Première dispute

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Dix jours que je suis hospitalisée, je passe des examens de contrôle et si les résultats sont bons, demain à la première heure je rentre à la maison. Finalement, mon coming-out auprès de ma famille c'est très bien passé. J'aurais dû faire confiance à mes proches. Ils sont tous passés me voir au moins une fois durant mon séjour à l'hôpital. Mes parents ont fait circuler l'info alors à chaque nouvelle visite, j'ai eu droit à la sempiternelle formule « Je ne m'en serais jamais douté » !

J'envoie un message à Thelma, ce n'est pas la peine de venir me voir avant ce soir car les examens vont prendre une bonne partie de la journée.
L'infirmière m'explique le déroulement de la procédure médicale. Elle commencera par pratiquer une prise de sang pour vérifier qu'aucune infection ne s'est développée suite à la fracture ouverte du tibia gauche. Je descendrais ensuite au service radiologie pour effectuer une radio du tibia afin de s'assurer de la bonne consolidation de l'os fracturé à trois endroits différents. En début d'après-midi, j'aurais droit à une petite sieste afin de réaliser un électroencéphalogramme et pour finir, je redescendrais pour passer un scanner cérébral pour confirmer l'absence d'hématome.

Le soleil décline progressivement, ses rayons réchauffent la chambre. La journée a été fatigante, ne reste plus qu'à attendre les résultats. On frappe à la porte.

- Entrez !
- Bonsoir mademoiselle Watters ! Je suis Owen votre kinésithérapeute attitré. C'est avec moi, que vous ferez la rééducation de votre jambe, une fois que votre plâtre sera retiré. Ce qui n'est pas dans l'immédiat comme vous le savez mais je voulais vous voir avant votre départ. Comment vous sentez-vous ?
- Bien merci, je suis impatiente de sortir d'ici et aussi de commencer la rééducation.

La discussion coule naturellement, Owen sait  engagé une conversation. Il faut dire que son corps d'athlète et son sourire d'acteur y sont pour beaucoup. Le soleil n'est plus visible de la fenêtre quand il me remercie de cet échange. Avant de se retirer il me fait remplir un questionnaire, nous prenons rendez-vous et me tend sa carte de visite. Il est sur le point de partir quand la porte s'ouvre. Je découvre une Thelma radieuse dans sa salopette en jean retenue par une unique bretelle et une brassière en lin, les cheveux en pagaille enrubanné à la va-vite. Owen et Thelma se saluent d'un mouvement de tête.
Thelma m'observe d'un œil coquin.

- Dis-moi !
- C'est qui celui-là ?
- Mon kiné
- Ton kiné, mais voyons !
- Tu ne serais pas jalouse par hasard ?
- Moi, jalouse ! Non, pourquoi je serai jalouse d'un type qui est le portrait craché de Channing Tatum. Sans oublié que les mecs sont tes premiers amours !
- Tu es jalouse !
- BIEN-SÛR que je suis jalouse, tu ne vas pas me dire que ce type ne t'a pas tapé dans l'œil, même moi, pur lesbienne j'ai remarqué que c'est une bombe sexuelle.

J'éclate de rire.

- Viens-là !

Thelma fait la moue pour faire mine d'être attristée. Je l'entoure de mes bras.

- Il n'y a que toi qui compte pour moi et ce jusqu'à la fin des temps !
- Je préfère !
- Mais c'est vrai qu'il est à tomber par terre !
- Aaaah, je vais t'arracher les cheveux !

Thelma me pousse contre le lit, je l'a tire vers moi par sa bretelle de salopette. L'instant d'un baiser, le temps s'arrête !

- Tu es différente, je ne sais quoi à changer en toi. Je retrouve ta joie de vivre !
- J'ai quelque chose sur le cœur à te confier !
- Tu me fais flipper !
- Non, tu n'as aucune raison de t'inquiéter, j'ai vécu le plus beau jour de ma vie !

Je lui relate ma rencontre avec Angel pendant mon évanouissement. Comment il est beau et me ressemble, tout ce que j'ai pu lui dire que je regrettais de ne pas lui avoir dit avant, qu'il ne me porte pas préjudice de son décès.

- Tu te rends compte de ce que ça signifie. Il est venu me voir, il m'aime !
- Kristy, je ne sais pas comment te dire ça mais, tu étais évanouie, tu dormais. Ce n'était qu'un rêve !
- Tu ne me crois pas c'est ça ? Tu me prends pour une menteuse ?
- Non, je te crois, mais ce que tu as vu n'est pas la réalité. Ce n'est jamais arrivé, ce que tu as vu viens de ton imagination.
- Je sais ce que j'ai vu et c'était bien réel !
- Tu viens de vivre en peu de temps deux chocs à la fois physiques et émotionnels, c'est normal  de faire ce genre de rêve. Ton psychisme te joue des tours, il nie la réalité pour moins souffrir.

Je fonds en larmes et m'exaspère !

- Je ne suis pas d'accord. J'étais là, je l'ai vu, je lui ai parlé. Je l'ai pris dans mes bras, je l'ai senti contre moi, je l'ai embrassé. C'était réel et pas mon imagination et si tu ne veux pas l'admettre, c'est ton problème pas le mien. Je ne suis pas folle, tu m'entends, je ne suis pas folle !
- Ok, on se calme ! On ne va pas s'engueuler. Ça ne sert à rien de se mettre dans cet état. Je n'ai jamais dit que tu étais folle mais que tu es fragile émotionnellement, ce qui est compréhensible vu les circonstances.
- Je veux que tu t'en aille !
- Tu plaisante là !
- Non, je ne plaisante pas, va-t'en !
- Tu t'énerve pour une broutille et au moindre désaccord tu t'enfuis. Il va falloir que tu apprennes à affronter tes problèmes par ce qu'esquiver tes responsabilités ne te fera pas avancer dans la vie.
- Je te remercie pour ta leçon de vie. Mais il me semble que si quelqu'un prend ses responsabilités ici, c'est bien moi. Qui s'est fait cocu, qui s'est retrouvée enceinte et s'est fait larguée, qui a dû se faire avorté et a perdu son enfant et qui s'est fait tabassée comme un vulgaire animal. Alors, je n'ai pas besoin de tes conseils, tu peux les garder pour quelqu'un d'autre.
- Je vois ! Tu as raison, je ferai mieux de partir puisque tu n'as pas besoin de moi.
- C'est ça, casse-toi !

Thelma sort de la chambre en claquant la porte derrière elle. Je suis abasourdi par son comportement !
Comment ose-t-elle me donner des conseils alors qu'elle n'a jamais vécu ce que j'ai traversé. Comment peut-elle se permettre de me juger ? Elle qui n'a pas vécu ce que j'ai enduré. C'est impossible de savoir ce qu'une personne peut ressentir au fond d'elle tant qu'on ne l'a pas vécu soi-même, que cette souffrance soit physique ou mentale ou bien les deux à la fois. La seule façon de comprendre est de le vivre.

Je commence à ouvrir les yeux sur ses intentions. Elle est trop égoïste, trop obnubilée par sa petite personne pour se préoccuper de mes sentiments. Elle veut se servir de moi tel un pantin. Serait-ce pour cette raison qu'elle m'a accosté dans ce bar ? Elle pense sans doute que je suis faible. Mais aujourd'hui, je suis plus forte que jamais.
Reste à découvrir si Thelma m'aime sincèrement pour ce que je suis ou voulait-elle seulement se jouer de moi ?

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Onde histórias criam vida. Descubra agora