La soirée

102 18 6
                                    

Ce soir, je troque mon skinny effiloché et mon top crop contre une tenue un peu plus classe.
J'enfile une robe moulante mais pas trop qui arrive juste au-dessus des genoux pour mettre mes courbes en valeur. Elle est rouge cerise comme mon rouge à lèvres avec un décolleté carré. J'attache mes cheveux en tresses indienne que je termine par une queue de cheval pour laisser tomber mes cheveux le long de mon dos. Même attachés de cette façon, ils arrivent jusqu'à mi- fesse. Le vert de mes yeux contraste avec le fard à paupières cuivré, semblable à mes cheveux. Je complète ma tenue avec mes ballerines noire passe-partout. Elles s'associent avec toutes mes tenues et en même temps elles sont très confortables.
J'apprécie les tenues décontractées mais j'aime aussi être féminine. Je sais être coquette quand il le faut.
Je m'observe devant le miroir de la salle de bain. Le résultat me plaît. Si Elliot était là, il n'aurait fait de moi qu'une bouchée.

...
Pour que la fête reste discrète face aux paparazzis. Paul a préféré réserver la grande salle de réception de l'hôtel. Je lui en suis reconnaissante.
La fête bat son plein. Je trouve la salle trop guindée avec sa décoration baroque. Ses lustres bling bling qui brille aussi fort que les flashs des photographes. Ses tableaux criards représentant des scènes de guerre avec leurs cadres dorés. Il y a des chaises tout autour de la salle, mais pourquoi ? Et ce mélange de couleur jaune safran et crème, ça pique les yeux !

Paul vient à ma rencontre avec une flûte de champagne dans chaque main. Il m'en tend une.

- Et une coupe de champagne pétillante pour la femme la plus ravissante de cette soirée !

Je rougis. Faut dire que Paul a trente ans de plus que moi. Il pourrait être mon père.

- Merci, dis-je gênée.

Je change de conversation.

- Ta soirée est très réussie !

Je goûte une gorgée de champagne.

- Wow ! Il est vraiment bon.
- N'est-ce pas ! C'est le sommelier de l'hôtel qui me l'a conseillé. Comment te sens-tu ? Parfois, j'ai eu l'impression de trop te demander, de te pousser à bout. Mais je voulais tellement être sûr que tout soit parfait que j'ai préféré fermer les yeux sur ce que tu pouvais vivre ou ressentir plutôt que de ne pas être complètement satisfait de la scène.
- Ne t'inquiète pas, je vais très bien ! Je suis juste un peu fatiguée. Mais c'est juste parce que je voulais être en parfaite symbiose avec mon personnage. Et puis, j'aime être torturée quand je travaille ! Alors, je ne t'en veux pas. Tout va bien !

....
Entre le champagne, la musique et la chaleur ambiante ma tête tourne un peu. Je décide d'aller au buffet pour manger quelques petits fours. Je ne sais pas lesquels choisir, trop de choix : au saumon fumé, au tarama, à la crevette, au chorizo, au bacon, aux différents fromages, celui-ci doit être au Bleu. Tant pis, j'en prends quelques-uns au hasard.

Le fait d'avoir mangé, je me sens mieux. Je décide d'aller danser avec les autres.
Je ne regrette pas mes ballerines. C'est vraiment très pratique pour danser. Au moins, je n'aurais pas mal aux pieds.
J'aime danser, d'ailleurs je ne pense pas être mauvaise. Le DJ que je n'avais même pas vu jusque-là, enchaîne tous styles de musique. Il y en a pour tous les goûts. Moi, tant que je peux me déhancher, je me moque de ce qui passe.
Je pose mon verre sur une table pour me libérer les mains.
Au milieu de la salle, un groupe s'est formé. Je danse avec tout le monde. Peu importe qui veut danser, moi je suis partante. Je me lâche. Je me défoule. J'invente une chorégraphie. Ça m'amuse. Je ne sais pas si ça ressemble à quelque chose. Cela n'a pas d'importance. Les autres filles du groupe se joignent à moi. On éclate de rire.
Quand soudain, la lumière se tamise. Certains sont un peu échauffés. Pas ceux auquel je m'attendais.
Je pense que cela doit être mon cas aussi car je divague, Darren s'approche de moi. Il n'est pas comme d'habitude. Il me regarde bizarrement. Il a le regard malicieux comme s'il voulait me séduire. Non, je me fais des idées. C'est un mirage causé par l'alcool. Pourtant, je n'ai bu que deux verres durant la soirée. Attention, il s'approche !

- Dis-moi, je vois que tu aimes danser.
- Je me débrouille pas mal !

Et merde, le DJ fait tourner un slow. Pourri en plus, un boys band.

- Tu danses ?

Mais pourquoi me regarde-t-il avec ses yeux de paon ? Il commence à me gonfler.

- Euh, non je ne crois pas.
- Aller juste une danse !

Et en plus, il insiste. C'est maintenant que j'aimerais qu'Elliot soit là.

- Ce serait déplacé.
- Je ne vois pas en quoi ?
- Tu es peut-être seul mais moi je suis en couple. Les slows, je les réserve pour ma moitié.

Darren essaye de dissimuler sa déception sans grande conviction.

- Ok, je ne pensais pas que tu étais aussi prude. C'est juste une danse !

Sauf que moi je n'en ai pas envie de sa danse. Je trouve qu'il prend un peu trop ses aises. L'alcool ne lui convient pas. Il devrait moins boire. Combien de verres a-t-il bu ce soir ? Je ne l'ai jamais vu les mains libres de la soirée.

- Tu vas me coller encore longtemps comme ça ?

Il s'énerve à en devenir presque aussi rouge que ma robe.

- Houlà ! Madame est contrariée. Ou bien le tournage est terminé alors tu peux enfin nous montrer ta vraie nature. T'angoisse pas ! Je te laisse, je te croyais plus intéressante de toute façon.

Je soupire. Enfin, il s'est éloigné. Je commençais à manquer d'oxygène.

....
Pour clore la soirée, Paul a prévu un gâteau rond à trois étages. Il est magnifique et donne envie d'y goûter ! Il est recouvert de pâte d'amande dégradée de vert givré, de vert d'eau et de vert sapin qui représente des fleurs sauvages. En bas de chaque base, la pâte d'amande forme un ruban d'un vert de gris foncé.

La lumière des lustres immonde a repris son éclat. On s'agglutine tous autour de la table pour admirer le chef-d'œuvre. Jacques, l'assistant réalisateur commence à découper le gâteau. Tandis que Paul fait la distribution dans des assiettes à dessert en porcelaine couleur crème et aux dessins similaires aux tableaux accrochés au mur.
Je pense qu'après avoir dépensé autant d'énergie sur la piste de danse, je peux bien me faire plaisir. La part est très généreuse. Le gâteau est aussi beau de l'intérieur qu'il est de l'extérieur. La génoise à l'amande reprend le vert d'eau et la crème au chocolat blanc est vert givré.
Mmmm, délicieux ! Je savoure en gardant en bouche un instant. Je finis par manger toute mon assiette sans culpabilité.

Les discussions vont bon train ! Quand la musique s'arrête soudainement. Les dirigeants de l'hôtel ont peur que la musique réveille les autres clients. Il est 3 heures du matin. Sans musique la fête n'en est pas vraiment une. Alors les convives prennent congés les uns après les autres. Finalement, je décide de faire comme eux. Je vais à la rencontre de Paul pour le remercier une dernière fois. Il est de dos, je pose ma main sur son épaule.

- Paul, je vais me coucher, j'ai un avion à prendre tout à l'heure. Je rentre dès aujourd'hui.

Paul avec un large sourire.

- Encore une fois, tu as été géniale ! C'est un plaisir de travailler avec toi. J'espère le refaire une prochaine fois.
- Moi aussi Paul, c'était un plaisir ! On en reparlera, tu as mes coordonnées. On se voit pour la promotion de toute façon. Aller à plus tard !

Paul me prend dans ses bras comme un père le ferait.

- Prends soin de toi. Tu sais à quel point Hollywood peut être cruel !

Oh oui ! Je ne sais que trop bien. Je l'embrasse tendrement sur la joue. J'ai envie de pleurer, il va me manquer. Puis, pour ne pas lui montrer mon émotion, je m'éclipse.

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant