Moment embarrassant

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En chemin vers ma chambre d'hôtel, je vois Darren au fond du couloir.
C'est pas vrai, encore lui ! J'espère qu'il a un peu dessoûlé, j'accélère le pas. Je sais que je dois passer à côté de lui pour prendre l'ascenseur. Je suis presque à son niveau quand je le vois s'appuyer contre le mur. Il n'a pas l'air d'aller bien. J'accélère de nouveau, je cours presque. Quand j'arrive à côté de lui, je m'aperçois qu'il est blanc comme un linge. Il transpire à grosse goutte ça lui dégouline le long du visage.

- Ça ne va pas ?
- Non, je crois que j'ai trop bu. Je vois flou, j'ai  la tête qui tourne et j'ai envie de vomir.
- Où est ta chambre ?

Il me désigne sa chambre de la main.

- C'est la 604, juste là !
- Viens avec moi !

Je lui prends le bras gauche et je le soulève pour le poser sur mes épaules. Je l'aide à marcher sur cent mètres. On arrive devant sa porte.

- Passe-moi ta clé.
- Elle est dans ma poche droite.

Il met sa main dans sa poche mais n'arrive pas à la faire sortir.

- Attends, je vais t'aider. Parce que tu ne t'en rends pas compte mais tu commences à être lourd.

Je me penche sur le côté. Et tout en entourant son dos de mon bras gauche, je passe ma main dans sa poche. Je n'aurais jamais imaginé vivre un moment aussi incongru de toute ma vie. Après quelques acrobaties, j'arrive à extirper la clé. Je me redresse et pose la carte magnétique sur la serrure électronique. J'ouvre la porte, non sans mal. On entre dans la chambre et je referme la porte avec le pied.

- La salle de bain est par là ! En me la désignant de la tête.

- Ok, allons-y !
- Je vais vraiment vomir.

À peine, a-t-il fini sa phrase qu'il rejette tout son dîner dans les toilettes. Je préfère attendre un peu à l'écart assise sur une chaise. C'est trop dégoûtant !

- Ça va mieux ?
- Ouais, je n'aurais pas dû boire autant ! Je ne me suis jamais senti aussi mal de toute ma vie.
- Combien de verres as-tu bu ?
- Aucune idée ! J'ai juste pensé que ce serait marrant de voir à combien de verres je résiste avant d'être soûl.

Moi, ironique.

- Effectivement, c'est très drôle ! Surtout depuis que tu as la tête au-dessus des cabinets.
- Ah, ah, ah, très drôle ! Je te remercie pour ton soutien.
- Il n'y a pas de quoi.

Je lui passe un gant frais sur le front. Il se rince la bouche avec le verre d'eau que je lui ai préalablement donné.

- Je savais bien que tu n'étais pas dans ton état normal tout à l'heure.
- De quoi parles-tu ?
- Ne me dis pas que tu ne t'en souviens déjà plus. C'était il y a seulement deux heures !
- Non, mais apparemment tant mieux.
- Tu étais franchement désagréable.

Il s'assoit par terre en s'adossant aux toilettes et fait la moue.

- Désagréable comment ?
- Tu as commencé à me draguer maladroitement. Et pour finir, tu m'as manqué de respect. Et tout ça en public, bien sûr !

Il met sa tête dans ses mains.

- Et merde, je ne m'en rappelle même pas ! C'est grave, je suis vraiment désolé, je suis trop gêné !
- Maintenant que je connais le fin mot de l'histoire, je comprends mieux. Je m'en remettrais. Par contre, je ne voudrais pas être à ta place quand tu te réveilleras tout à l'heure.
- Quelle heure est-il ?

Je regarde l'heure sur mon portable. Je me lève d'un bond de ma chaise, je me mets à paniquer.

- C'est pas vrai !
- Quoi ?

Je me mets à crier.

- Il est 4 heures et demie.
- Et alors ?
- Mon avion décolle à 6 heures.
- Si tu pars maintenant, c'est faisable.
- Ok, tu as raison, j'ai déjà fait mes valises. Je ne me change pas et le tour est joué !

J'appelle la voiture mise à notre disposition. Comme quoi, ce métier à certains avantages parfois.
Darren se lève.

- Je vais t'aider à emmener tes affaires jusqu'à la voiture. Ça ira plus vite !
- T'es sûr ? Il y a cinq minutes tu étais à l'agonie.
- Avoir vomi m'a soulagé et être actif va m'aider à dessoûler. Je te dois bien ça, non ?
- Super, on y va !

Darren sur les talons, je retourne dans ma chambre à vive allure. Je vérifie n'avoir rien oublié, ni dans la chambre ni dans la salle de bain. Je mets mon sac à dos sur les épaules avec toutes les affaires que j'aurais besoin à l'aéroport comme mes papiers d'identité et mon billet d'avion. Puis aidé de Darren, je descends dans le hall de l'hôtel. La voiture n'est pas encore arrivée, je pense à enregistrer mon embarquement sur le site de l'aéroport, ça me fera gagner du temps. Une fois arrivé, je n'aurais pas besoin de m'en préoccuper. Cela me fait trop flipper. Me voyant stressée, Darren tente de me rassurer.

- Elle va arriver d'une seconde à l'autre.

Je regarde par la grande fenêtre qui donne sur l'entrée. Toujours rien !

- Pourquoi ça te stresse autant ? Si tu le rates, tu prends le prochain. Il n'y a pas mort d'homme !
- Oui, je sais ! Mais j'ai dit à ma famille que je rentrais ce soir. J'ai horreur d'être en retard et de ne pas honorer mes engagements. De plus, le prochain vol n'est que demain et sauf erreur de ma part, demain Elliot travaille.
- Et ?
- Et, j'aurais préféré qu'il ne travaille pas. On a un rituel lui et moi. Il vient me chercher à LAX quand je rentre de tournage car à chaque fois, on ne se voit pas pendant un très long moment.
- Je vois ! Je crois que c'est elle qui arrive.

En effet, la voilà enfin ! Il est presque 5 heures, je reprends mon souffle.
La voiture s'arrête juste devant la porte tambour. Darren m'accompagne en poussant mes valises. Le conducteur sort du véhicule et ouvre le coffre. Puis Darren range les valises dans celui-ci.

- Et voilà, cette fois c'est la bonne ! Merci pour les valises.

L'aubaine de rouler à 5 heures du matin, c'est que la route est vide. Aucun embouteillage à l'horizon ! Mais le sort s'acharne contre moi, tous les feux sont au rouge.  Je fulmine en silence, mais pourquoi sont-ils aussi longs ? Le trajet me semble interminable. Au bout d'un moment qui me paraît être infini, je vois Orly qui se profile au loin. Cela fait presque vingt minutes que l'on roule, je vais peut-être arriver à temps. Je demande au conducteur d'accélérer mais il me répond qu'il est au maximum autorisé.

- Il y a des limitations de vitesse, vous savez mademoiselle !

Je m'en doute bien, je ne suis pas stupide, me dis-je en mon for intérieur. Je veux seulement prendre mon vol.

Dix minutes plus tard, la voiture s'arrête au pied du Terminal 1. Je n'attends même pas que la voiture soit à l'arrêt pour ouvrir la portière. Le conducteur met le frein à main et laisse le moteur tourner. Il sort du véhicule pour m'aider à prendre mes bagages. Finalement, la chance me sourit, un chariot est laissé à l'abandon. Je cours le chercher et me dépêche de poser mes valises dessus. Toujours avec mon sac à dos sur les épaules, je remercie le conducteur et file vers mon embarquement. Le conducteur, disparaît dans la nuit.

Je regarde les panneaux d'affichage mais je ne trouve pas mon vol. Je dois me calmer. Non, toujours rien ! Ok, il faut que je trouve quelqu'un pour m'aider. Je cherche du regard si je vois un personnel de l'aéroport, je tourne sur moi-même. Là, je vois une hôtesse ! Je cours vers elle pour lui demander mon chemin. La chance est toujours de mon côté. Elle a fini sa journée de travail et me reconnaît. Apparemment, elle a aimé un de mes films. Elle me propose de m'accompagner. Grâce à elle, je gagne du temps. Elle connaît des raccourcis dans ses longs couloirs gigantesques. Oh non, j'entends l'annonce de l'embarquement ! J'arrive devant le comptoir dépose bagages. Je les enregistre et tout en remerciant l'hôtesse, je passe au contrôle de sécurité. Puis vient le poste de contrôle de l'immigration. Toute essoufflée, j'accède aux portes d'embarquements. Pourvu qu'elles ne soient pas fermées !

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Where stories live. Discover now