KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles

Une parenthèse paradisiaque

Une pluie battante frappe les vitres, ce ne sont pas des doubles vitrages alors ça fait un bruit fracassant. Agglutinées toutes les quatre devant les fenêtres de notre chambre d'hôtel, on en croit pas nos yeux ! On se réveille au Mexique... sous la pluie. La mer est grise, le ciel est gris, la lumière est grise, en gros tout est gris !

- On ne va pas rouler par ce temps ! On ne verra même pas la route.

On est bloqué dans cette chambre jusqu'à ce que la pluie accepte de cesser. Devant la télévision, on baille à l'unisson. On doit être au sixième épisode de la série pourrie qu'on s'inflige à regarder.

L'averse s'est transformée en crachats. On reprend la route dans l'espoir d'apercevoir le soleil apparaître. Assise à l'arrière, je taquine Thelma ! Elle a pris le volant en déclarant aimer conduire sous la pluie. Je lui prodigue des conseils pour tenir correctement un volant ou de bonne conduite. J'essaye de profiter du paysage mais la luminosité est aveuglante. Je me dis que j'en profiterais plus sur le chemin du retour.

Nous sommes à mi-chemin quand le soleil refait surface. Le cœur enjoué, je me mets à fredonner une chanson. Ma mère me l'a chanté quand j'étais petite pour m'aider à m'endormir : All the Pretty Little Horses ! Je souris, le regard vers l'horizon en pensant à elle. Elle me manque, ma famille me manque, je me suis éloignée d'elle ces temps-ci. J'avais besoin de me retrouver seule avec moi-même. Parfois tout l'amour et le soutien de tes proches ne suffisent pas à combler ton chagrin. Mon deuil n'appartient qu'à moi, je suis la seule à pouvoir me remettre de ce choc douloureux qui me tenaille les viscères. Le trou dans mes entrailles est toujours aussi grand, il faut que j'apprenne à vivre avec et sa douleur. Je suis sûr que c'est ce qu'aurait voulu Angel. C'est pour ça, qu'il est venu me voir hier. C'était un message d'amour et d'espoir ! Mon ange si tu savais à quel point je t'aime et le vide que tu as laissé en moi le jour où tu es parti. Je n'aspire qu'à une seule chose, que tu reposes en paix là où tu te trouves.

Les filles me sortent de mes songes et m'indique une  pancarte appétissante. Humm, les Tacos ! Trop bon, surtout quand c'est bourré d'épices et que ça arrache. Comme celui que je suis en train de dévorer. On s'est arrêté pour manger le long de la route dans un stand. Le peu de chaises misent à disposition sont toutes occupées. Alors on s'est assise sur un coin d'herbe jaune desséchée qui pique les fesses et les cuisses.
Après ce repas copieux, on choisit de marcher le long de la chaussée pour faciliter la digestion et se dégourdir les jambes, avant de reprendre la route. Un klaxon nous surprend, nous nous retournons toutes les quatre simultanément. Une Volkswagen 181 rouge sans capote roule à vive allure. À son bord un groupe de jeunes hommes nous sifflent et nous interpellent. L'un d'eux nous mîmes une fellation pendant qu'un autre nous donne des coups de langue. C'est vraiment horrible, j'ai l'impression d'être un bout de viande à se mettre dans la bouche. Ça les fait marrer, pas nous. On leur envoie un bras d'honneur magistral mais la voiture est déjà loin.

- Je ne sors plus de cette voiture tant que nous ne sommes pas arrivées à destination !

Trop flippant !

Adieu Tijuana, bonjour La Paz !

C'est encore plus beau, cette immense plage de sable fin d'un blanc immaculé, cette eau turquoise, sans parler de ses rochers autour de l'eau. Cela me fait penser à une oasis ! On plonge dans l'eau toutes habillées. Je m'immerge entièrement sous l'eau. Mes cheveux dessinent une couronne sur l'eau telle une reine tout autour de ma tête durant une fraction de seconde. Thelma est devant moi, tellement belle. Elle s'approche de moi, un mirage apparaît : une sirène ! On regarde autour de nous sous l'eau, personne en vue. On se donne un baiser hâtivement et remontons à la surface. L'eau est bonne et rafraîchissante car même s'il a plu toute la matinée l'air est pesant.

Encore mouillées, nous mettons le cap sur le centre-ville. Je veux absolument faire le tour du Street Art, l'excursion incontournable du moment. Nos vêtements ont dû mal à sécher car si l'air est lourd, il est aussi humide. Le Street Art allie la culture et la marche. C'est un nouveau style de tourisme pour attirer les nouvelles générations de touristes. Les œuvres d'art sont toutes splendides, un musée à ciel ouvert. Elles nous invitent au voyage et à l'évasion.

Assises au bord de la piscine de l'hôtel, les pieds dans l'eau à la belle étoile, je masse les épaules de Thelma. Je regarde autour de moi pour savoir si quelqu'un nous observe. Personne à l'horizon, j'en profite pour l'embrasser à plusieurs reprises dans le cou. Elle tourne la tête et m'embrasse tendrement.

- Alors comme ça, tu voulais m'apprendre à conduire !
- J'ai remarqué que tu n'es pas très douée.
- Et moi, j'ai remarqué que tu aimes bien me charrier.

Comme pour confirmer ses dires, je la pousse dans l'eau. Elle remonte à la surface et s'essuie le visage.

- Tu vas me le payer !

Je veux me lever et me mettre à courir mais trop tard, elle m'attrape les chevilles et me tire jusqu'à ce que je tombe à l'eau. J'appuie mes mains sur sa tête pour la faire couler. On se retrouve toutes les deux sous l'eau. Deux sirènes s'embrassent !

- J'ai envie de toi !
- Quoi, ici ?

Elle commence à vouloir retirer le haut de mon maillot de bain.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée ! On pourrait nous voir, imagine que les filles nous cherchent !
- Justement, c'est ça qui est excitant, le fait d'être surprise !

Elle me déshabille entièrement et pose mon maillot de bain sur le bord de la piscine. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter et de regarder autour de moi pour me rassurer. Thelma me plaque contre la paroi de la piscine vitrée. Elle me couvre de baiser et de caresse. La peur laisse place au fur et à mesure des avances de Thelma au désir et à l'envie. Je finis par m'offrir à elle et m'abandonner complètement à ses délices.

Se cacher ! Mais jusqu'à quand ?