21. Noa : La promesse

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Je fronce les sourcils en le fixant, je sais qu'il est contrarié, mais je ne peux pas. Je ne peux vraiment pas y aller, pas après ce que j'ai vu il y a deux jours, pas en imaginant ce qu'il fabriquait dans ce putain de stade.

Parce que, oui, je n'ai toujours pas d'explications, je me demande même comment j'ai pu accepter de rester là.

— Je ne viendrai pas, refusé-je les genoux contre moi.

— Tu ne me fais toujours pas confiance ?

— Non.

Il soupire. Je sais aussi que mes refus incessants l'agacent, mais je refuse de le laisser me manipuler pour que j'oublie ce qu'il faisait le 11 au « stade maudit ». J'ai tenté de faire des recherches avec les informations à ma disposition, mais ça n'a rien donné.

La mort de cette jeune femme lui pèse-t-elle sur la conscience ? Elle fait la Une de tous les journaux, les sites d'actualité ne parlent plus que de cette histoire : ça fait du bruit. J'ai peur de penser qu'il ait pu commettre une telle atrocité. « Je peux te jurer que jamais, jamais, Noa, quelqu'un n'est décédé par ma faute », m'assurait-il dans ses bras pendant que je pleurais. Suis-je censée le croire ?

— Bon, j'aurais au moins essayé, soupire-t-il en me tournant le dos. J'y vais tout seul.

Son ton est sec et brutal, mais il ment. Il ne me laissera jamais ici, il tente à nouveau de me faire céder.

J'ignore ce qu'il traverse en ce moment, il refuse de se confier. Il a hurlé cette nuit, m'a brutalement rejetée lorsqu'il a émergé dans le salon alors que je dormais sur le sofa, tout en pestant sur mon compte. Après ça, il s'est enfermé dans la salle de musculation et a fait je ne sais quoi pendant des heures. Pas de violon, pas d'alcool, pas de nouveaux hurlements. Le silence complet.

Et aujourd'hui, je m'inquiète de son comportement envers moi. Il reste mystérieux, ne tente pas de s'expliquer et est froid et distant. Je ne le reconnais plus.

— Putain ! jure-t-il en s'enfermant dans la chambre.

Je frissonne. Il fait un boucan du diable ; il me semble même entendre quelque chose se briser. Je déglutis. Je me fais violence pour ne pas changer de position vis-à-vis de lui tant qu'il n'aura pas craché le morceau, je refuse cependant qu'il déraille et fasse n'importe quoi alors que je suis là. Même si j'en suis à un point de non-retour et que je voudrais le fuir pour tout régler, je ne peux pas le laisser se détruire et s'enfoncer. Je m'en voudrais à mort si c'était le cas.

Je pousse timidement la porte de la chambre pour m'assurer qu'il ne fasse pas une bêtise. Je le trouve debout, face à sa commode et m'éclaire la gorge pour signaler ma présence. Il ne bouge même pas, sachant pertinemment que je viens juste vérifier qu'il ne tente pas de se suicider ou quelque chose dans ce goût-là. D'ailleurs, comment va-t-il ? Chaque fois que je me pose la question, il me suffit de le regarder pour comprendre qu'il ne va pas bien.

— Tu as changé d'avis ? articule-t-il.

Ses yeux clairs se braquent sur moi et je sursaute. Ils sont teintés de colère et mon cœur s'affole. Il ne m'a encore jamais regardée comme ça. Je tends la main vers lui, sans vraiment savoir pourquoi. Un ricanement s'échappe de sa gorge.

— Si tu savais, le nombre de mains que l'on m'a tendues... Je vais te faire plonger en enfer avec moi.

Mais qu'est-ce qu'il veut, à la fin ? Il me demande de lui faire confiance et de rester avec lui, et la seconde d'après, il sous-entend que le mieux pour moi serait de m'éloigner pour ne pas être détruite. Je n'y comprends plus rien... Ne dit-on pas que les femmes ne savent jamais ce qu'elles veulent ? J'ai l'impression qu'aujourd'hui, Angel est pire que toutes les femmes de cette terre.

N.A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant