Partie 1

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Bonne lecture mes perles

J'entendais ses pas de la cuisine. Mes mains commencèrent à trembler toutes seules. C'était toujours comme ça, à chaque fois que sa présence approchait une peur indescriptible m'envahissait.

Je vérifiais que tout avait bien été lavé, que je n'avais rien oublié, j'ouvrais les tiroirs en vitesse pour me rassuré que tout était bien à sa place, dans les placards et dans le frigo aussi. Les pas se rapprochaient de plus en plus. Qu'allait-elle me faire cette fois-ci si elle trouvait quelque chose qu'elle estimait ne pas avoir été bien lavé ?

Les battements de mon cœur s'accélérèrent, ma respiration se fit plus forte. Un dernier regard sur le sol, brillant, bien lavé, mon front rempli de sueur.

J'y voyais mon reflet, mes longs cheveux noir rassembler en un chignon serré au dessus de ma tête, les yeux dorés de ma mère en amande, ainsi que son petit nez, et sa petite bouche bien en chair. J'étais le portrait craché de ma mère d'après les photos que j'avais pu voir d'elle. Une des voisines, Khalti Nouria la seule à qui je parlais et à qui je me confiais les rares fois où ma tante m'envoyait chez elle, qui avait connu ma mère me la décrivait comme une femme douce et compréhensive, toujours là pour les autres .. Tout le contraire de ma tante, chez qui je vis.

- Elle est où l'autre Kelba ?

Les larmes commençaient à me monter aux yeux. J'en avais marre de cette vie, marre de devoir me réveiller à 5 heures du matin pour commencer à faire le ménage, et me coucher à 20heures, épuisé par tout ce qu'on m'obligeait à faire. Marre de voir mes cousines toujours dans de beaux habits, aller à l'école, avoir des amis, sortir, rigoler.. Si seulement moi aussi j'avais le droit de sortir, respiré un peu d'air frais, sentir le vent dans mes cheveux, voir du monde. Le voir lui.

- Qu'est-ce que t'as encore à pleurer Toi ?

J'essuyais vite ma larme d'un revers de main, et l'observais, tétanisé.

- Mhm .. Elle passait ses doigts au dessus des placards, pour voir si j'avais laisser de la poussière, derrière les meubles, le frigo, le lavabo, si la vaisselle avait été bien faites. Plus elle voyait que le travail avait été bien fait, plus son visage se décomposait. Elle se plaça doucement devant moi, un regard de dégout dans les yeux.

Ma chère tante, dis moi qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour que tu me détestes, moi qui ait toujours été là pour toi, ton mari ainsi que tes filles, moi que tu faisais levé à n'importe qu'elle heure de la journée ou de la nuit pour ton petit plaisir et pour chaque de tes petits caprices, moi que tu as privé d'école et de toute vie sociale, moi qui ait perdu ma mère allah y rahmha, moi qui ait été abandonné par mon père parti se remarier au Maroc, moi qui tout les soirs s'endort avec la boule rempli de coton dur comme la pierre qui me sert de coussin noyé de larme.

Elle est restée devant moi, le même regard sur les yeux pendant encore quelques secondes puis son regard s'est porté sur quelques choses derrière moi, et un sourire se dessina sur ses lèvres.

Je me suis retourné pour suivre son regard, et je vis sur le sol pleins d'emballages de papiers de gateaux, bonbons, et autres dechets sur le sol, que j'avais pourtant jeté à la poubelle ..

Je n'ai pas eu le temps de refaire face à ma tante qu'elle avait déjà commencé à me ruer de coup, de gifle, de coup de pied, et j'entendis Kahina, sa fille, rigoler derrière la porte de la cuisine. C'était elle qui avait mit ça sur le sol ?

La douleur était forte, mais je ne me débattais pas, ça ne servait à rien. Une fois qu'elle eut finit, elle arrangea ses vêtements et me dis :

- Et range moi ça Khemja, c'est grâce à moi que tu manges et que tu as un toit sur la tête, n'oublis jamais ça, sans moi tu n'es rien. Déjà que tu es inutile ahaha

Elle commença à rire en s'en allant et elle partit rejoindre Kahina qui rigolait avec elle.

Je me relevais difficilement, mes joues brulantes à causes des gifles et mon ventre douloureux à cause des coups de pieds de ma tante. Elle ressemble vraiment à un homme, et elle donne des coups comme tel, à mon plus grand desespoir.

Je m'approchais de la fenêtre qui donnait vu sur la cour de la cité dans laquelle habite ma tante.

Et je le vis, lui. Ce garçon qui ne se doute même pas que moi, Shérazade, petite marocaine aux vêtements remplis de crasse et de javel, commençait à tomber amoureuse de lui.

Un sourire triste se dessina sur mes lèvres.

Tu rêves trop Sherazade, aucun homme ne pourra t'aimer, certainement pas lui.

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Chronique de Sherazade : Du balai à la bague au doigtWhere stories live. Discover now