Entre filles

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Frédérique est libre. Elle me propose de se rejoindre au Night-club du quartier où nous sommes des habituées. J'embrasse fort mes grands-parents. Mon père me sert dans ses bras en me disant qu'il est heureux que je sois rentrée et me murmure à l'oreille :

- Fait ce qui te semble le mieux pour toi. N'est pas peur d'être égoïste.

Message reçu cinq sur cinq, merci papa. Mon frère m'embrasse à son tour :

- Tu me dois un tête-à-tête. On ne sait pas encore retrouvé toi et moi.
- Promis !

Je les salue tous de la main. Je prends ma pochette posée près de l'entrée. Je sors et décide d'y aller à pieds. Après tout, je n'ai que vingt minutes de marche. J'ai besoin d'exercice.
Les rues sont très bien éclairées. Impossible de se perdre. À cette heure, le quartier est très animé. Tous les commerces sont encore ouverts et les voitures font un ballet incessant. Je croise plusieurs groupes de jeunes.

Je suis déjà arrivée devant le Night-club. Frédérique doit être à l'intérieur. La connaissant, elle a pris sa voiture.
Le videur me salue de la tête et me laisse entrer. Il fait plus sombre à l'intérieur que sur le parking. Je descends les escaliers noirs recouverts de paillettes et bordés de led. Je scrute la salle à la recherche de Frédérique. Le sol est la continuité des escaliers. Les murs sont recouverts d'un tissu mural bleu roi foncé. Ils sont si brillants qu'on se voit presque dedans. Derrière l'immense bar en chêne teinté, un écran lumineux aussi imposant que le bar nous plonge dans un univers aquatique. Le mobilier évoque un style contemporain et épuré. Les assises des chaises, des banquettes et des tabourets de bar sont en velours du même bleu azur que celui de l'écran. Les banquettes sont une invitation à elles seules. Elles sont tellement confortables !
La salle est bourrée de monde. J'avance pour mieux voir mais ne la trouve pas. Quand soudain, je vois deux paires de bras s'agiter. Joana nous a rejoints aussi, nous sommes de nouveau au complet. Frédérique est passée la prendre chez elle. Folle de joie, je les rejoins. Elles m'ont commandé un verre qui déborde de glace pilée, comme j'aime !
Après le rituel des embrassades, je m'affale sur la banquette. Je bois une gorgée de cocktail. Les filles s'aperçoivent immédiatement que quelque chose ne va pas. Je leurs raconte le déroulement de la soirée. Elles sont d'accord sur le fait qu'Elliot à peur de me perdre. Pour lui, le mariage c'est s'assurer que je ne lui échappe pas. Pourtant, c'est tout le contraire qui se passe. Je pense que ce n'est pas le bon moment. À me brusquer comme il le fait, j'ai plutôt envie qu'il me lâche un peu la grappe. Les filles me proposent de l'oublier pour le reste de la nuit. Ce que j'ai l'intention de faire. Je chasse mes idées noires. Il ne va tout de même pas me faire culpabilisée.

Le reste de la soirée, se passe à merveille. Je m'éclate ! On passe vraiment un bon moment. On se raconte nos dernières semaines de vie. On se rappelle des souvenirs d'enfance. Principalement, les conneries, on en a fait des tonnes. Nos parents ont soufferts ! Sans compter que j'étais garçon manqué.
J'oublie tous mes soucis. Sur la piste de danse, je suis à des années-lumière de remarquer qu'une jolie blonde décolorée, assise au bar, m'observe du coin de l'œil.
Il se fait tard, les filles doivent se lever tôt. Elles préfèrent rentrer. Je ne suis pas fatiguée. Je préfère rester. Je pourrais demander à Christopher de venir me chercher. Les filles partis, je vais aux toilettes me rafraîchir.

- Salut !

Je lève la tête du lavabo. Je vois une jeune femme de mon âge dans la glace.

- Euh....Salut !
- Je t'offre un verre ?
- Pourquoi pas !

Nous allons nous asseoir au bar. Elle me regarde de façon franche. Cela me déstabilise un peu.

- Tu prends quoi ?
- Une bière.
- Ok, deux bières s'il vous plaît ! Moi, c'est Thelma !
- Kristy !
- Je sais, qui ne te reconnaît pas ?

Son regard est si intense. Je me perds dans ses yeux. Je me surprends à lui sourire bêtement. Elle me le rend.

- Tu as l'habitude de venir ici ? Je ne t'ai jamais vu.
- Aussi souvent que possible !

Thelma me pose beaucoup de questions. J'ai l'impression qu'elle s'intéresse à moi, à mon métier. Elle me fait des compliments. Le malaise que je ressentais au début, s'est envolé. Elle me fait rire.
C'est à mon tour de poser les questions. Elle a 23 ans. Elle est barman dans un grand hôtel sur Hollywood Boulevard. Elle m'a vu un jour, traverser le hall de l'hôtel. J'avais l'air pressée. Je lui explique que j'avais une interview à donner dans l'une des chambres avec plusieurs journalistes. Elle pense que mon métier est fascinant. Et, il l'est ! J'ai le sentiment, qu'elle me comprend, qu'elle devine ce que je ressens. Pendant, l'ensemble de la conversation, elle ne cesse de poser sa main sur la mienne où sur mon épaule. C'est comme si, elle ne pouvait s'empêcher de me toucher. Ça me plaît ! C'est un sentiment étrange, nouveau. Quand elle me touche, je frissonne ! Quand elle me regarde, je rougis !
Viens le moment où elle se rapproche très légèrement de moi. Elle passe sa main dans mes cheveux. Mon cœur s'accélère. Pourvu qu'elle ne s'aperçoit pas que je transpire. Elle se rapproche encore un peu plus. Je vais m'évanouir ! Maintenant, elle est s'y proche que nos nez se touchent. Je peux sentir son haleine. Elle discerne mon stress alors elle me sourit. Elle pose ses lèvres sur les miennes. Elles sont comme liées entre elles. Je ferme les yeux. Le temps s'arrête ! Plus rien, n'existe autour que la chaleur de sa bouche. Quand elle retire ses lèvres des miennes, je reste les yeux fermés quelques secondes. Pour que ce moment, ne cesse jamais. Quand j'ouvre les yeux, son regard est doux.

- Tu n'avais jamais fait ça avant ?

Je reprends doucement mes esprits.

- Je n'aurais pas dû faire ça ! J'ai quelqu'un dans ma vie.
- C'est un homme ?
- Oui, il s'appelle Elliot.
- Es-tu sûr de tenir à lui ? Parce que si ce serait le cas, tu ne m'aurais pas embrassé.

Thelma a raison. Je dois retrouver la raison. Il doit y avoir une explication logique à ce qui vient de se passer.

- Je vais rentrer.
- Je te raccompagne chez toi ?
- Non merci, je vais marcher.
- Tu es sûre ? Je ne suis pas rassurée que tu rentres seule à pied ?
- Ça ira, j'ai l'habitude.
- Ok, tiens mon numéro.

Elle me tend un bout de papier où elle a griffonné son numéro de téléphone. Je le glisse dans ma pochette.

- N'hésite pas, appelle moi quand tu veux ! Ce que tu as éprouvé ce soir, n'est pas une utopie. C'est notre histoire !

Elle m'embrasse une dernière fois sur le coin de la bouche. Et disparaît, tel un mirage ! Je dois être en train de dormir. Je fais un rêve. Je vais me réveiller.

Sur le chemin du retour, je marche comme une somnambule. Est-ce vraiment arrivé ? Toutes ses émotions sont-elles réelles ? Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je suis amoureuse d'Elliot. Je me sens bien avec lui, même si parfois il m'agace un peu. Je veux dire, Thelma est une femme. C'est impossible ! J'ai peut-être besoin de repos. Demain, tout sera rentré dans l'ordre. Mais alors, pourquoi avoir acceptée de prendre son numéro de téléphone ? Ça ne suit aucune logique rationnelle.

Dans mon lit, je suis raide à me briser les os. Je n'arrive pas à m'endormir. Je passe et repasse en boucle le baiser de ce soir. Quand je ferme les yeux, c'est pire. J'ai la sensation de sentir Thelma respirer. Alors, je garde les yeux grands ouverts.
Le sommeil fini par emporter la victoire. La dernière chose à laquelle je pense avant de m'endormir, c'est Thelma !

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Where stories live. Discover now