justin au loin. Il m'aperçoit et me rejoint rapidement. Sa cravate est défaite et ne porte pas de robe de sorcier, seulement une chemise. Ses cheveux blonds retombent devant ses yeux. Il me sourit. Il a l'air de bonne humeur.

- Tu vas bien ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête. Je ne sais pas si je dois être gentille avec lui. Après avoir vu ce qu'il a fait à Lauren, j'ai du mal à le considérer comme un ami.
Il fronce les sourcils. Je sais qu'il a remarqué ma peine. Il me connaît par cœur.

- Ça n'a pas l'air à ce que je vois, déduit-il. Tu veux en parler ?

- Non.

- D'accord. Alors, je vais te changer les idées. Tu penses que je devrai participer à ce tournoi ?

- À toi de voir.

Je lui donne des réponses simples. Je ne sais pas si sa compagnie me dérange. Je devrais laisser passer outre ce sortilège de torture qu'il a lancé mais je n'y arrive pas. J'ai envie de le lui reprocher mais le fait que Lauren m'est abandonnée m'empêche de lui en vouloir. Oui, je vois cette rupture comme un abandon. On pouvait continuer en nous cachant mais elle en a décidé autrement. Sa promesse s'est brisée hier soir en me disant ses mots.
Je me suis perdue dans mes pensées et Justin me rappelle à l'ordre.

- Tu es sûre que tu ne veux pas m'en parler ? Insiste-t-il. Si c'est à cause de cette pute de Lauren, je...

- Non. Rien à voir, je mens en posant une main sur son épaule pour le calmer.

- D'ailleurs, ça se passe bien entre vous ?

Je déglutis.

- Je sais très bien que tu t'en fiches, Justin.

J'essaye de détourner un mensonge. Mentir n'est pas l'un de mes points forts. J'ai toujours tendance à ne rien dire.

- Parlons d'autre chose, tu veux bien ? Je lui dis. Tu connais cette fille, là-bas ? Je lui demande en pointant du doigt celle qui m'a fixé quelques minutes plus tôt.

- Oui. C'est Billie Eilish. Je suis certain qu'elle sera choisie au tournoi.

Je hoche la tête, intéressée. Je me mords la lèvre inconsciemment. J'ai l'impression que ce n'est pas quelqu'un comme les autres. Elle est intrigante. D'ailleurs, celle-ci me toise. Elle me lance un sourire que je lui redonne. J'ignore si le rouge de mes joues est apparent.
Mes émotions changent quand je vois apparaître Lauren accompagnée des Serpentards. Sa mâchoire est contractée et sa démarche est assurée. Ses cheveux sont mouillés ce qui la rend désirable. On peut apercevoir son décolleté et sa chemise est mise de manière négligée. Elle dépose le morceau de papier dans la coupe. Elle semble me voir et baisse les yeux tout de suite après. Ses amis viennent vers moi. Justin part directement. Louis se met à côté de moi et passe son bras sur mes épaules. Madison s'installe sur le même banc à ma gauche. Je ne me sens plus trop à l'aise. Lauren et Normani se dirigent vers nous. Mon ancienne petite amie regarde sans cesse ailleurs. Elle ne veut plus m'admirer comme elle le faisait avant. Ça m'attriste. Je crie intérieurement pour qu'elle jette un coup d'œil sur ma personne.