Les paparazzis

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Cela fait quinze jours que j'ai trouvé la maison de mes rêves. Je sors de l'agence immobilière. Nous y voilà ! C'est officiel, aujourd'hui j'emménage dans mon petit cocon douillet. Il ne me reste que quelques emplettes à faire et le tour est joué ! J'ai hâte d'en profiter. J'ai prévenu tout le monde que la pendaison de crémaillère était ce soir.

Tout compte fait, je me suis décidée à appeler Thelma. En ce moment, je fais tout de travers, autant continuer ! Je l'ai invité à la maison, ce qui veut dire que Thelma et Elliot seront là tous les deux. Grosse bourde !
Trop tard, je ne peux plus revenir en arrière. Je chasse de ma tête les conséquences prévisibles de ma décision. Je n'ai pas le temps de rêvasser aujourd'hui. Tout doit être prêt à temps. Heureusement, Frédérique et Joana doivent venir m'aider tout à l'heure.

Je cherche les clés de la voiture dans ma pochette. Quand je relève la tête, j'aperçois un paparazzi juste en face. Une succession de flashs m'éblouit ! Ça me met le moral dans les chaussettes, un point pour lui ! Je souffle et rentre au plus vite dans la voiture. Je démarre en pensant qu'il va en rester là. Erreur, il me suit jusqu'au centre commercial ! Difficile de ne pas le repérer dans son 4*4 rouge ! Il n'est pas discret, même oppressant ! L'avant de son pare-chocs n'est qu'à vingt centimètres de mon coffre. Il me colle durant tout le trajet.

Arrivé au parking, il se gare à seulement trois stationnements de mon véhicule. J'ai compris très rapidement qu'il cherche à m'intimider. Depuis que nos yeux se sont croisés trente minutes plus tôt, il me défi du regard, un regard noir et agressif. Je suis mal à l'aise. J'essaye de faire comme si de rien n'était ! Il va finir par se lasser et s'en aller, une fois qu'il aura la photo recherchée.

Je marche à pas de courses vers le hall en regardant le sol. Juste avant de passer la porte vitrée coulissante, je me retourne deux secondes. Et là, horreur ! Il y en a un deuxième accoudé à un lampadaire. C'est de pire en pire ! Je continue d'avancer dans la galerie marchande. Je repère une des boutiques dans laquelle j'avais prévu de chiner. Je rentre à l'intérieur de celle-ci, toujours le paparazzi aux trousses. Surtout rester naturelle, ne pas lui montrer qu'il me déstabilise ! Je flâne dans la boutique. Dès que je prends un objet, il me mitraille à coup de flash avec son appareil photo collé à la vitrine. À la caisse, les flashs retentissent à nouveau. La vendeuse me regarde avec compassion. Je sors de la boutique en passant juste à quelques millimètres de lui. On se touche presque. Ne rien dire ! Si je lui dis quoique ce soit, je sais que ce sera mauvais pour moi. Je continue dans les allées. Je me retourne, il est toujours là ! C'est un coriace, celui-là ! Je tourne et rentre dans une nouvelle boutique. Il recommence son numéro ! Il m'observe et m'attend à l'entrée de la boutique, l'appareil photo prêt à dégainer. Je me cache en me plaquant contre le mur. J'ai besoin de respirer. J'ai la sensation d'étouffer ! Je ne suis pas claustrophobe, pourtant, j'en ai les symptômes ! Je sens que mes mains tremblent un peu. J'ai de plus en plus chaud ! Je me décale légèrement sur la droite, en veillant à rester le dos plaqué contre le mur, pour me retrouver sous l'ouverture de la climatisation. L'air froid qui s'y dégage m'aide à reprendre mes esprits. J'avance la tête pour voir si le paparazzi est toujours là. Il me cherche à travers les vitres. Quand je me sens prête, je reprends mon shopping, en faisant semblant de ne pas me soucier de lui.
Le manège reprend ! Je fais mes achats ainsi que dans plusieurs autres boutiques, poursuivi par ce harceleur. Je voudrais bien savoir combien de photos peut contenir sa carte mémoire ! Je suis chargée de paquets mais il n'a pas l'air de s'en soucier. Tous ces sacs m'encombrent et m'empêchent d'avancer, aussi vite que je le souhaiterais ! Je progresse lentement vers la sortie. Je me souviens qu'un deuxième paparazzi m'attend sur le parking.

Je le vois à travers la porte vitrée. Il s'est approché de ma voiture. Il a dû la reconnaître ! Je me parle pour me donner du courage.

- Reste calme, Kristy ! Reste calme !

Je suis maintenant poursuivi par deux paparazzis. Les flashs m'éblouissent ! Je dois encore ralentir pour voir où je vais. J'essaye d'agir normalement et d'éviter une maladresse qui pourrait me coûter cher. Quand je me penche pour ranger mes sacs dans le coffre, un des paparazzis prend mon postérieur en photo. Et merde ! Quel pervers, il fait ! Je n'aurais pas dû mettre un short en jean. Mes fesses vont faire la une de tous les magazines. Une femme doit faire attention à ce qu'elle porte car si elle se fait agresser on dira qu'elle l'a cherché. Et maintenant, il faut aussi faire attention à ce que tu portes, au cas où, tu croises un paparazzi pour préserver ton intimité. J'ai envie de pleuré. Je vis un véritable cauchemar ! J'ai le sentiment d'avoir été violé ! Je suis dépossédée de mon corps. C'est devenu un objet public. Je commence à avoir la nausée.

Je mets le contact, quand soudain j'ai une intuition ! Je regarde à travers le pare-brise pour découvrir un troisième paparazzi dans son véhicule. Cette journée est interminable, elle ne s'arrêtera jamais ! Comment vais-je faire pour qu'ils ne me suivent pas jusqu'à chez moi et qu'ils découvrent où je vis ?

J'entreprends de rouler n'importe où, en espérant les lasser ! Heureusement, j'avais pensé à faire le plein hier. Mais après deux heures infructueuses, c'est moi qui panique ! Je n'ai aucune issue pour m'en débarrasser. Quand une idée de génie me vient à l'esprit ! Je n'ai qu'à faire comme eux ! Je trouve où me garer puis je cherche mon téléphone portable. J'active le mode caméra et verrouille le zoom. Je sors de la voiture et je commence à les filmer, au volant de leurs voitures, en veillant à bien cadrer leurs visages. Ces imbéciles cherchent à se cacher avec les capuches de leurs sweat-shirts ou de leurs bras. C'est à mourir de rire ! Plus cons qu'eux, tu meurs ! Eux, peuvent te pourchasser comme un animal pendant des heures, en te bombardant de photos et de vidéos, sans se soucier du mal qu'ils peuvent te faire ! Mais quand tu leurs infliges le même châtiment, ils se recroquevillent dans leurs coquilles !

J'ai gagné ! Au moins pour aujourd'hui ! Je jubile intérieurement ! Je remonte dans ma voiture, fière de mon audace. Finalement, je peux rentrer chez moi. Ce n'est pas aujourd'hui, qu'ils découvriront où je compte me terrer, à l'abri de ses obsédés du cliché.

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Where stories live. Discover now