19. Noa : Le "stade maudit"

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— Il est à -35 % celui-là, madame, souris-je en sortant un t-shirt.

— Il est très joli, c'est du coton ?

Le haut rose pâle que j'agite dans ma main est particulièrement léger. La cliente fait un saut sur Minneapolis, elle est tombée par hasard sur notre boutique. Nous sympathisons pendant que je l'aide et reste à l'écoute de ses demandes. C'est le genre de femme qui semble avoir le temps de s'occuper d'elle : ongles vernis aux motifs originaux, maquillage impeccable, coiffure distinguée, style branché et très élégant.

— Tout à fait, confirmé-je. Mais il y a 5 % d'élasthanne, sûrement pour le col.

— Je vais l'essayer, merci beaucoup de m'accorder autant de temps.

— Il n'y a pas de quoi.

Monsieur Richardson referme son bureau et touche deux mots à mes autres collègues qui rangent les rayons pour demain matin alors que ma cliente entre dans une cabine d'essayage. Je fais une grimace à Jonathan qui tient la caisse, les bras croisés. On a beaucoup rigolé lors de notre pause, j'adore discuter avec lui, il est tellement adorable, c'est une chance de pouvoir le compter parmi mes amis. Même si Angel ne l'apprécie pas beaucoup...

— Noa, pense à terminer pour qu'on puisse fermer la boutique.

— D'accord, acquiescé-je en souriant.

Mon patron s'éloigne, sans manquer de ranger quelques fringues tombées des étalages. La dame ressort avec le t-shirt rose pâle sur le dos ; le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il lui va à merveille ! Je hoche la tête pour lui confirmer que c'est un bon choix. La couleur claire fait ressortir ses grains de beauté sur ses bras, c'est ravissant.

— Je vais vous le prendre, annonce-t-elle dans la cabine.

Elle se change rapidement et je l'accompagne jusqu'à la caisse que mon collègue tient. Je passe derrière le comptoir lorsqu'elle pose les articles, Jonathan se charge du reste pendant que je range les cintres qui traînent dans l'arrière-boutique. La plupart des clients les prennent, d'autres n'en veulent pas alors nous les récupérons pour les réutiliser en rayon.

J'ouvre un grand tiroir et les balance en vrac, j'empile quelques cartons dans le coin et fais de la place pour pouvoir circuler à plusieurs dans cet espace relativement confiné.

— Je t'ai manqué ? chuchote une voix près de mon oreille.

— Tu m'as fait peur, putain.

Angel pose ses mains sur mes hanches et niche son visage dans mon cou. Il vient souvent me chercher à la boutique sans prévenir. Il m'envoie un texto qui n'a rien à voir alors qu'il est juste à côté afin que je ne me doute pas de sa venue. Il se faufile dans l'arrière-boutique quand j'y suis en prenant garde à ce que monsieur Richardson ne soit pas dans les parages. Il embrasse ma nuque, je frissonne et ajoute fermement :

— Pas dans la boutique. O'CP, pourquoi pas puisque c'est toi le patron, mais pas ici, Angel.

Je me retourne, le regard dur. J'attrape sa cravate bleu ciel et tire doucement sur celle-ci pour qu'il se penche vers moi. Je souris en sentant sa bouche jouer avec la mienne. Je suis incapable de lui en vouloir alors qu'il m'a menti, lui aussi, pour ce soir. Nous sommes le 11 du mois, et je sais que ce soir il ne va pas chez Cameron...

Cependant, il y a une attraction à laquelle je n'arrive pas à résister, et encore moins maintenant avec son corps chaud tout proche du mien et sa bouche suçotant ma lèvre inférieure. Il n'a rien dit quand je lui ai annoncé que j'allais chez Zooey pour dîner avec Chris et Jonathan. L'histoire du dîner est partiellement vraie, c'est juste que Jonathan et moi allons au stade au lieu de rester avec Chris et Zooey qui passent vraiment la soirée en tête à tête. Jonathan les a surpris la dernière fois en train de se bécoter ; ça ne m'étonne pas tellement, Chris est dingue d'elle.

N.A.Where stories live. Discover now