Partie 42

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- Tu comptes te cacher encore longtemps ?

Jihane me ramena à la réalité pendant que j'étais en pleine réflexion sur Haytem, pour ne pas changer. Sauf que cette fois, il était là, en chair et en os, tout près.. C'était presque irréel, ce jour était enfin arrivé et pourtant, je n'aurais jamais pensé qu'il se ferait dans de tel circonstance.

- Je me cache pas, j'ai juste pas envie de rentré pour l'moment c'est tout, mais si tu veux que je m'en aille dis-moi y a pas de soucis tu as sûrement des choses à faire

Je me relevais de son lit sur lequel elle était allongé près de moi, prête à passer la porte, résigné quand elle se releva rapidement et me saisit la manche de mon pull.

- Non c'est bon t'es une grande taré toi, depuis quand je voudrais que tu t'en ailles ?

Le souvenir d'elle et moi dans cette chambre quelques mois plus tôt où elle me priait de m'en aller, me faisant comprendre que je n'étais pas la bienvenue refit surface. Je baissais la tête, tentant de ne laisser rien paraître à la tristesse de ce souvenir et me rassit près d'elle.

- Allez allonge toi Hbiba..

Je repris la position que je prenais depuis déjà 3h depuis que Haytem était revenu, ne pouvant supporter son ignorance. Il avait trouvé la meilleure des façons pour me faire mal à mon tour.

Elle passait ses mains dans mes longs cheveux étalés sur son drap blanc tout en commençant à parler.

- Pourquoi Fahd ? Je veux dire.. T'avais l'air tellement amoureuse de Haytem..

Je fixais le plafond, la boule au ventre.

- C'est comme ça..

C'est comme ça, c'était uniquement ce que j'avais trouvé à dire. Mais quelque part c'était la vérité, c'était comme ça et puis c'est tout, je faisais le ménage dans des locaux où l'on cultivait de la drogue, je faisais la cuisine pour des meurtriers, j'allais me marier avec un détraqué sexuel et j'aimais éperdument un voyou qui me haïssait.. C'était comme ça.

- La vie réserve bien des surprises hein.. En tout cas tu pourras pas faire plus fort qu'Aboubacar, du jour au lendemain il s'est trouvé une autre meuf.

Je tournais la tête vers elle et la vit les yeux fixer sur le plafond à son tour.

- Tu la connais ?

- J'ai entendu parler d'elle. Y paraît que c'est une fille bien.

Elle prononça ces dernières paroles avec difficulté, comme si c'était dur pour elle de l'admettre mais au moins elle le faisait.

- Vous deux ça s'est terminer à cause de..

- A cause de ma putain de famille d'arriéré, qui veulent montrer le plus pieux aspect d'eux même mais qui prône le nationalisme, t'auras tout vu chez moi.

Je l'écoutais, sourcil froncé, sans vraiment comprendre comment on pouvait refuser l'union de deux être qui s'aiment à cause d'une couleur de peau, d'une ethnie. Je l'entendis renifler.

- Mais c'est comme ça comme tu dis, on peut rien y faire. Même si.. Même si je l'aime de tout mon cœur, au moins il a trouvé une fille de son pays avec qui il pourra se marier sans problème et moi..

Je me retournais vers elle et la saisit dans mes bras, les larmes aux yeux à mon tour. Le scénario de nos vies était bien trop injuste et tragique.

- M.. Mais moi je veux pas un autre que lui, je.. je le.. je le veux lui et pas un autre putain de merde.. Je l'aime ce connard je l'aime..

Elle pleurait de plus belles dans mes bras pendant que je lui caressais à mon tour les cheveux. Je ne trouvais pas les mots pour l'aider dans cet épreuve parce que je savais que rien ni personne n'arriveraient en quelque parole à l'aider à aller mieux, à oublier. Je la laisser vider sa peine dans un flot de larmes contre ma peau, je la laissais crier son malheur au creux de mon oreille. Je suis là Jihane, j’entends ta douleur et je ferais de mon mieux pour faire délivrer ton cœur.

Chronique de Sherazade : Du balai à la bague au doigtDonde viven las historias. Descúbrelo ahora