𝙸𝚗 𝚝𝚑𝚎 𝚊𝚣𝚞𝚛𝚎 𝚘𝚏 𝚒𝚝𝚜 𝚙𝚊𝚜𝚝

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Morgan sortit de la pièce en rigolant, un rire qui disparut très vite lorsqu'il rejoignit Kayla et ces 16 autres âmes brisées. Il se plaça dans un coin et se fit le plus discret possible. Une femme qui devait avoir 35 ans, prit alors la parole :

- Je faisais de l'auto-stop, il a posé ses mains sur ma cuisse, puis sur la sienne. Je me sentais prise en otage. Lorsqu'on est arrivé devant chez moi, il a sorti une arme, avant de sortir du véhicule et de m'ouvrir la porte arrière. Je n'avais pas d'autre choix que de lui obéir, il m'a embrassé de force. Nous avons monté les escaliers de mon appartement, je pleurais, je le suppliais. Lorsque nous avons franchi ma porte de chambre, il l'a verrouillée et m'a violemment poussé sur le lit, ma literie était blanche. J'ai été retrouvé par mon fils de 13 ans, deux heures plus tard.

- Il m'a dit s'appelait Benoit, raconta une femme aux cheveux roux et ondulés. C'était mon petit copain, depuis trois mois. Il m'a fait boire, il m'a drogué. Je me suis réveillée le lendemain, déshabillée. Je saignais, j'étais nue. Il y avait ces draps qui n'étaient pas les miens. Et surtout, cette inscription « DE LA PART DE CALVAIRE » Je sais que c'est lui, puisque j'ai reconnu son écriture.

Au fil des discours, des témoignages et des récits effroyables, Kayla et Morgan comprirent que cet homme dont l'identité était passée de Benoit, Mickaël, Bryce, Tristan ; en passant par Lucas, Ryan, Jules, Dany et Antoine. Cet homme se servait de n'importe quelle opportunité pour agresser, abuser, violer des femmes. L'âge de ses « Proies » se situaient entre 28 et 45 ans, leurs physiques étaient divers : Yeux bleus, bruns, vert, noisettes, Kaki ... Cheveux châtains, bruns, blonds, roux, frisés, lisses, bouclés, ondulés, courts, longs, mi-longs ... Leurs tailles variées tout autant, entre 1 mètre 68 et 1 mètre 79.

La jeune agente tant qu'à elle, regardait de plus en plus souvent Morgan. Elle insistait vraiment sur son regard, essayant au maximum de le capter.

- Peut-être que vous n'entendrez que des paroles en l'air, mais je vous trouve incroyablement forte, reprit Kayla en attrapant les mains de l'une des femmes aux yeux Kaki. Votre courage et votre détermination sont admirables, vraiment.

Elles se regardèrent toutes, en se souriant. Les paroles de la jeune fille devant elles, étaient rassurantes, encourageantes.

- Nous sommes désolées pour ce que nous avons dit à vos collègues, s'excusa Sandra Rodriguez.

- Ne vous inquiétez pas, ils s'en remettront, les rassura la jeune agente en souriant.

- Quel âge avez-vous, ma belle ? demanda la doyenne du groupe.

- 21 ans, répondit-elle.

- La plus forte d'entre nous, c'est vous, affirma une demoiselle aux cheveux de jais.

- Mesdames ? intervint Rossi en entrant dans la pièce. Nous aurions besoin que vous nous fassiez toutes un portrait-robot de cet homme.

- Est-ce que c'est vraiment utile ? demanda Madame Moore à l'intention de Kayla.

Celle-ci acquiesça tristement et sortit de la pièce afin de laisser Rossi distribuer feuilles et crayons. Elle se rendit dehors et regarda au loin. Quelques minutes plus tard, elle fut rejoins par Derek qui se plaça à ses côtés.

- Comment est-ce que tu te sens ? demanda-t-il.

- Et toi ?

- Hein ?

- Je ne veux pas que l'on me regarde comme une victime, Morgan, reprit-elle.

- Je sais bien ... Tu sais, elles n'ont pas tort. Tu es incroyablement forte.

- Toi aussi ...

- Comment ça ?

- Je sais reconnaître quand quelqu'un comprend ... lui répondit-elle en contemplant le ciel étoilé.

Morgan la regarda, avant d'à son tour regardait l'azur.

- Un jour, quand j'avais 10 ans, mon père est allé me récupérer à l'école car j'étais soi-disant malade, on s'est arrêté dans une épicerie pour acheter des boissons. Et nous sommes arrivés au moment où une femme se faisait cambriolée. Mon père était policier, il a tenté d'intervenir, mais le voleur lui a tiré dessus. Je suis resté à ses côtés jusqu'à ce qu'il décède. Après son décès, j'ai commencé à mal tourner, me faisant arrêter fréquemment. J'ai alors trouvé un mentor, Carl Buford, le propriétaire de « La Maison Des Jeunes. ». Il est devenu un second père pour moi. Il a fait en sorte d'effacer mon casier judiciaire, il m'entraîner au football, ce qui m'a permis, grâce à une bourse, de poursuivre mes études universitaires. Un jour, il a voulu m'emmener dans sa cabane, pécher et camper au Wisconsin, toutes ces choses que j'aurais voulu faire avec mon vrai père.

Il baissa les yeux pendant un court instant, avant de les fermer et de relever la tête. Des souvenirs qui le hanteraient pour toujours refirent surfaces, mais il essaya de les ignorer et continua son horrible récit.

- La première fois, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il se passait. Il s'est frotté contre moi, et j'ai bêtement pensé que c'était un accident. A la cabane, il m'a fait asseoir, puis boire. J'ai trouvé ça plutôt cool, je me sentais « Grand ». Il m'a donné un verre de vin et ensuite, on est allé nager. Seulement, il m'a demandé de nager sans mon maillot de bain et il m'a fait des choses, des choses dont je n'avais pas envie de parler. Je me sentais obligé de céder, j'aurais fait n'importe quoi pour lui parce qu'il était ce qui ressemblait le plus à un père pour moi. Et un jour, j'ai enfin compris, compris que ce qu'il me faisait c'était mal. J'avais tellement peur de lui, de la police, de perdre tout ce que j'avais gagné. Par la suite, j'ai appris qu'il y avait plus de 55 enfants comme moi, dont trois qu'il a tué. Aujourd'hui, je sais que c'est lui qui, petit à petit, m'a fait devenir ce que je suis, car à cause de lui, je suis quelqu'un qui passera son existence à mettre les salops dans son genre, et dans celui de Wilson, hors d'état de nuire.

La bouche de Kayla tremblait, ses yeux se remplirent de larmes tandis qu'ils restaient bloqués sur le visage de l'agent.

- J-je - bégaya-t-elle.

Il lui sourit en essayant de retenir ses larmes, de la même façon qu'il l'avait fait lorsqu'il avait été face à Buford.

Il plaça son bras droit autour des frêles épaules de Kayla, regardant les astres scintillants au-dessus d'eux.

Un S pour Spencer [TOME 2] [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant