1. Angel : Ne me fuis pas

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Je balance les gants de boxe sur le côté et je tiens les mains de Noa dans les miennes pour essayer de la tenir éveillée. Elle est allongée sur le sol et elle est toute pâle tandis que je referme mes bras sur elle comme pour la protéger de tout ce qui vient de se passer, de ce que je viens de lui avouer et qui l'a mise dans un état épouvantable. Son teint est livide, presque exsangue. Elle articule quelques mots avec peine, mais je ne les comprends pas, ses mains tremblent dans les miennes. Je tente de la rassurer en baisant son front. Je ne me suis jamais senti aussi mal de toute ma vie. Je savais que c'était risqué de tout lui dire, mais j'étais loin de m'attendre à ce qu'elle s'évanouisse.

— Désolé... Putain, désolé, chuchoté-je.

Un faible sourire orne ses lèvres et elle me montre des yeux sa bouteille d'eau sucrée. Dès qu'elle s'est écroulée dans mes bras, mon ami Steven s'est précipité vers l'accueil pour alerter les secours et en a ramené une. J'aide Noa à se redresser légèrement et elle boit deux gorgées avec difficulté. Mes doigts tremblent quand je touche son visage, elle ferme les yeux et elle répond à mes questions inquiètes par onomatopées.

Son malaise n'est pas passé inaperçu, des adhérents du club de boxe où nous nous entraînions se sont regroupés, certainement inquiets. Ils observent la scène autour de nous en murmurant entre eux, mais je n'y prête pas attention.

Enfin, les pompiers déboulent subitement dans le hall sportif et je suis soulagé. Comme une supplique, je répète contre le front de Noa :

— Je suis désolé...

Je suis séparé d'elle lorsque l'équipe de secours la prend en charge, mais je retrouve rapidement sa main et serre celle-ci pour lui insuffler ma chaleur. Puis un secouriste m'aborde pour s'assurer de mon état, il me questionne sur ma relation avec Noa et sur ce que nous faisions avant qu'elle ne fasse un malaise. Il me demande également son nom de famille, son prénom, son âge, son domicile (lequel suis-je censé donner vu que depuis peu elle vit chez moi ?), si ce genre de chose lui arrive souvent, si elle prend des médicaments, ou encore si elle a déjà été hospitalisée.

Et moi je ne fais que répondre distraitement en observant ma copine dans les vapes, totalement absorbé par son visage qui ne reprend pas de couleurs. Toutes ces questions ne m'aident pas à me calmer, et j'ai tout bonnement la trouille de perdre Noa à cause de mes foutus secrets. Si mon aveu l'a mise dans cet état, je n'ose pas imaginer comment elle réagirait si je lui racontais le reste. Tout le reste.

— Je sais pas, lancé-je tout bas.

— D'accord. Venez vous asseoir, vous êtes en état de choc, monsieur. Mlle Hogan va se remettre dans quelques instants, je vous assure. Vous avez bien agi en la tenant lorsqu'elle est tombée.

J'acquiesce en hochant la tête, lâche sa paume à contrecœur pour reculer de quelques pas en arrière et je regarde les pompiers refermer leur cercle autour d'elle une fois que je suis sorti du périmètre. Est-ce ainsi que cela doit se passer ? Dois-je sortir de sa vie pour mieux la protéger ?

Je regrette et me maudis d'avoir cédé à sa demande. D'avoir accepté de lui raconter une partie de mon secret sous la pression de ses questions et de ses doutes. Elle n'était visiblement pas prête, alors qu'elle pensait pouvoir encaisser. Et moi, pauvre con, j'ai tout déballé sans prendre de gants.

Lorsque j'ai rencontré Noa, elle a rapidement compris que ma sérénité était une façade, et que dernière mon côté provocateur et sarcastique se cachait autre chose. Malgré mes semonces, elle a mis son nez dans mes affaires, et elle a découvert que je recevais des cartes postales me donnant rendez-vous à une date et à une place précises dans un stade de Minneapolis. Ces étranges courriers datent de longtemps, bien avant Noa, bien avant ma rencontre avec mon ex-femme, ou même avec mon amour d'étudiant, Zooey Castillo.

N.A.Where stories live. Discover now